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Jour 11 : transports, Paris et bioressources
Jeudi 11 novembre 2021 - À l’occasion de la COP26, retrouvez quotidiennement les témoignages de nos organisations partenaires présentes à Glasgow. Au programme ce jour, observez les déclarations faites pour décarboner le secteur du transport, suivez la journée de l’Adjoint au plan climat de la Ville de Paris et découvrez les questions que pose la gestion des bioressources.
Le fait marquant : des déclarations sur des véhicules neutres en carbone
Hier, le secteur des transports, responsable d’un quart des émissions mondiales de CO2, a occupé les discussions. Elles ont débouché sur une déclaration sur l’accélération de la transition vers des voitures et camionnettes à zéro émission, signée par plus de 100 gouvernements nationaux, villes, États et grandes entreprises, qui annoncent la fin de la vente de moteurs à combustion interne d’ici 2040 (et 2035 sur les principaux marchés). A noter parmi les absents la France, le Japon et les Etats-Unis, ainsi que des constructeurs comme Toyota, Volkswagen ou Renault-Nissan-Mitsubishi. Du côté du secteur maritime, la Déclaration de Clydebank, qui prévoit la création de corridors maritimes à zéro émission à commencer par six premiers d’ici le milieu de cette décennie. Quand au transport aérien, il a fait l’objet d’une déclaration visant à développer des « carburants verts », qui couvriraient (seulement) 10 % de la demande mondiale de carburéacteur d’ici 2030. Et surtout, aucun engagement en revanche sur la réduction du trafic aérien, la déclaration prenant au contraire d’ores et déjà l’augmentation à venir comme un état de fait.
Dans la soirée, c’est l’annonce surprise d’une « déclaration conjointe sur le renforcement de l’action climatique » entre les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre, la Chine et les Etats-Unis, sur fond de tensions entre les deux puissances. Si peu de détails sont connus, cette nouvelle a été saluée par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres, et saupoudre un peu d’optimisme diplomatique sur l’issue de la COP après l’accueil assez froid réservé à la première mouture de la déclaration de Glasgow publiée hier, en raison notamment des manquements sur le sujet des financements et sur les actions concrètes pour emprunter la trajectoire des 1,5 °C.
Témoignages
Représenter Paris à la COP26, par Dan Lert de la Ville de Paris
« La COP26, c’est l’occasion pour les Villes de rencontres bilatérales pour partager nos solutions climat, et apprendre en retour. Paris, Ville-hôte de la COP21, est très sollicitée. D’autant plus qu’elle reçoit de la part de l’ONU le « Global Climate Action Award » pour son Plan Climat.
Invité par le speaker de l’Assemblée de Californie, j’ai pu partager avec une importante délégation d’élus notre approche sur les questions d’adaptation. Nous sommes confrontés aux mêmes défis : vagues de chaleur, climatisation, qualité de l’air. Les Californiens sont très curieux de notre concept de ville du quart d’heure. On imagine bien les enjeux pour l’appliquer à l’échelle d’une ville comme Los Angeles !
Rendez-vous suivant avec la délégation de la Mairie de Prague. Nous nous dirigeons dans un couloir secret que le Réseau Action Climat nous a montré la veille : large, très calme, avec quelques fauteuils pour se poser. C’est du grand luxe ! Même si la moitié de la délégation a malgré tout dû s’asseoir sur la moquette.
Prague souhaite coopérer avec nous à l’occasion de la présidence tchèque de l’UE. Nous exprimons nos difficultés avec nos gouvernements nationaux respectifs, qui nous freinent dans la mise en œuvre des politiques climat. Nous parlons aussi transition énergétique, comment décarboner la production d’électricité et installation de bornes de recharge pour véhicules électrique. Nous leur racontons notamment comment nous avons récupéré toutes les bornes de l’ancien réseau Autolib’.
Dans le cadre des réseaux de Ville, comme Eurocities et CGLU, nous poussons pour que celles-ci, qui représentent 70% des émissions mondiales, soient bien citées dans les documents de négociations officielles. Cela s’annonce très mal. C’est une mauvaise nouvelle, car si elles ne font pas partie des textes de la COP, les Villes ne pourront par exemple pas bénéficier directement de la finance climatique, ce qui serait très regrettable. »
À gauche, la remise du «Global Climate Action Award». À droite, la réunion avec la délégation de Californie. ©J.Jaeger
Le portrait de Quynh Bui, de La Fresque du Climat
Quynh Bui, consultante RSE & Stratégies Climat et Biodiversité est bénévole à la Fresque du Climat. Durant la COP, elle veut mettre en valeur l’éducation au climat comme le préalable indispensable au passage à l’action. Pour cela, elle joue le rôle discret mais crucial de connecteur : mettre en lien des personnes et des projets à impact positif.
