Linky et Gazpar : les compteurs communicants
Des compteurs communicants de gaz et d’électricité sont installés progressivement dans tous les foyers français. Comment fonctionnent ces compteurs ? Quelle utilité pour les usager·ères ? Quand aurais-je mon compteur ? Nous répondons à vos questions.
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Un compteur communicant, qu’est-ce que c’est ?
Le compteur communicant, est un dispositif de comptage automatique de l’électricité, du gaz, ou de l’eau. L’information de la consommation est directement envoyée au gestionnaire de réseau par différentes technologies de communication, avec un pas horaire plus ou moins fin.
La directive européenne 2009/72/CE prévoit que 80 % des compteurs devront être communicants d’ici à 2020. Cette directive est transposée en droit français à l’article L. 341-4 du code de l’énergie. Le décret n°2010-1022 du 31 août 2010, relatif aux dispositifs de comptage sur les réseaux publics d’électricité, rend obligatoire la mise en œuvre de compteurs communicants par le gestionnaire ERDF, devenu ENEDIS.
Linky
En déploiement de 2015 à 2021, le compteur communicant Linky de ENEDIS remplacera votre compteur électronique ou électromécanique actuel. Il permettra à chaque utilisateur·rice de consulter la consommation énergétique totale de son logement (en kWh), avec un pas horaire de 1 heure (ou 30 minutes s’il le souhaite). La transmission des données du compteur se fait une fois par jour par courant porteur en ligne (CPL) vers un concentrateur de quartier, qui communique ensuite par le réseau de téléphonie mobile GSM avec le gestionnaire ENEDIS. S’il le souhaite, l’usager·ère pourra demander au compteur de transmettre également sa courbe de charge, c’est-à-dire la courbe de la puissance (en Watt) utilisée par le logement.
Source : ENEDIS
Les seules informations qui transitent par le système Linky sont les index de compteur, le numéro du compteur, la courbe de charge (si souhaité) et des informations techniques sur le compteur lui-même (défauts, pannes, mises à jour, etc). L’installation du compteur et ses services sont gratuits, effectués dans le cadre du contrat qui lie l’utilisateur·rice et le gestionnaire du réseau, et encadré par la règlementation.
Gazpar
Tout comme son homologue, Gazpar est un compteur qui communique votre consommation de gaz (en kWh et en m3 de gaz) automatiquement, deux fois par jour au gestionnaire de réseau GRDF. Son installation s’étale de 2016 à 2022 en France, pour 11 millions de client·es. Contrairement à Linky, le compteur Gazpar utilise la transmission radio pour communiquer avec les concentrateurs.
Source : GRDF
Les seules informations qui transitent par le système Gazpar sont les index de compteur, le numéro du compteur, et des informations techniques sur le compteur lui-même (défauts, pannes, mises à jour, etc). L’installation du compteur et ses services sont gratuits, effectués dans le cadre du contrat qui lie l’utilisateur et le gestionnaire du réseau, et encadré par la règlementation.
Quels sont les avantages de ces compteurs ?
L’installation d’un comptage auto-relevé de la consommation énergétique est une étape capitale dans le processus d’amélioration des réseaux de distribution de l’énergie. Pour le gestionnaire, il s’agit notamment de faciliter la mise en place de l’autoconsommation énergétique, ou de détecter très rapidement les pannes du réseau.
Pour les collectivités territoriales, il est possible depuis le 1er janvier 2018 d’obtenir des données de consommation agrégées (au moins 10 points de livraison) afin notamment de mieux orienter les politiques publiques de maîtrise de l’énergie pour ses administré·es. L’Agence Parisienne du Climat fait partie des tiers qui pourront avoir accès à ces informations, avec pour ambition d’améliorer l’accompagnement proposé aux copropriétés et aux particulier·ères.
Enfin, pour l’usager·ère, l’accès aux consommations à l’heure (voire à la demi-heure) permettra une compréhension fine du comportement énergétique du logement et de ses occupant·es. Ces données pourront être transmises (uniquement avec l’accord du·de la consommateur·rice) à des tiers pour bénéficier de services complémentaires, comme l’analyse des données de consommation et leur recoupement avec les caractéristiques de votre logement (que ENEDIS ne connait pas). De plus, les factures seront toujours sur consommation réelles, et non plus sur consommations estimées dans l’attente d’un relevé du compteur par ENEDIS. À terme, de nombreux services pourront se développer autour du compteur, comme des affichages déportés ou des nouveaux types d’offres d’abonnement.
Risques sanitaires, big data : on vous dit tout !
Cette transformation du réseau s’accompagne de craintes de la part des usager·ères partout en France. Voyons ce qu’il en est.
Big Data et sécurisation des données
Effectivement, ENEDIS et GRDF seront des opérateurs du « Big Data », c’est-à-dire qu’il devront gérer une quantité importante de données de consommation, d’après lesquelles de nombreux enseignements et services pourront émerger.
