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Jour 6 : nature, négociations, vernissage et art

COP26Climat
ParticulierProfessionnel
Publié le 10 novembre 2021
par Pugnat Marin

Samedi 6 novembre 2021 - À l’occasion de la COP26, retrouvez quotidiennement les témoignages de nos organisations partenaires présentes à Glasgow. Au programme ce jour, gardez en tête les liens entre climat et biodiversité, passez une journée dans la Green Zone et dans les salles de négociations, et terminez la journée sur une note artistique.

Le fait marquant du jour : une journée consacrée à la nature 

Après la jeunesse et le « public empowerment » hier, où les Etats se sont engagés à rehausser la place du climat et de la soutenabilité dans les programmes scolaires et la formation professionnelle, place à la nature aujourd’hui. L’occasion de rappeler que deux des crises majeures de ce siècle – le changement climatique et l’érosion de la biodiversité – sont liées, et qu’il est important de prendre en compte ces deux enjeux à la fois. Elles s’autoalimentent, et des solutions fondées sur la nature permettent de les traiter de pair, tandis que certaines mesures climatiques d’atténuation ou d’adaptation nuisent à la biodiversité. C’est ce que rappelle par exemple un rapport publié par l’IPBES l’été dernier. L’occasion aussi d’évoquer l’autre grande « COP » de cette année, la COP15 de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies. La première partie s’est tenue en octobre en visioconférence, la seconde se déroulera à Kunming en avril-mai 2022. Cette séquence décisive pour la biodiversité fera l’objet d’un article sur notre site dans la nouvelle newsletter de l’Agence Parisienne du Climat, n’hésitez pas à vous abonner pour ne rien manquer.

Témoignages

Des négociations à rallonge, par Céline Phillips de l’ADEME

» Membre de la délégation de négociation française, Céline Phillips intervient sur le Mécanisme de technologie, qui fera l’objet d’un focus demain. Il doit permettre d’accélérer le développement et le déploiement de technologies d’atténuation et d’adaptation, notamment dans les Pays en développement.

C’est la course contre la montre ! Les négociateur·rices devaient rendre hier soir plusieurs propositions de décisions pour les séances Ministérielles la semaine prochaine.

Jeudi, nous avions réussi à nous accorder sur un texte qui mettait de la cohérence entre des activités prévues par les accords de Paris en 2015 et de Cancun en 2010. Mais malgré les nombreuses heures de dialogue cette semaine, jusqu’à 23h30 hier soir, la salle de négociations « Technologie » se remplit de nouveau ce matin… C’est l’ultime créneau pour espérer trouver un consensus.

Tou·tes les négociateur·rices s’accordent sur l’urgence d’accélérer le développement et déploiement de technologies à faibles émissions de gaz à effet de serre et résilientes. En revanche, les avis divergent sur la manière de faire entre pays développés et en développement. Les débats portent notamment sur les liens entre les programmes de financement - Fonds pour l’Environnement Mondial et le Fonds Vert pour le Climat – et le déploiement de ces technologies. Vendredi, les co-facilitateurs de ce point ont décidé de poursuivre ces négociations en 2022.

Ce matin nous espérons finaliser notre dernier texte. Il concerne les activités du Centre et Réseau des Technologies Climatiques (CRTC), l’organisme opérationnel du mécanisme technologique, et les travaux du groupe d’experts, le Comité Exécutif Technologique (CET), qui émet des recommandations à la COP. Un nouveau cycle de négociations démarre aujourd’hui pour préparer d’autres décisions.

De grandes manifestations sont prévues aujourd’hui à Glasgow. Les attentes de la société civile, aussi fortes que légitimes, résonnent avec la détermination palpable de tous de négociateur·rices à faire de cette COP un succès. «

Une journée dans la Green Zone, par Apolline Boulaire de Nomadéis

» À Glasgow, les espaces de la COP26 sont composés d’une Blue Zone et d’une Green Zone  (lire notre premier focus). Dans la 1ère (Blue Zone), tout le monde y est en costume et l’on discute business. Le grand public n’en fait pas vraiment partie. La Green Zone est plus accessible, même si les places sont très limitées. Elle ressemble à un palais des sciences, avec des conférences, un cinéma, des stands d’ONG et des entreprises. On pourra questionner le choix stratégique de certaines d’entre elles dans une COP 26 : la plateforme Skyscanner par exemple, promeut son activité consistant à aider les gens à mieux choisir leur billet d’avion et dispose d’un stand où vont jouer les plus jeunes, et on retrouve aussi un bras mécanique cueilleur de fraise dont la précision supérieure à celle d’un humain devrait permettre réduire le gaspillage alimentaire pendant les récoltes.

