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Jour 10 : premier draft, genre, big data et réseaux de chaud et de froid

COP26Climat
ParticulierProfessionnel
Publié le 10 novembre 2021
par Pugnat Marin

Mardi 9 novembre 2021 - À l’occasion de la COP26, retrouvez quotidiennement les témoignages de nos organisations partenaires présentes à Glasgow. Au programme ce jour, découvrez la version préliminaire de la déclaration de Glasgow, intéressez-vous aux liens entre genre et climat, explorez l’univers des big-data dans l’action climatique, et comprenez l’enjeu des réseaux de chaleur et de froid.

Le fait marquant : la première version de la déclaration finale est sortie

Très tôt ce matin, Alok Sharma, le président de la COP, a dévoilé la version préliminaire de la Déclaration de Glasgow. Lire le document. Le texte reprend l’objectif global de l’Accord de Paris (maintenir le réchauffement bien en-deçà des 2 °C en poursuivant les efforts pour le limiter à 1,5 °C). Il fixe comme points de repère pour la trajectoire 1,5 °C, une réduction de 45 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 2010 et la neutralité carbone au milieu du siècle. Pour se faire, il appelle les Etats à renforcer leurs engagements à court terme, et ce d’ici la fin de l’année 2022, alors que les « Contributions déterminées au niveau national » soumises ne réduiraient les émissions que de 13,7 % en 2030. Il les enjoint aussi à accélérer la fin du charbon et des subventions aux énergies fossiles, et à mettre en place des solutions fondées sur la nature et à prendre en compte la biodiversité. Du côté de l’adaptation, il insiste sur l’urgence de réduire la vulnérabilité au changement climatique, et appelle les pays développés à au moins doubler du financement de l’adaptation des pays en développement. Il souligne d’ailleurs que la finance climat devra dépasser l’objectif actuel de 100 milliards de dollars par an, et exhorte les pays développés à augmenter leur soutien pour limiter les pertes et dommages liés au changement climatique. Il met aussi l’accent sur l’urgence d’aligner les activités financières avec l’Accord de Paris. Il reconnait enfin l’importance des acteurs non-étatiques, citant notamment la société civile, les jeunes et les populations indigènes, sur fond de critiques d’un manque d’inclusivité du sommet.

Le manque d’objectifs ambitieux à l’horizon 2030 dont parle ce document explique les deux projections décevantes publiées hier. Le PNUE estime que les engagements pris mèneraient à un réchauffement autour de 2,7 °C en 2100, et Climate Action Tracker se montre à peine plus optimiste avec une valeur médiane à 2,4 °C. Loin donc de l’estimation flatteuse faite la semaine dernière par l’Agence Internationale de l’Energie.

La journée d’hier était consacrée à la question du genre, pendant laquelle les femmes ont été reconnues comme les premières victimes du changement climatiquesous le regard de la Petite Amal, une marionnette géante représentant une jeune réfugiée syrienne, qui a traversé l’Europe. Elles comptent par exemple pour 80 % des personnes déplacées par le changement climatique. Leur rôle est fondamental dans l’action climatique, en particulier dans les pays du Sud. Vous trouverez ici la liste des engagements nationaux pris hier sur le sujet, avec des investissements et des stratégies pour œuvrer à l’égalité des sexes (Canada, Allemagne, Suède, Royaume-Uni) et des initiatives pour renforcer leur capacité d’action (Bolivie, Équateur, Nigéria, Etats-Unis).

Aujourd’hui, ce sont les transports qui sont à l’ordre du jour, et un accord sur la fin des véhicules à carburant fossile entre six grands constructeurs est attendu. Plus de détails demain s’il se concrétise.

Focus : les dessous du big data au service du climat, par Romain Poivet de l’ADEME

« «Données, données, données, must be données in a rich man’s world».

Le big data est partout, c’est un fait. Le climat ne pouvait y échapper. Des observations satellitaires des émissions de méthane du secteur pétrolier, aux investissements climat, en passant par les reportings climat des acteurs non étatiques, collectés, agrégés, analysés puis diffusées plus ou moins gratuitement par des data providers.

Comme le remarque le groupe Camda for Credible Climate Action, ces informations sont de plus en plus importantes et permettent de nombreuses utilisations avec plus ou moins de fiabilité comme le suivi et la modélisation des réductions d’émissions de gaz à effet de serre ou des progrès en terme d’adaptation aux effets du changement climatique.

Ainsi l’équipe du Global Climate Action Portal des Nations Unies a-t-elle modernisé la plateforme du même nom pour de valoriser les actions des acteurs non étatiques, maintenir la transparence grâce à de la « data-visualisation », et communiquer sur les progrès des engagements climatiques. Formidable ! Mais encore faudrait-il se poser la question de l’usage de la donnée, de sa qualité et de son origine.

