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Jour 12 : nouvelle mouture, clôture des négociations, jeunesse… et merci !

COP26Climat
ParticulierProfessionnel
Publié le 12 novembre 2021
par Pugnat Marin

Vendredi 12 novembre 2021 - À l’occasion de la COP26, retrouvez quotidiennement les témoignages de nos organisations partenaires présentes à Glasgow. Au programme ce douzième et (pas vraiment) dernier jour, analysez la nouvelle mouture de la déclaration finale, suivez la clôture des négociations, notez les changements entre la COP21 et la COP26 et laissez-vous porter par l’engagement de la jeunesse.

Le fait marquant : le temps des dernières tractations

Ce vendredi marque officiellement la fin de la COP26, même si elle devrait se prolonger le week-end comme le veut la tradition. La dernière fois qu’une COP s’est close le vendredi, c’était lors de la COP12 à Nairobi.

Il reste donc encore un peu de temps pour tenter d’aboutir à des engagements communs ambitieux, même si la dernière mouture de la déclaration finale nous montre qu’il reste beaucoup de chemin à accomplir. Le principal recul par rapport à la version précédente concerne l’article qui poussait (« urges ») les Parties à soumettre des objectifs plus ambitieux de réduction d’émissions à 2030 d’ici à la nouvelle COP. Si la formulation est plus appuyée (« requests » : exiger), une nouvelle close affaiblit l’article en « prenant en compte différentes circonstances nationales ». Des Etats pourraient l’utiliser pour ne pas avoir à rehausser leurs objectifs l’an prochain. Si vous souhaitez décrypter le langage onusien, voici une liste de verbes du plus au moins fort : instrucs, requests, urges, invites.

L’article sur la sortie des combustibles fossiles est toujours présent, ce qui était loin d’être acquis, même s’il a été lui aussi édulcoré avec l’ajout de qualificatifs. La précédente mouture appelait les pays à accélérer la sortie du charbon, il est désormais seulement question du charbon sans technique de capture du carbone (« unabated coal »). Il appelait aussi à la sortie des subventions pour les combustibles fossiles, désormais cela ne concerne que les subventions « inefficaces ». Cette précision permettrait d’après le Guardian d’autoriser par exemple les aides faites aux ménages pauvres pour se chauffer, mais la formulation floue crée une faille potentielle.

La section sur l’atténuation a été détaillée, tout comme celle sur les pertes et dommages, le terme parapluie de solutions fondées sur la nature a été remplacé par « la protection, la conservation et la restauration de la nature » et le texte reconnait explicitement le rôle joué par les populations autochtones. Le plus gros progrès concerne la finance climat, puisqu’une date limite à été fixée à 2025 pour doubler le financement des pays développés.

Les réactions sont pour le moment mitigées, certains retenant les reculs, d’autres le maintient d’éléments essentiels. Pour en savoir plus sur ce texte, le Guardian met à jour son article sur cette mouture tout au long de la journée. Reste à savoir comment les dernières discussions modifieront cette version.

Par ailleurs, la coalition BOGA (Beyond Oil & Gas Alliance) a vu le jour hier, sur l’initiative du Costa-Rica et du Danemark. Avec la France, le Groenland, l’Irlande, le Pays de Galles, le Québec et la Suède, ces pays se sont engagés à cesser immédiatement l’octroi de nouvelles licences et concessions pour la production et l’exploration d’hydrocarbures, et à fixer une date de fin d’exploitation et d’exploration pour les licences déjà en cours. La Nouvelle-Zélande, la Californie et le Portugal ont rejoint la coalition comme « membres associés », et l’Italie comme « membre ami ». Manquent donc les principaux producteurs mondiaux, et l’organisateur de cette COP, il s’agit de la première coalition de ce genre, qui vise à accueillir de nouveaux membres à l’avenir.

En marge des dernières négociations, 200 climatologues ont signé une lettre ouverte pour souligner « la nécessité d’actions immédiates, fortes, rapides, durables et à grande échelle pour limiter le réchauffement bien en deçà de 2 °C et pour poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C» ».

Témoignages

Clôture des négociations, par Céline Philipps de l’ADEME

« La plénière de clôture de la COP26 bat actuellement son plein. Les Ministres sont en train d’adopter les décisions préparées par les négociateurs·rices.

Mon groupe de négociateur·rices sur le Mécanisme technologique a rendu ses projets de décision jeudi 11 après-midi avec 24 heures de retard. Voyant que les échanges étaient constructifs et que nous travaillions d’arrache-pied depuis deux semaines, la Présidence Britannique de la COP26 nous avait accordé ce délai supplémentaire.

Les deux décisions finalisées jeudi concernent la gouvernance et les activités du Centre et Réseau des technologies climatiques (CTCN).

Nous avons révisé la constitution du Conseil consultatif du CTCN pour le rendre plus inclusif et y intégrer des représentant·es des ONGs défendant les femmes, la jeunesse et les peuples autochtones. Le Conseil sera aussi plus représentatif, avec un siège en plus pour les Pays les Moins Avancés, les Petits États Insulaires en Développement et l’Europe de l’Est.

La préparation d’une décision à propos de l’évaluation du CTCN a été plus problématique. Le rapport indique que ses ressources financières ne suffisent pas pour répondre à toutes les demandes d’assistance technique transmises par les pays en développement. Les avis divergent sur comment mobiliser davantage de ressources. Après des échanges difficiles, nous avons enfin réussi à nous accorder sur une décision pour la COP26, mais l’enjeu du financement du CTCN, et plus généralement du Mécanisme technologique, sera à l’ordre du jour de la COP 27. Les négociateur·rices se retrouveront pour la préparer en juin 2022, à Bonn, au Secrétariat des Nations unies sur le climat.

