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Gants, gel et masques composés de plastique

Covid-19 et lutte contre le plastique jetable

ConsommationEconomies d'énergieAgence Parisienne du Climat
Particulier
Publié le 09 octobre 2020
par Agence Parisienne du Climat

Certaines mesures sanitaires mises en place pour lutter contre la propagation du virus SARS-CoV-2 sont génératrices de déchets qui polluent aussi bien les rues de Paris que les océans. L’utilisation de plastique et de produits à usage unique, comme les masques, sont-ils vraiment les seules solutions pour se protéger du virus ?

Le plastique, un enjeu planétaire

État des lieux

Depuis les années 1950, 9 milliards de tonnes de plastique ont été produites dans le monde. Seulement 9 % de ce volume ont été recyclés. Le reste se répartit à 79 % dans l’environnement (décharges, océans, villes, campagnes) et 12 % dans l’air, après incinération.

Le plastique génère des émissions de gaz à effet de serre (GES) au moment de sa production, de son incinération et de sa décomposition. 

Il est ainsi estimé que le plastique représente environ 3,8 % des émissions mondiales de GES : c’est plus que le secteur de l’aviation ! 

Si la tendance actuelle se poursuit, l’industrie du plastique représentera 20 % de la consommation mondiale de pétrole d’ici 2050.

Aujourd’hui, 50 % du plastique produit dans le monde est à usage unique : il est pour moitié destiné à ne servir qu’une fois et pour une durée très succincte, en moyenne 20 minutes pour un sac plastique. Cette production entraîne chaque année le rejet involontaire de millions de tonnes de plastique dans les océans. On estime que 80 % du poids des déchets marins solides est d’origine terrestre, et que 20 % résulte des activités marines (pêche, aquaculture, transport maritime, etc.). Les déchets plastiques se retrouvent jusque dans l’Arctique, où la quantité d’ordures présente dans les eaux profondes a été multipliée par vingt en dix ans !

Et en effet, une fois jeté, le plastique ne disparaît pas ! Une bouteille peut ainsi mettre entre 450 et 1 000 ans (si elle est dans l’eau) à se décomposer, et  pourrait être encore là dans 15 générations… Par ailleurs, en se décomposant, le plastique se fracture en micro-particules, qui se retrouvent dans la chaîne alimentaire. La faune marine souffre de cette pollution, mais elle n’est pas la seule concernée par l’ingestion de plastique : l’étude De la nature aux humains : jusqu’où iront les plastiques ?, menée en 2019 pour WWF par Dalberg Advisors, un cabinet de conseil en stratégie durable, montre que nous absorbons jusqu’à 5 g de plastique chaque semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit.

Objectif : réduire la pollution au plastique

Face au problème de la pollution au plastique, et par l’intermédiaire de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte, la France a pris des mesures législatives pour interdire la commercialisation de certains produits à usage unique en plastique.

Les interdictions concernent la mise à disposition des « gobelets, verres et assiettes jetables de cuisine pour la table, pailles, couverts, piques à steak, couvercles à verre jetables, plateaux-repas, pots à glace, saladiers, boîtes et bâtonnets mélangeurs pour boissons en matière plastique ».

La Ville de Paris s’est quant à elle fixée l’objectif d’en finir avec le plastique jetable d’ici 2024 dans le cadre du programme Transformations Olympiques.

Yoann Garnier, membre de l’antenne Surfrider à Paris | Au delà des grandes métropoles, si le gouvernement incitait réellement à se tourner ou non vers l’usage de plastique unique, la majorité des citoyen·nes suivraient. D’où la nécessité de faire du lobbying et d’éclairer sur les bonnes pratiques. Par ailleurs, il faut créer un plus vaste accès au vrac et aux autres alternatives. Beaucoup de personnes ne changent pas leurs habitudes car elles n’y sont pas obligées ou sensibilisées.

Depuis 2018, la Ville de Paris encourage justement l’ouverture d’épiceries 100 % vrac sur son territoire !