Silencieusement, quelques data providers deviennent incontournables et monopolistiques. Silencieusement, des normes privées s’imposent de facto au travers du formatage de l’information climat. Silencieusement, certains acteurs non étatiques n’ont plus ou pas le droit de cité car ils ne reportent plus telle ou telle chose sous tel ou tel format. Alors il semble légitime de s’interroger sur l’usage finale de l’information d’une part, et d’autre part sur le type d’information qui devrait être publique dans un objectif d’intérêt général.

Enfin, il faudrait s’assurer que les fournisseurs de la donnée soi-disant « brutes » ne soient pas aussi ceux qui l’analysent, mais également que ceux qui financent cette collecte de la donnée n’aient pas de conflit d’intérêt avec son usage. Car non, dans l’univers du big data, rien n’est gratuit et si c’est gratuit c’est que c’est vous le produit. »

Focus : la transition énergétique à l’échelle du quartier : les réseaux de chaleur et de froid, par Véronique Pappe de Construction 21

La COP réunit un large panel d’acteur·rices : experts, entreprises, chercheurs, politiques… C’est un des intérêts du « off de la COP ». Nous avons décidé d’en profiter pour présenter les perspectives immenses ouvertes par les réseaux de chaud et de froid de 5e génération, développés dans le cadre du projet européen D2GRids, dont Construction21 est partenaire (en savoir plus), devant un public international, en amont de la journée consacrée à l’environnement urbain.

Le confort thermique des bâtiments, en hiver et, de plus en plus, en été, représente un élément clé de notre qualité de vie. Nous essayons principalement de l’améliorer en chauffant ou en refroidissant le climat intérieur, ce qui induit de grandes consommations d’énergie : le chauffage représente 79 % de la consommation d’énergie finale des foyers européens, et 70,6 % de celle de l’industrie (en comptant la chaleur industrielle).

Cela engendre des émissions de gaz à effet de serre, puisque 75 % de l’énergie utilisée pour chauffer ou refroidir les bâtiments est produite à partir de combustibles fossiles (dans l’industrie, cette proportion est de presque 100 %).

En Europe, le chauffage devrait diminuer de 30 % d’ici à 2030 grâce à une meilleure isolation thermique. Mais le refroidissement devrait lui augmenter de 72 %, du fait de l’évolution de nos usages et du réchauffement climatique. D’où l’importance de développer des solutions alternatives de chauffage et de refroidissement.

Certains systèmes efficaces de production et distribution de chaleur et de froid nécessitent des investissements conséquents, et gagnent à être mutualisés au niveau de l’îlot voire du quartier ou d’une ville entière, soutenus par des fonds publics. L’exploitation aura ensuite un coût très réduit, et indépendant des variations des cours du pétrole et du gaz qui pénalisent tant aujourd’hui les ménages français.

Parmi les sources d’énergie renouvelables utilisables pour chauffer ou rafraîchir, citons :

  • La géothermie, source d’eau chaude souterraine à température constante, comme le Dogger qui alimente une partie des logements parisiens en chauffage. Dans les régions minières, les « eaux de mine », soit l’inondation naturelle des anciennes mines de charbon, fournissent de la chaleur gratuite, une fois le forage réalisé, comme à Herleen aux Pays Bas.
  • La biomasse, avec des chaufferies alimentées de déchets végétaux (bois, colza…) ayant stocké du carbone pendant leur période de croissance.
  • Les déchets de nos villes, qui, en brûlant, peuvent également apporter un complément de chaleur.
  • L’énergie solaire, qui peut enfin fournir de la chaleur sur des bâtiments bien orientés ou de l’électricité alimentant des pompes à chaleur.

Mais décarboner le chauffage et le rafraîchissement de nos villes passe d’abord par la réduction au strict minimum de la demande réduite, grâce à l’isolation thermique des bâtiments, car l’énergie la moins chère et la moins émettrice de GES est bien sur celle que l’on ne consomme pas !

À Paris : vivez la COP avec l’Académie du Climat

L‹Académie du Climat se met aux couleurs de la COP26 pendant ces deux semaines, pour permettre aux Parisiennes de suivre et d’en comprendre les enjeux. Au programme : des rencontres, des ateliers, des performances artistiques, des débats, des conférences, un live avec Glasgow, des concert. À 18h45, l’Apéro COP revient sur les temps forts de la journée avec une revue de presse, un duplex et une table ronde. Découvrez la programmation ici.

 

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