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Comment intégrer la transition énergétique dans les projets d’aménagement ?
Réduire la consommation énergétique et les émissions de CO2 des villes en pleine croissance est un enjeu de taille. Le projet Urban Learning a associé 7 villes européennes, dont Paris, autour de cette question. En voici les résultats.
Un projet européen pour mieux intégrer la question énergétique dans l’urbanisme
De nombreuses villes font face à un besoin important de construction de nouveaux logements et de développement de nouvelles infrastructures aussi durables qu’abordables. Avec une croissance démographique annuelle de 1-2 %, des zones équivalentes à la superficie d’une petite ville sont construites ou réaménagées chaque année.
Dans ce contexte, le succès des politiques pour le climat dépend grandement de la capacité des villes à promouvoir des aménagements sobres en carbone. En effet, les choix effectués aujourd’hui en matière d’aménagement auront des effets pour les 20 à 50 prochaines années (et au-delà). C’est donc dès aujourd’hui qu’il faut prévoir les villes de demain !
Les municipalités d’Amsterdam, Berlin, Paris, Stockholm, Varsovie, Zaanstad, Vienne et Zagreb, ainsi que l’Agence Parisienne du Climat et les Agences de l’énergie de Berlin, de Vienne et de Croatie ont travaillé côte à côte depuis 2015, dans le cadre du projet Urban Learning, pour répondre à cette problématique commune. L’objectif : généraliser et institutionnaliser la planification intégrée de l’énergie dans l’aménagement urbain, à travers les processus de gouvernance liés à des projets d’aménagement en cours ou réalisés.
Les leviers analysés
1- Améliorer la gouvernance des projets d’aménagement urbain
L’un des principaux objectifs du projet Urban Learning est d’améliorer la compréhension du processus de gouvernance des projets d’aménagement dans chacune des villes partenaires, afin de souligner les forces et les faiblesses relatives à l’intégration des enjeux de transition énergétique.
Cet état des lieux a permis au consortium de souligner qu’au-delà des outils, le pilotage et la gouvernance revêtent un caractère essentiel, et d’établir des propositions d’amélioration de ce processus de gouvernance, dont certaines sont déjà en cours d’expérimentation.
Par exemple, pour assurer une coordination entre la politique énergétique de la collectivité et les projets d’aménagement, les membres du consortium d’Urban Learning préconisent que les villes créent une unité administrative chargée de la planification énergétique. Sa mission consisterait à :
- élaborer des stratégies et garantir l’intégration des objectifs de la stratégie énergétique dans l’aménagement opérationnel
- assurer la coordination entre les services internes de la collectivité, et entre la ville et les parties prenantes extérieures (opérateurs, concessionnaires des réseaux)
Cette unité serait en particulier chargée de valider la ou les solutions énergétiques pour chaque projet d’aménagement.
2 – L’amélioration des instruments à disposition des villes
Les Villes européennes disposent de nombreux instruments de politique publique pour intégrer les questions énergétiques dans le processus d’aménagement urbain. Pour mieux comprendre ces éléments, les partenaires du projet Urban Learning ont effectué un important travail d’analyse de ces éléments de politique publique, piloté par l’Agence Parisienne du Climat. Cette état de l’art a permis à chaque Ville de prendre conscience des lacunes et des chaînons manquants, pour définir des préconisations tachant de pallier les manques.
Plusieurs villes du consortium ont notamment relevé l’importance de clauses relatives à l’énergie dans les contrats et appels d’offre. Les villes y voient des solutions opérationnelles pour améliorer les performances du projet d’aménagement.
Par exemple, l’appel à projet à l’échelle du bâtiment « Réinventer Paris » a sélectionné des projets urbains innovants qui seront mis en œuvre de manière opérationnelle à court terme. Les projets sont choisis sur la base de différents critères intégrant des caractéristiques environnementales et énergétiques. La Ville de Paris entend avoir recours à ce type de concours pour des projets plus vastes à l’échelle du quartier, pour challenger aménageurs et urbanistes.
Un concours a également été lancé auprès des énergéticiens pour l’approvisionnement énergétique du futur éco-quartier Saint Vincent de Paul. Le but est de faire travailler ensemble grands groupes et start-ups pour proposer des solutions innovantes en matière de distribution et de production d’énergie sur le site. Cet appel à contribution permettra d’alimenter la future stratégie énergétique du projet d’aménagement.
3- Des technologies énergétiques adaptées à l’échelle du quartier
La plupart des objectifs et des mesures en matière d’énergie prennent en considération soit l’échelle de la ville, soit celle du bâtiment. Toutefois, l’échelle du quartier ou celle de l’îlot sont particulièrement pertinentes pour mettre en œuvre des solutions énergétiques intégrées.
D’une part, les quartiers ont parfois des caractéristiques énergétiques très différentes des autres. Il est donc nécessaire d’adapter les réseaux et les solutions énergétiques. D’autres part, la planification énergétique à l’échelle du quartier – et non plus seulement à l’échelle du bâtiment ou celle de la ville – permet de créer des synergies entre les différents bâtiments. Par exemple, l’énergie excédentaire produite dans un bâtiment pourra être utilisée dans un bâtiment voisin.
Les observations, les recherches et les discussions menées dans les différentes villes ont permis d’établir une série de critères pour aider les urbanistes à choisir le système d’approvisionnement le plus adapté à l’échelle du quartier en développement ou en redéveloppement.
Pour aller plus loin
Pour lire résultats du projet européen et découvrir les solutions innovantes mises en œuvre dans les capitales européennes :