Mon travail à Glasgow se termine aujourd’hui. Je rentre à Paris où ma contribution à la lutte contre le changement climatique prendra d’autres formes, dans mon travail à l’ADEME, dans ma vie de citoyenne. Chaque action compte. »

Entre Paris et Glasgow, de vraies différences, par Véronique Pappe de Construction 21

« Hier matin, nous animions une conférence avec nos partenaires du projet européen D2Grids sur le thème « District heating & cooling ; the way towards the 5th generation ». Et hier soir, nous avons dévoilé les gagnants internationaux de nos Green Solutions Awards 2020-21, en présence de Barbara Pompili et d’une petite centaine de professionnel·les réuni·es dans la magnifique salle du banquet de l’hôtel de ville de Glasgow.

Aujourd’hui, enfin, je vais découvrir le cœur de la COP. C’est pour moi une première. Jamais, que ce soit à Paris, pour la COP21, ni à Marrakech, Bonn ou Katowice les années suivantes, je n’avais accédé au sein des seins, la fameuse « Blue Zone ». Et cette année, Construction21 y intervient sur deux évènements.

20 minutes de marche le long de la rivière Clyde depuis le centre-ville et me voilà sur site. Un immense hall et, partout, des pavillons représentant des pays ou des organisations internationales, avec des expositions et des espaces de conférences. Partout, l’objectif de 1.5° et l’urgence à passer à l’action s’affichent. Au moins une chose positive depuis la COP21 et l’accord de Paris : autrefois un vœu secondaire, il est devenu la priorité. Il faut dire qu’entre temps, nous avons eu le temps de découvrir très concrètement ce qu’un réchauffement de 1,2 °C seulement apportait déjà comme évènements climatiques dévastateurs…

Autre évolution depuis la COP21 : en 2015, chacun·e, rempli·e d’optimiste, montrait ses solutions en expliquant qu’elles allaient sauver le monde. Aujourd’hui, 2030 se rapproche à grands pas, et nous savons tou·tes que les décisions permettant d’atteindre l’objectif de décarbonation de 2030 n’ont pas été prises. D’où une montée en puissance des alliances et la recherche de travail collectif pour structurer les filières. Le BTP témoigne de cette volonté de coalition rassemblant  l’Alliance mondiale pour le bâtiment et la construction, le World Green Building Council ou le World Business Council for Sustainable Development. Ensemble, ils ont œuvré pour inscrire à l’agenda de la COP26 une journée dédiée à l’environnement bâti qui a rassemblé des dizaines de conférenciers témoignant de leur volonté à travailler collectivement à la transformation des marchés. Un beau succès qui devrait inscrire désormais une journée dédiée à notre secteur dans chaque COP à venir. Car le disait Marjolaine Meynier-Millefert, la présidente de l’Alliance HQE, le bâtiment est un gros émetteur de CO2, mais il représente également 28% de la solution ! »

Focus : l’engagement de la jeunesse pour le climat, par Leïla Cartier de CliMates

Si la COP26 réunit avant tout des négociateur·rices politiques, des journalistes et des ONG, de nombreux jeunes sont également présent·es pour faire valoir leur vision concernant les engagements des États pour le climat. YOUNGO est la branche dédiée aux jeunes au sein des négociations : cette entité regroupe des jeunes impliqué·es dans des associations et ONG, mais aussi des ambassadeur·rices pour le climat, chargé·es de faire le lien avec les gouvernements de leurs pays.

Pour cette édition, la délégation de jeunes français comptait une cinquantaine de personnes chaque semaine, une représentation élevée si l’on compare aux délégations gouvernementales de certains pays. Ces jeunes issu·es majoritairement d’écoles d’ingénieur, de biologie ou de sciences politiques, ont eu l’opportunité d’être présent·es à Glasgow grâce au soutien de leur école ou université, ou via leur implication dans une association environnementale. La question de la représentativité est centrale pour cette COP, d’autant plus que le contexte sanitaire a compliqué les déplacements, notamment pour les délégués issu·es des pays du Sud. Si on compte quelques jeunes venu·es de pays tels que Haïti, le Népal ou encore le Mali, on constate qu’il·elles sont moins nombreux·ses par manque de soutiens financiers de leurs universités et gouvernements.

Quoique la jeunesse soit représentée de façon inégale, elle a su s’unir au cours de ces deux semaines pendant les débats du groupe YOUNGO, mais aussi lors des marches et manifestations organisées en parallèle des négociations. Les échanges des jeunes ont conduits à la rédaction de recommandations résumées dans cet article. Les jeunes se sont également mobilisé·es physiquement durant ces deux semaines : vendredi dernier, Greta a fait le déplacement lors de la marche Fridays for Future organisée dans Glasgow. Aujourd’hui, alors que les négociations touchent à leur fin, les jeunes ont défilé dans les couloirs de la COP26 aux côtés des minorités indigènes et de représentants des pays du Sud pour appeler à une réelle justice climatique. Leur slogan (scandé en anglais) : « Qu’est-ce que nous voulons ? La justice climatique ! Quand ? Maintenant ! »

Le journal de bord de l’APC, c’est fini… mais pas la COP !

Merci à nos partenaires qui ont contribué à notre journal de bord pendant ces deux semaines, et à tou·tes nos lecteur·rices. Il se termine donc dans l’attente du dénouement de la COP26 et les prochaines heures promettent d’être animées. Vous souhaitez un épilogue ? Abonnez-vous à la Newsletter de l’Agence Parisienne du Climat pour ne pas manquer notre article qui fera le bilan de ces deux semaines écossaises !

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