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Atelier-débat sur les données numériques et la transition énergétique
Le 14 avril 2015, l’APC a réuni 50 professionnels autour du sujet «La richesse des données pour la transition énergétique».
Avec l’ouverture de plus en plus fréquente des données publiques (opendata.paris.fr, data.gouv.fr…), l’Agence Parisienne du Climat s’est penchée le 14 avril dernier sur la question du potentiel d’exploitation des données pour la transition énergétique. Retour sur ces rencontres du monde numérique.
- Les acteurs du big data et de l’open data s’accordent aujourd’hui pour considérer que le traitement de la donnée constitue désormais un enjeu plus important que son stockage du fait de la maturité des technologies disponibles.
- Cette intelligence collective sera d’autant plus efficiente qu’elle se met au service d’une ambition partagée par tous les acteurs de la ville : la transition énergétique.
Introduction – La révolution du big data, ou comment faire des données publiques des atouts réels pour une gestion durable et efficiente des territoires ?
Gilles PENNEQUIN, vice-président du Forum International sur les Technologies et la Sécurité (FITS)
Si l’open data constitue une grande source d’opportunités, il peut aussi contenir des données stratégiques pouvant faire l’objet d’un espionnage économique.
Le bilan du big data apparaît comme encore plus mitigé, avec certes un potentiel d’analyse très fine des territoires (modélisation, interprétation, décisions) et d’une meilleure gestion des contraintes de la vie quotidienne mais ces données sont le plus souvent manipulées par les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) laissant ouvertes les questions de protection de la vie privée, du contrôle et de la marge de manœuvre des acteurs publics sur ces données et enfin de la captation de leur valeur ajoutée de ces nouveaux marchés.
Le numérique au service de la transition énergétique : de la planification au suivi
Nicolas HOUDANT, Énergies Demain
Dans ce cadre, la société Énergies Demain se donne pour objectif d’accompagner les collectivités territoriales et l’État dans leurs stratégies de lutte contre le changement climatique. L’activité R&D de cette entreprise, fondée sur une large interdisciplinarité, vise à représenter sur le plan numérique un territoire afin de préparer et mettre en œuvre des plans d’action sur ces enjeux.
Comme le souligne Nicolas HOUDANT, la transition énergétique est une à la fois un enjeu, un projet de société et une opportunité considérable pour les territoires, en termes de développement économique et de mobilisation des citoyens.
- La réflexion sur l’énergie s’intègre de plus en plus aux sciences sociales (sociologie, histoire, géographie…) pour mieux appréhender ses besoins. Dans cette perspective, l’ingénierie territoriale s’oriente de plus en plus vers la compréhension des systèmes urbains et ruraux à l’échelle territoriale. Si les analystes peuvent mesurer finement des consommations d’énergie, la question demeure posée de savoir pourquoi et comment l’énergie est consommée sur un territoire. l’intelligence humaine nécessaire pour « faire parler » ces données.
- « Le contenant, nous dit Nicolas HOUDANT, est plus important que le contenu » : l’intelligence d’un système d’information est aujourd’hui un enjeu plus crucial que l’intelligence de la donnée en tant que telle.
Open data, nouvelles fondations de la ville durable
Jean-Marc LAZARD, directeur général, OpenDataSoft
Créée en 2011 et employant une dizaine de collaborateurs, la société OpenDataSoft est spécialisée dans le développement d’outils permettant aux acteurs de la ville, les responsables des politiques publiques, leurs parties prenantes (les opérateurs de services de transport et d’énergie notamment) et les citoyens, d’inter-opérer en partageant des données et en développant des usages intelligents.
- Comme le note Jean-Marc LAZARD, plusieurs témoignages et retours d’expérience présentés dans cet atelier débat témoignent d’une volonté forte des acteurs de l’open data de s’inter-connecter (inter-opérabilité) et de partager de la donnée selon des modèles à définir. L’objectif est de transformer ces données en connaissance ou en services utiles.
- Ces opérations ne peuvent toutefois pas négliger la connaissance d’une problématique, d’un usage ou d’un enjeu, y compris en matière territoriale et urbaine, mais exigent aussi de savoir comment la donnée a été créée
Les défis :
- Rendre la donnée visible et intelligible : dans un certain nombre de cas, une interface interactive comme celle que propose Google Maps est plus « parlante » que des supports d’information plus traditionnels, en particulier lorsque l’usager produit lui-même les données dont il a besoin. De nombreux exemples montrent aujourd’hui que l’accès simplifié à des données intelligibles aisément exploitables représente un élément clé, bien que la culture de la donnée reste encore à développer en France.
- Le partage de données en temps réel, à travers des portails de données organisées sous forme d’API développées à une échelle industrielle, comme le fait aujourd’hui, par exemple, la SNCF.
- La participation de tous les acteurs, appliquée par exemple, en matière de qualité de l’eau, aux bulletins de surveillance hydrologique mis à disposition d’élus locaux ou de services techniques. Dans ce cas de figure, les coûts d’investissement relativement modérés de ces applications interactives et la valorisation des savoir-faire qu’elles impliquent représentent bien souvent des arguments clés pour convaincre les décideurs.