Quynh s’est rendue à Glasgow pour présenter la puissance de la fresque du climat comme outil éducatif. Le savoir, c’est la clef de l’action, et le monde entier se retrouve à la COP26. Monde que Quynh veut mettre en lien. Sa passion ? Créer des ponts. Des ponts humains, entre les associations, les politiques, les activistes, les entreprises pour faire avancer la cause environnementale.
A mi-chemin de la COP26, son moment le plus marquant ? Avoir pu mettre en relation cinq leader d’Amazonie, et les cabinets des maires de Paris et Bogota. Quel est le résultat d’une réunion qui semblait non seulement impossible, mais qui devait durer 20min ? Deux heures trente de discussion aboutissant à des engagements des deux Mairies pour les projets développés par les peuples d’Amazonie invités, ainsi que pour leur projet d’alliance internationale des peuples autochtones et indigènes. S’il faudra attendre pour voir la concrétisation de ces promesses, un résultat immédiat a eu lieu deux jours plus tard : Madame Hidalgo invitait Alice (la plus jeune des leaders d’Amazonie), Vanessa Nakate et deux jeunes femmes de la COY16 (la COP des jeunes). La magie de la fresque du climat qui a permis à Quynh d’être au coeur de la COP26, a ainsi redonné de l’espoir à des tribus et participera à la sauvegarde de l’Amazonie.
Pour Quynh, la COP26 est le lieu de pouvoir incontournable dans lequel il y a mille opportunités pour faire du plaidoyer et mettre les bonnes personnes en lien pour une société durable, apaisée, inclusive, dans lequel une éducation de qualité permet de poser des fondations solides. Quelle que soit l’issue des négociations, pour Quynh, la première semaine de la COP26 lui a permis d’apporter sa pierre à l’édifice.
Focus : la gestion des bioressources, par David Laurent d’EpE
Une des opportunités offertes par les COP est de faire émerger de nouveaux sujets sur la scène internationale. Côté EpE, nous avons eu l’opportunité de mettre cela en pratique ce jeudi matin en organisant une table-ronde sur la gestion des différentes bioressources, soit les matières originaires d’organismes vivants pouvant être utilisées par l’Homme. C’est l’étude ZEN2050 qui a mis en évidence cet enjeu : dans un contexte de décarbonation de l’économie, le remplacement des combustibles fossiles par des bio-matériaux et de la bio-énergie augmente la demande pour ces produits. Or cette demande doit également tenir compte de la multiplicité des usages existants : alimentation animale et humaine, séquestration du carbone, services écosystémiques… La COP est donc l’occasion de partager les travaux et réflexions menées en France sur ces sujets, notamment via la série de séminaires « la ruée vers l’or vert » tenue fin 2020.
Différentes entreprises et experts ont ainsi pu échanger et mettre en avant l’importance des analyses de cycle de vie, les limitations liées à l’usage (volumes disponibles, propriétés physiques, impacts collatéraux, …), les bonnes pratiques mises en place (structure de gouvernance locale, nouvelles variétés, …) et celles à renforcer (lien avec la transition alimentaire et agroécologique pour libérer des terres et mieux utiliser les volumes disponibles, les labels, la rémunération des bonnes pratiques, l’insertion dans les discussions internationales, …). Des réflexions essentielles au vu du rôle attendu des bioressources pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.
À Paris : vivez la COP avec l’Académie du Climat
L’Académie du Climat se met aux couleurs de la COP26 pendant ces deux semaines, pour permettre aux Parisiennes de suivre et d’en comprendre les enjeux. Au programme : des rencontres, des ateliers, des performances artistiques, des débats, des conférences, un live avec Glasgow, des concerts. À 18h45, l’Apéro COP revient sur les temps forts de la journée avec une revue de presse, un duplex et une table ronde. Découvrez la programmation ici.
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Elles·ils partagent leur expérience depuis Glasgow