Le plastique, une fausse solution contre le virus du Covid-19

L’usage du plastique en temps d’épidémie

Malgré ces avancées, le plastique jetable est revenu sur le devant de la scène avec la crise du virus Covid-19. Avec la vente de masques en polypropylène, de gants, de flacons de gel hydroalcoolique, couplée à la pratique du suremballage des aliments revenue en force dans les supermarchés, les produits à usage unique sont très présents.

Pourtant, les spécialistes appellent à sortir de cette logique afin de lutter contre la propagation du Covid-19, mais aussi contre la production de ces déchets, ces derniers étant de surcroît difficilement recyclables. Les masques sont souvent jetés dans la nature et se retrouvent dans les cours d’eau. Étant composés de matières dérivées du pétrole, ils contaminent alors durablement l’environnement. Jeter un masque sur la voie publique est d’ailleurs passible d’une amende pouvant s’élever jusqu’à 750 €.

Jetés dans la nature, les masques polluent

Jetés dans la nature, les masques polluent / © Tatyana A. - tataks

Le plastique, un matériau sur lequel le virus survit plus longtemps !

Plusieurs études ont montré que le virus infectieux survivrait jusqu’à 24 heures sur du papier et du carton, et entre 3 à 9 jours sur du plastique. Une note du Centre Américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) affirme que si le virus disparaît sur du papier de soie après seulement 3 heures, il reste encore actif jusqu’à une journée sur du tissu, jusqu’à 3 jours sur du verre et 6 jours sur du plastique et de l’acier inoxydable ! Malgré l’idée défendue par l’industrie du plastique, le plastique à usage unique n’est donc pas intrinsèquement plus sûr que les objets réutilisables, et pose des problèmes de santé publique supplémentaires lorsqu’il est jeté. Autrement dit, les articles réutilisables ne présentent pas de danger lorsqu’ils sont désinfectés de manière appropriée.

Yann Leymarie, Chargé de mission sport et jeunesse à Surfrider | Nous sommes sur des artefacts totalement inutiles voire contre-productifs dans une période de pandémie : ils risquent de favoriser la contamination de notre environnement proche, voire de nous même si l’on se touche le visage. En cette période exceptionnelle ou chaque personne cherche la sécurité, le plastique n’est ni une solution économique, ni sanitaire et encore moins durable pour l’environnement.

Réduire ses déchets, même durant une crise sanitaire, c’est possible !

Le CDC est catégorique : le vrac ne présente pas plus de risque que le pré-emballé. Les emballages réutilisables (bouteilles, sacs en coton, sacs de courses, boites à repas) peuvent être nettoyés avec du savon et de l’eau chaude, sans qu’il soit nécessaire de passer par de l’usage unique. Dès lors, pour lutter contre la pollution générée par les déchets, et ce même durant l’épidémie, il faut continuer à réduire, réemployer et réutiliser dès que possible, sans tomber dans l’écueil des bioplastiques. Pour ce faire, la vente de produits à la coupe ou en vrac est toujours l’option la plus vertueuse.

Consommer en vrac n'est pas plus risqué !

Consommer en vrac n’est pas plus risqué ! / © Markus Spiske

D’autre part, l’utilisation de gants est inutile, voire contre-productive, puisque ces derniers sont aussi en plastique. Cela vaut également pour les flacons de gel hydroalcoolique, dont l’utilisation abusive génère des déchets en plus d’abîmer la peau. Lorsque c’est possible, préférez ainsi l’efficace lavage des mains au savon (solide !). Enfin, le port du masque en milieu fermé comme ouvert, représente une barrière efficace contre la transmission d’agents pathogènes. Leur confection est d’ailleurs à portée de main depuis que l’AFNOR a mis à disposition un référentiel de fabrication de masques réutilisables et lavables !

Les plus intrépides d’entre vous peuvent apprendre à réduire quotidiennement leurs déchets et à maîtriser leurs consommations énergétiques en rejoignant le défi Déclicsorganisé par l’Agence Parisienne du Climat (sur une durée de 5 mois) ! Dès novembre 2020, 300 foyers Parisiens seront ainsi accompagnés pour diminuer leur impact environnemental et devenir à leur tour des ambassadeurs d’un mode de vie respectueux de notre environnement.

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