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Quel bilan pour la COP24 ?
La COP24, (24e Conférence des Parties à la Convention Climat) s’est achevée samedi 17 décembre. Quelles sont les avancées obtenues lors de cette COP, et quels points sont à déplorer ?
La COP24 s’est tenue du 2 au 15 décembre 2018 dans la ville polonaise de Katowice. Cette COP constituait un temps fort des négociations pour le climat où les 196 pays devaient s’accorder sur les règles opérationnelles de l’Accord de Paris. Si les Etats ont réussi à s’entendre pour définir ces règles, en revanche, d’autres dossiers n’ont pas été couronnés du même succès.
Un mode d’emploi pour l’Accord de Paris
L’enjeu central de cette COP était de parvenir à mettre d’accord les 196 pays autours d’un ensemble de règles nécessaires pour rendre l’Accord de Paris opérationnel. Ce « mode d’emploi », ou « rulebook » de l’Accord de Paris était en négociations depuis trois ans. Au terme de deux semaines de négociations parfois houleuses, les négociateurs se sont entendus sur un ensemble de règles qui constitue maintenant un paquet de 133 pages techniques. C’est bien mieux que ce qui était attendu par les négociateurs, qui craignaient que les pays ne parviennent pas à obtenir de consensus sur plusieurs enjeux et que l’Accord de Paris soit alors difficile à mettre en oeuvre. Le texte fixe les modalités de suivi des engagements de réduction des émissions nationaux, afin de disposer d’un cadre transparent pour vérifier leur mise en œuvre. Les ONG regrettent que ce « mode d’emploi » ne mentionne ni les droits humains, ni la souveraineté alimentaire, ni l’égalité des genres alors qu’ils sont inscrits dans l’accord de Paris.
Le renforcement des engagements
Les Etats étaient également attendus sur l’accroissement de leurs engagements de réduction d’émissions. Alors que l’Accord de Paris prévoit de maintenir la hausse des températures à 2°C, la somme des engagements actuels des Etats nous entraîne sur une hausse supérieure à 3°C d’ici 2100. L’Accord de Paris prévoit que les Etats revoient leur copie à la hausse avant 2020. A l’heure actuelle, seules les îles Fidji et Marshall ont déjà revu leur engagement. Une nouvelle coalition de pays se disant « déterminés » à relever leur ambition d’ici 2020 a vu le jour lors de cette COP. Elle réunit environ 70 pays, dont 11 pays européens, mais plusieurs pays européens ont refusé de s’y associer, comme la Belgique ou la Pologne.
Le rapport du GIEC boudé
Les plus grandes émotions de cette conférence se seront cristallisées autour du refus de quelques pays pétroliers de reconnaître le dernier rapport du GIEC (le groupe des experts sur l’évolution du climat) sur les 1,5°C . Alors que ce rapport qui préconisait de contenir l’augmentation de la température à 1,5°C avait été commandé par les Etats lors de la COP21, ces mêmes Etats ont refusé de reconnaître ses conclusions dans le rapport de la COP. L’Arabie saoudite, le Koweït, la Russie et les Etats-Unis, ont fait en sorte de minorer la formule retenue dans la décision finale de la COP24. Le texte se contente de « saluer l’achèvement dans les temps » du rapport du GIEC, là où il aurait fallu l’«accueillir favorablement », pour que le rapport soit véritablement reconnu.
Des avancées sur les financements
Comme de coutume, les financements pour le climat étaient un enjeu important de cette COP. Des gestes étaient attendus après la promesse faite dès 2009 par les pays du Nord de transférer 100 milliards de dollars annuels d’ici 2020. Quelques annonces ont été faites par l’Allemagne et la Norvège qui ont respectivement promis 1,5 milliard et 500 millions de dollars pour le Fonds Vert.
Les acteurs non-étatiques mobilisés
Devant la lenteur des négociations dans le cadre de la COP, la société civile continue de s’organiser. Les acteurs non-étatiques, comprenant les ONG, les villes, les entreprises, les scientifiques, ont à nouveau démontré leur détermination à agir. Des entreprises françaises rassemblées dans l’initiative Net Zero ont annoncé qu’elles visaient la neutralité carbone. 43 grands groupes de la mode et du luxe ont signé la Fashion Industry Charter for Climate Action. Ils s’y engagent à baisser leurs émissions dans l’ensemble de la chaîne de production, au travers de seize objectifs validés par l’ONG WWF. Le sport s’est également mobilisé pour le changement climatique. Le CIO a annoncé prendre les rênes de la nouvelle initiative des Nations Unies, « Sports for Climate Action », qui vise à « piloter la lutte contre les changements climatiques au sein de la communauté sportive. Les Jeux Olympiques de Paris 2024, qui se sont engagés à organiser les premiers Jeux Olympiques alignés avec l’Accord de Paris sont signataires de cette initiative.
Rendez-vous l’année prochaine
Il reste maintenant à relever l’ambition des engagements de réduction des Etats pour rester compatible avec l’Accord de Paris. Les prochaines étapes de ce dossier auront lieu à l’occasion du sommet sur le climat convoqué par le secrétaire général de l’ONU à New York en septembre 2019 puis lors de la COP25 qui aura lieu en novembre au Chili en 2019.
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