Le marché de la rénovation énergétique en copropriété : quelle situation après la crise sanitaire ?

Reprise et rénovation énergétique des copropriétés : les professionnels témoignent

Afin d’identifier les problématiques rencontrées et partager les solutions et les bonnes pratiques mises en place pour la reprise, l’Agence Parisienne du Climat a interrogé, au cœur du confinement, les institutions, les entreprises et les fédérations professionnelles, avec qui elle collabore au quotidien.

Les impacts sur le marché et les chantiers

Les activités des professionnels qui accompagnaient des copropriétés dans le cadre de futurs ou d’actuels travaux ont été en majeure partie stoppées : audits énergétiques, suivis de chantiers, réunions de mise au point, réunions clients, etc. Ces postes représentaient une part importante de leur activité et beaucoup de bureaux d’études et entreprises de travaux s’attendent à un report de chiffres d’affaires. Mais si les activités liées à du présentiel étaient en suspens, les professionnels ont profité du confinement pour préparer la reprise.

Nous préparons la reprise en deux étapes : la mise à jour des plans de charges avec les maîtres d’ouvrages et l’anticipation de toutes les opérations qui peuvent être réalisées en amont, afin d’éviter l’engorgement à prévoir dans quelques mois.

Fabien Gantois, Vice-président de l’Ordre des architectes d’Île-de-France

Cependant, si des Assemblées Générales ont déjà pu se tenir suite au 11 mai, certaines copropriétés auront fait le choix de les décaler au mois de septembre, ce qui aura un fort impact sur le vote de travaux de rénovation en 2020. Malgré ce constat, l’ensemble des acteurs se tient dès maintenant à disposition des résidences qui souhaiteraient être accompagnés dans leur projet de rénovation énergétique. Alexandre Nicourt, responsable des activités Conseil et Accompagnement à l’Agence Parisienne du Climat souligne ainsi que « les chargé·e·s de missions copropriétés de l’Agence Parisienne du Climat échangent régulièrement avec les référent·e·s des copropriétés et les syndics afin de préparer les prochaines échéances : audit global et mobilisation de l’aide de la Ville de Paris, Assemblée Générale, travaux… »

Par ailleurs, certains professionnels ont pu noter que les demandes d’accompagnement lié à la végétalisation des espaces ont été plus fréquentes qu’habituellement. Selon Vincent Vanel, membre de la Fédération CINOV, « les citoyens ont compris qu’il était aujourd’hui indispensable de reprendre la main sur leur autonomie et sur leur résilience face aux événements extérieurs. » Parallèlement, le confinement a permis également de mettre en valeur l’importance du confort et des performances énergétiques au sein de son logement.

Des aides financières toujours mobilisables

Si l’impact de ces deux mois de ralentissement économique a été ressenti par les professionnels du bâtiment, il a été beaucoup moins important du côté des aides financières à la rénovation énergétique. Les demandes pour des projets de travaux ont fonctionné normalement et les différents comités permettant la prise de décision se sont déroulés dans le cadre du calendrier habituel.

 « Les différents comités permettant la prise de décision se déroulent dans le cadre du calendrier habituel et l’instance décisionnaire sur les demandes de financement est opérationnelle. »

Antoine Gueguen, Chef de projet du programme Éco-Rénovons Paris à la Ville de Paris

Le confinement et l’arrêt temporaire des activités économiques du pays ont permis d’observer des effets positifs sur notre environnement direct, mais ces derniers n’ont été que marginaux et ne permettent pas à eux-seuls de lutter contre le réchauffement de la planète. Ainsi, beaucoup appellent à faire de la transition écologique du pays une priorité, les liens entre crise climatique et crise sanitaire ne faisant que se développer.

La Convention Citoyenne, réunissant 150 citoyen·ne·s tiré·e·s au sort pour réfléchir à des solutions permettant de lutter contre le réchauffement climatique, ont transmis à l’exécutif en avril 50 propositions de mesures, pour construire un nouveau modèle de société plus durable. Ces hommes et femmes proposent notamment de rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d’ici 2040, et d’ici 2030 pour les 5 millions de « passoires thermiques » du pays. L’institution propose également un objectif de performance énergétique plus ambitieux concernant les logements rénovés : A, B, ou C, contre E actuellement. Si ces propositions n’ont pas été votées ni finalisées par la Convention, qui doit encore poursuivre ses travaux, elles témoignent cependant d’une réelle volonté à inscrire la rénovation énergétique dans un plan collectif et national.

Cette volonté de mettre la transition écologique et énergétique au cœur de la relance est également partagée par d’autres institutions. Ainsi, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) et le Haut conseil pour le climat ont appelé en avril à un renforcement de l’investissement public de 19 milliards d’euros supplémentaires par an afin d’accélérer la rénovation énergétique des logements.

Au début du mois d’avril, l’État a prolongé jusqu’au 31 décembre 2021 le dispositif « Coups de pouce aux économies d’énergie », en prévoyant un contrôle renforcé des travaux, notamment de l’isolation des combles ou des planchers bas. Un nouveau « Coup de pouce » prévoit également d’accompagner les copropriétaires dans leur rénovation globale pour convertir leur chaudière au fioul.

En savoir plus

• Comprendre les conséquences climatiques du virus SARS-CoV-2
• Comprendre le nouveau Coup de pouce énergie dédié au fioul