10 ans après la COP21 : le témoignage d’Architecture Pélegrin

publié le 09 décembre 2025

6 min

François Pélegrin, Architecture Pélegrin

À l'occasion des 10 ans de la COP21, l'Agence Parisienne du Climat vous propose de découvrir le témoignage de ses adhérents sur les actions engagées depuis le sommet et les défis à relever, ainsi que leur regard sur leur secteur d'activité. Aujourd'hui, François Pélegrin, fondateur d'Architecture Pélegrin, témoigne.

Pouvez-vous présenter votre entreprise ?

François Pélegrin : « ARCHITECTURE PELEGRIN travaille depuis 45 ans pour des projets de haute qualité environnementale et le développement des outils numériques d’aide à la conception grâce à la R&D (PUCA, ADEME, FBE). Je gère le cabinet avec 3 associés : Jade Pélegrin, architecte HMONP et BIM manager, Athina Papadopoulou architecte-ingénieure et BIM manager, et Adrien Pélegrin, ingénieur thermicien et maître d’œuvre. »

Quelles actions votre structure a-t-elle engagées depuis 10 ans pour contribuer à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris ?

Tous les projets développés par ARCHITECTURE PELEGRIN, en construction neuve comme en réhabilitation, sont empreints d’une démarche bioclimatique qui allie la performance environnementale et l’optimisation des conforts d’hiver et d’été. Nous utilisons tous les leviers pour offrir des logements de qualité, notamment grâce à la surélévation.

Nous considérons que le vrai combat à mener n’est pas celui de la stricte rénovation énergétique mais celui de la requalification architecturale. Nos projets démontrent qu’il est possible de doter les bâtiments existants de performances qu’ils n’avaient jamais visées lors de leur construction, ce qui augmente significativement la valeur patrimoniale.

Notre doctrine est : le bon matériau au bon endroit pour le meilleur usage et le confort des utilisateurs afin de leur redonner la fierté d’habiter leur « nouvel » immeuble aux performances augmentées.

ARCHITECTURE PELEGRIN traite tous ses projets en BIM (modélisation 3D intelligente), ce qui favorise la compréhension immédiate du projet (en neuf comme en réhabilitation) par les parties prenantes en toute transparence, installe la confiance et conduit sereinement à la garantie de performance des simulations établies sur le « jumeau numérique » du bâtiment.

Pour preuve que cette démarche est ancienne et bien ancrée : dès 1980, en réponse à l’appel à idées du PUCA : Climat, Architecture et formes nouvelles, ARCHITECTURE PELEGRIN a inventé le logiciel IMPACTE (Informatique et Méthodologie pour l’Architecture Climatique et la Thermique de l’Environnement). Nous avons inventé :

En 2005, dans le cadre d’un contrat de recherche avec la Fondation Bâtiment Énergie, ARCHITECTURE PELEGRIN a co-inventé le logiciel ARCHIWIZARD (agréé pour la RE2020) ; il permet aussi de guider le concepteur dès l’esquisse pour des choix de conception raisonnés alliant performances énergétique, environnementale et confort visuel.

Un projet de rénovation suivi par Architecture Pélegrin à Antony (avant/après) © Architecture Pélegrin 

Quels défis vous reste-t-il à relever pour accélérer la décarbonation et l’adaptation au changement climatique à court et long terme ?

Sachant que 80 à 90 % de la ville de 2050 est déjà là, le vrai sujet n’est pas la construction neuve, mais la requalification de l’existant.

Avec le Club de l’amélioration de l’habitat, nous développons depuis 2018 le concept OPERAEU (Opérations de requalification architecturale, environnementale, urbaine) car, pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il faut changer de braquet afin de travailler non plus à l’échelle de la parcelle mais à celle de l’ilot.

La parcelle est un « terrain de jeu » trop restreint pour déployer des solutions efficaces.

L’échelle de l’ilot, grâce à la massification, permettrait d’obtenir – 15 à – 20 % sur les couts de travaux et surtout d’atteindre une grande efficacité en matière de gestion des eaux pluviales, de développement de la biodiversité, de constitution d’ilot de fraicheur, de mutualisation des calories et frigories, de réseau de chaleur partagé, de développement de services intergénérationnels, de mutualisation de stationnement, de jardins partagés, etc. En bref, offrir un cadre de vie amélioré aussi bien pour les parties prenantes de cet ilot, mais également pour les utilisateurs de l’espace public.

Dédensifier par là, surélever par ici permettra à la fois de requalifier les bâtiments obsolètes du point de vue du confort, mais aussi de réenchanter nos espaces de vie en atteignant les objectifs du zéro artificialisation nette.

Quel est votre regard sur votre secteur d’activité, les évolutions marquantes, la dynamique en cours ?

La dynamique est bien engagée, mais elle est constamment freinée par l’instabilité des politiques, des aides et réglementations diverses.

De nombreuses professions se déploient sur le marché de la réhabilitation, mais trop d’entre elles ne regardent souvent que leur intérêt, ce qui nuit à l’intérêt général : le combat de certaines fédérations pour conserver les rénovations par « mono-geste » en est la preuve ; chacun sait que, seule, la requalification d’ampleur permet d’atteindre, dans des délais plus raisonnables, les améliorations nécessaires pour des économies durables à des coûts moindres puisqu’elle est éligible à des aides plus importantes.

Les architectes, conscients de « l’intérêt public de l’architecture » (cf. loi de 1977 sur l’architecture) savent qu’il ne s’agit pas simplement de « réparer l’immeuble », il faut aussi réparer le cadre de vie.

Il conviendrait que les « compositeurs d’espaces » que sont les architectes, les urbanistes et les paysagistes soient davantage écoutés ; le sort de nos villes en dépend…

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