Pour autant, les données de consommation énergétique sont considérées comme des données sensibles et sont la propriété de l’usager·ère, qui lui·elle seul·e pourra choisir à qui il·elle souhaite en donner l’accès, au-delà des consommations mensuelles transmises à son fournisseur. Aucun risque d’utilisation à des fins commerciales sans accord de l’usager·ère.
Enfin, les données transmises ne concernent que les index de compteur à l’heure, le numéro du compteur, et les informations techniques du compteur, et ce de façon très sécurisée. Il est donc impossible en l’état de savoir quels appareils vous utilisez chez vous, ou de couper à distance vos appareils.
La CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) veille à ce que les données des usager·ères soient sécurisées et utilisées en conformité avec la règlementation stricte. Pour tout savoir sur les données transmises par les compteurs, et les choix d’utilisation des usager·ères, consultez la page dédiée de la CNIL.
Considérations sanitaires : ondes et CPL
L’installation des nouveaux compteurs s’accompagne de craintes quant aux risques sanitaires associés. Passons en revue quelques définitions, et les études menées sur les taux d’émissions.
Courant Porteur en Ligne (CPL) : Le principe des CPL consiste à superposer au courant électrique alternatif de 50 ou 60 Hz un signal à plus haute fréquence et de faible énergie. Ce deuxième signal se propage sur l’installation électrique et peut être reçu et décodé à distance. Cette technologie de transport de l’information est déjà utilisée par de nombreux logements (baby-phones, installation internet du foyer, etc).
Emissions d’ondes électromagnétiques : comme tous les appareils fonctionnant avec de l’électricité, les compteurs émettent des ondes électromagnétiques autour d’eux, notamment avec le passage du CPL. La question est donc de savoir à quels niveaux se portent ces émissions. D’après l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail) dans son rapport «Exposition de la population aux champs électromagnétiques émis par les compteurs communicants », voici ce qui peut être dit en détails :
- CPL - Champs magnétiques : « Dans les configurations testées en laboratoire, le niveau de champ magnétique à 20 cm du compteur est au maximum de 8.10-3μT dans la bande de fréquence CPL, c’est-à -dire près de 1 000 fois en-deçà de la valeur limite réglementaire (6,25 μT). À 50 cm, ce niveau de champ magnétique est divisé par un facteur 10. En champ magnétique, les niveaux mesurés sont ainsi plus élevés que ceux relevés à proximité des compteurs d’ancienne génération. »
- CPL – Champs électriques : « Le champ électrique a été mesuré avec une sonde spécifique dans la bande 1,2 kHz – 100 kHz, captant donc non seulement la bande du CPL mais aussi l’intégralité des signaux dans cette bande avec un niveau ambiant de l’ordre de 0,5 V/m dans le cas présent. […]. Les valeurs de champ électrique relevées à 20 cm du Linky sont du même ordre de grandeur (1 V/m), que le compteur soit ou non en transmission CPL. Le niveau maximal mesuré en champ électrique est plus de 60 fois en-deçà des valeurs limites réglementaires. »
L’ANFR (Agence Nationale des Fréquences) a produit un » Rapport technique sur les niveaux de champs électromagnétiques créés par les compteurs Linky» en 2016. Il stipule notamment :
« Les mesures ont été réalisées à proximité de trois compteurs en intérieur et deux compteurs en extérieur en fonctionnement réel dans des habitations. […] Les niveaux de champ magnétique maximal mesurés à 20 cm des compteurs varient entre 0,01 µT et 0,03 µT c’est-à-dire entre 200 et 600 fois moins que la valeur limite réglementaire de 6,25 µT dans cette bande de fréquence. Les niveaux de champ électrique maximal mesurés à 20 cm des compteurs varient entre 0,25 et 0,8 V/m, c’est-à-dire entre 100 et 350 fois moins que la valeur limite réglementaire de 87 V/m dans cette bande de fréquence. »
Que faire avec mon compteur communicant?
Les nouveaux compteurs communicants sont donc des outils mis en place sur tout le territoire, et à l’usage des citoyen·nes. Leur capacité à transmettre les consommations fines et les courbes de charges (si souhaité) vont permettre à chacun·e de comprendre avec précision son profil de consommation, d’identifier les marges de progrès (couper les veilles en journée, la nuit, modifier les programmations des appareils, etc.) et de changer ses habitudes (étaler l’appel de puissance sur toute la journée, de préférence pendant les heures creuses, changer ses équipements consommateurs, etc.). Ainsi, l’usager·ère pourra suivre la baisse ou l’augmentation de ses consommations à l’heure, ou à la demi-heure.
L’Agence Parisienne du Climat, dans son rôle de conseil en économies d’énergie, sera l’interlocuteur privilégié pour la prise en main des compteurs, et la compréhension du profil de consommation.