Au sein de la Green Zone, j’ai tout de même pu échanger avec de belles organisations qui luttent contre la pollution de l’air, développent des solutions low-tech pour l’agriculture et s’engagent pour l’éducation climatique. Une belle dynamique ! Et toute la journée, pour la Fresque Du Climat, j’interpelle les visiteur·rices pour leur poser des questions sur l’effet de serre additionnel, les énergies fossiles, la perturbation du cycle de l’eau. Bien que nous soyons à la COP26, de nombreuses personnes ne connaissent pas vraiment les différents mécanismes à l’œuvre ni le rôle des activités humaines, donc cette éducation climatique est absolument nécessaire (lire notre focus d’hier). En une journée plus de 250 personnes de 25 nationalités différentes ont participé, la prise de conscience se répand. «

Un vernissage en musique, par Cédric Carles et Aurélien Domine d’Atelier 21

» Depuis 5 jours que nous sommes arrivés, ceux-ci s’enchainent mais ne se ressemblent pas. Table rondes, dîners, rendez-vous, exposition, rencontres… remplissent et animent nos journées. La COP ce n’est pas seulement des négociations complexes – toujours pas à la hauteur de l’urgence climatique. C’est aussi un lieu de rendez-vous pour les acteurs et les structures comme la nôtre, pour se rencontrer, interagir et imaginer quelles seront les futures actions à mener.

Mercredi soir, nous avons organisé le vernissage de notre exposition Paléo-énergie. Pour l’occasion, une violoniste du conservatoire de Glasgow est venue se produire dans la galerie. L’occasion d’une visite guidée de la frise des inventions et de présenter nos « Paléo-Héros ». Parmi eux, le plus local et le plus vivant, Hugh Piggott, que nous essayons de retrouver et d’interviewer, un ingénieux écossais qui fabrique des éoliennes DIY et low-tech, ultra réparables, à partir de déchets de voitures, portées par Tripalium en France.

Ou encore Karl Kordesch, inventeur d’un chargeur qui recharge les piles non rechargeables (!). Pour info, les déchets piles en Europe c’est 216 000 tonnes par années, dont seulement 46 % rejoignent le bac de recyclage. Nous avons repris son brevet et construit un produit similaire, la RegenBox.

Sans oublier Maria Telkes, chercheuse au MIT et pionnière dès la fin des années 40 d’un système de chauffage solaire avec stockage pour les maisons, de distillateurs pour l’eau de mer et de fours solaires.

La COP nous permet de partager ce projet collaboratif et transmédia au plus large public possible. Aujourd’hui c’est une exposition itinérante mais aussi un site web traduit dans plusieurs langues, un livre et maintenant un musée virtuel accessible gratuitement en ligne, où vous serez transportés dans l’univers didactique Paléo-énergétique à l’aide d’un casque de réalité virtuelle (ou pas). On vous souhaite un agréable “space travel” ! «

 

Focus : convoquer les émotions pour agir, par Cédric Carles d’Atelier 21

Hier sur le pavillon France, la journée était dédiée à l’éducation et à la sensibilisation des publics aux enjeux de la lutte contre le changement climatique. Spécialisée dans ce domaine, Alice Audouin, directrice d’Art of change 21 a organisé plusieurs évènements artistiques à Glasgow et Londres pendant la COP26. Hier elle modérait une table ronde sur le pavillon France de la zone bleue : « Artistes engagés pour le climat et l’environnement : les nouveaux acteurs de la mobilisation ».

Un panel d’acteurs de la mobilisation environnementale dont je faisais parti était invités à cette discussion, deux artistes internationaux, John Gerrard et Lucy Orta„ ainsi que Gilles Vermot Desroches, Vice-président de la citoyenneté d’entreprise chez Schneider Electric.

Notre conviction est que le couple “art et la science” est mobilisateur et fédérateur.​​ Il faut convoquer les émotions pour changer les choses, et s’appuyer sur des réalités scientifiques pour générer des scénarios réalistes, et faire ainsi avancer cette ingénierie du changement dont notre société a un besoin urgent face à l’urgence climatique.

Il faut interpeller le public pour les faire bouger et créer des coalitions plus larges. Émouvoir, surprendre, inspirer, choquer des fois, c’est la capacité de l’art dans cette lutte contre le changement climatique.

Face à une crise climatique de plus en plus tangible, c’est le choc et l’angoisse qui prévalent. On parle aussi d’éco-anxiété et de solastalgie lorsque l’on parle d’avenir et de changement climatique : le choc peut paralyser. Notre devoir est de transformer cette angoisse en action, en mobilisation, de pouvoir créer un récit constructif. C’est ce que nous nous employons à faire au sein de l’Atelier21, en convoquant art, science et société civile au sein de nos recherches-actions collaboratives, en répertoriant solutions et technologies déjà là, disponibles, partageables et améliorables, pour montrer qu’une route est possible.

Pour aller plus loin sur le thème «art et climat»

A Paris : vivez la COP avec l’Académie du Climat

L’Académie du Climat se met aux couleurs de la COP26 pendant ces deux semaines, pour permettre aux Parisien·nes de la suivre et d’en comprendre les enjeux. Au programme : des rencontres, des ateliers, des performances artistiques, des débats, des conférences, un live avec Glasgow, des concert. À 18h45, l’Apéro COP revient sur les temps forts de la journée avec une revue de presse, un duplex et une table ronde. Découvrez la programmation ici.

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