- L’ouverture aux nouvelles sources de données : ainsi, une PME francilienne, Citilog, qui développe des systèmes de comptage du trafic automobile, s’est engagée dans la valorisation de ses données pour intégrer à son cœur de métier la production d’informations et de données intelligibles et, de là, dans la création de valeurs d’usage à destination des décideurs locaux.
- Engager les citoyens grâce à leur dimension interactive, comme de véritables réseaux sociaux en ligne et peuvent contribuer à recréer du lien social.
Présentation de la plate-forme opendataparis.fr
Awa N’DIAYE, chef de projet open innovation, mission Ville intelligente et durable du secrétariat général de la Ville de Paris
À Paris, nous explique Awa N’DIAYE, la plate-forme opendata.paris.fr entend se constituer comme un dispositif central pour la collecte de données sur le territoire parisien. La Ville de Paris compte également développer une culture de la donnée en interne, avec pour objectif d’exploiter les données en vue d’apporter des solutions et des réponses innovantes aux enjeux de la ville.
Constituer une maquette numérique en 3D du territoire parisien : un projet socle de la ville intelligente et durable
Benjamin FAVRIAU, chef de projet Smart City à la Ville de Paris
Benjamin FAVRIAU rappelle que la Ville de Paris s’est donnée pour objectif, dans le cadre du projet Ville intelligente et durable à Paris, d’élaborer un nouveau référentiel géographique pour son territoire grâce à une maquette numérique 3D. L’un des points d’entrée envisagés est la démarche du carnet de santé numérique du bâtiment, à laquelle l’APC contribue
- Plus généralement, l’objectif de ce projet est d’utiliser les connaissances du territoire que possèdent les différents acteurs de la ville pour comprendre et agir via le partage de données dans une logique de réseaux intelligents.
- L’un des principaux défis et la première étape de ce projet est de construire un authentique modèle de données open source. Pour ce faire, la ville s’appuie sur l’expertise de l’École des ingénieurs de la Ville de Paris. La prochaine échéance pour ce projet est fixée au début 2016.
Service public de la donnée et transition écologique du territoire : quel accompagnement de la collectivité par ERDF à Paris ?
Géraldine PALOC, déléguée territorial Paris, ERDF
En matière de rénovation énergétique du bâti, le « plan 1000 Immeubles », dont l’APC est partenaire aux côtés, notamment, d’ERDF, constitue le plan de rénovation énergétique le plus important jamais mené à Paris. L’enjeu fondamental est de mettre en cohérence les données issues de différents référentiels élaborés et utilisés par les acteurs de la ville.
Entre télécommunications et énergie, un fort potentiel de smart grid
Régis HOURDOUILLIE, directeur Smart Grid, Ericsson
Au-delà de la question du contenant, l’usage des données produites et traitées est pour Ericsson un enjeu majeur. Comme toute société industrielle, Ericsson doit disposer d’un business case et définir précisément les coûts et les bénéfices liés aux données.
Sur le chapitre de l’énergie, l’objectif est double :
- Optimiser le système électrique par une réduction des pertes, une démarche d’efficacité énergétique et le transport des énergies renouvelables ;
- Offrir de nouveaux services énergétiques grâce aux plates-formes mises en place, en particulier en matière d’efficacité énergétique.
Valorisation des données par croisement : l’expérience XData
François BANCILHON, directeur général, Data Publica
Le projet XData, présenté dans cet atelier par François BANCILHON, montre que le big data peut être un formidable levier de création de valeur, à condition qu’il ne soit pas bloqué par de trop fortes contraintes imposées par les réglementations publiques.
Le Plan de Transition Numérique du Bâtiment (PTNB), un levier numérique et multi-acteurs pour le secteur du BTP
Pierre MASCLOUX, chargé de mission, PTNB
Dans le secteur du bâtiment et de la construction, le constat est fait aujourd’hui qu’il sera difficile, en l’absence d’une politique publique forte, de s’engager dans une démarche de transition numérique. Le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB) a été récemment lancé par la ministre du Logement madame Sylvia PINEL et reposera sur une dotation financière de 20 millions d’euros pour sa mise en œuvre. Ce plan s’étendra sur 3 ans et devra lancer des actions opérationnelles dès le premier semestre 2015.
Deepki – La détection d’énergie à distance
Emmanuel BLANCHET, fondateur associé, Deepki
Deepki est une start-up qui accompagne les propriétaires de parcs de bâtiments à mettre en œuvre des projets d’efficacité énergétique. Pour relever cet enjeu, cette start-up de la transition énergétique utilise des modèles statistiques et informatiques pour identifier sur ces bâtiments les potentiels d’économie d’énergie les plus significatifs et définir, sur la base des données existant chez ses clients, les mesures d’économies à mettre en place bâtiment par bâtiment.
À l’exemple de Deepki, de nouvelles start-ups spécialisées dans la donnée accompagnent les acteurs économiques, par exemple dans l’immobilier, pour les aider à mieux identifier des gains en économie d’énergie et de nouveaux gisements d’efficacité énergétique.
Retrouvez le schéma des acteurs de la donnée pour la transition énergétique à Paris.