10 après la COP21 : le témoignage de la SEMAPA
À l'occasion des 10 ans de la COP21, l'Agence Parisienne du Climat vous propose de découvrir le témoignage de ses adhérents sur les actions engagées depuis le sommet et les défis à relever, ainsi que leur regard sur leur secteur d'activité. Aujourd'hui, Sandrine Morey, Directrice Générale de la SEMAPA (Société d’étude, de maitrise d’ouvrage et d’aménagement parisienne), partage les engagements et les perspectives de la structure.
Pouvez-vous présenter votre structure ?
Sandrine Morey : « Société Publique Locale d’Aménagement de la Ville de Paris, la SEMAPA développe des opérations d’aménagement dans l’Est parisien (12ᵉ, 13ᵉ et 20ᵉ arrondissements). À la demande de la Ville de Paris, elle intervient aussi en tant que maître d’ouvrage. Elle est particulièrement attentive aux problématiques de Développement Durable et ses opérations sont certifiées ISO 14001. »
Quelles actions votre structure a-t-elle engagées depuis 10 ans pour contribuer à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris ?
Sandrine Morey : « Depuis plus de dix ans, la SEMAPA agit pour réduire l’empreinte carbone de ses opérations, contribuant ainsi aux objectifs de l’Accord de Paris en cohérence avec les axes stratégiques de la Ville de Paris. Nous œuvrons à bâtir des quartiers à la fois sobres et résilients, intégrant désormais dès les premières phases d’études les enjeux de décarbonation, à l’instar de Python Duvernois, qui fut parmi les premiers quartiers labellisés « BBCA Quartier » en France.
Depuis plusieurs années, nos cahiers des charges intègrent des exigences environnementales renforcées : anticipation des seuils RE2020 et des orientations du PLUb1 désormais en vigueur, recours accru aux matériaux bas-carbone, développement du réemploi, recherche d’une sobriété énergétique et développement des énergies renouvelables notamment.
Signataire du Pacte Paris Action Climat Biodiversité ainsi que du Pacte Bois Biosourcés, la SEMAPA veille à faire évoluer ses propres pratiques ainsi que celles de ses partenaires vers des modes de construction plus durables. Les projets urbains que nous développons visent également, par l’aménagement des espaces publics, à réduire les émissions GES2 et à lutter contre les îlots de chaleur urbains. Il s’agit d’améliorer la qualité de vie des usagers, grâce à la requalification et la végétalisation des espaces publics ainsi que la promotion des mobilités actives et décarbonées.
Enfin, nous veillons à capitaliser les enseignements de chacun de nos projets, qu’ils soient en maîtrise d’ouvrage propre ou non, en lien étroit avec nos partenaires, afin de faire évoluer en continu nos pratiques et de renforcer nos exigences. »
Quels défis vous reste-t-il à relever pour accélérer la décarbonation et l’adaptation au changement climatique à court et long terme ?
Sandrine Morey : « Les défis à venir restent nombreux et portent sur la réduction des émissions carbone que sur l’adaptation du cadre de vie aux effets du changement climatique.
À court terme, l’un des enjeux principaux consiste à massifier les pratiques de décarbonation tout en prenant soin de préserver la faisabilité technique et économique des projets. Cela implique de consolider les filières locales de matériaux biosourcés/géosourcés, de généraliser le réemploi à de multiples échelles et d’intégrer l’analyse carbone dès les prémices des projets urbains, pour identifier des leviers permettant de concevoir des projets toujours plus vertueux.
À moyen et long terme, l’une des priorités sera notamment d’accélérer la transformation du tissu urbain existant, en s’appuyant davantage sur la rénovation et la réversibilité des bâtiments, ce qui doit d’ailleurs être anticipé dès maintenant dans la conception des nouveaux immeubles. Plus généralement, la capacité à concevoir des projets urbains capables d’évoluer dans le temps et de résister aux aléas climatiques est essentielle.
La décarbonation suppose toutefois une mobilisation collective. Il convient ainsi de renforcer la coopération entre tous les acteurs, d’accompagner les maîtrises d’ouvrage, les maîtrises d’œuvre et de promouvoir ainsi une ambition carbone partagée à l’échelle du quartier.«
Quel est votre regard sur votre secteur d’activité, les évolutions marquantes, la dynamique en cours ?
Sandrine Morey : « Le secteur de l’aménagement a beaucoup évolué ces dernières années. Les enjeux environnementaux, énergétiques et sociaux sont désormais au cœur de toutes les démarches, ce qui transforme la conduite des projets urbains.
Entre exigences réglementaires, attentes sociétales et contraintes économiques, il est devenu essentiel d’adapter nos pratiques pour être davantage à la hauteur de nos ambitions collectives.
On observe une montée en compétence de l’ensemble des filières : les approches bas-carbone sont mieux maitrisées, tout comme la prise en compte de la biodiversité ou encore la gestion des ressources. Les outils de mesure et d’évaluation progressent également, ce qui permet de guider les prises de décisions. Pour autant, la transition face à l’urgence climatique reste un défi, les modèles économiques doivent en effet s’adapter et la temporalité des projets reste souvent très longue.
Dans ce contexte, l’aménageur conserve un rôle central, celui de coordonner les acteurs, de rendre possible l’expérimentation et d’impulser les politiques publiques dans ses projets urbains. Cette dynamique existe donc, mais elle suppose de poursuivre cet effort collectif pour tendre vers une ville toujours plus résiliente et décarbonée. »
Vous souhaitez rejoindre les adhérents de l’Agence Parisienne du Climat ? À la clé, des échanges avec des professionnels du secteur, la participation à des évènements réseaux, l’accès à une information spécialisée, la contribution aux actions mises en œuvre pour la transition écologique.