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Canicules à Paris : des solutions sobres pour se passer de climatisation chez soi
En 2018, l’Agence Internationale de l’Energie estimait à 5 % la proportion de Français·es équipé·es d’un climatiseur et que leur nombre passerait de 1,6 milliards à 5,6 milliards dans le monde en 2050. Dans de nombreux pays, les ventes de ces appareils explosent et réduisent peu à peu les écarts avec les pays les plus équipés, comme les Etats-Unis où 90 % des foyers disposent d’un climatiseur. Ces équipements ont pourtant des effets néfastes sur le climat et des solutions existent pour s’en passer !
L’impact d’une climatisation individuelle sur le climat à Paris
Les climatiseurs participent aux émissions de gaz à effet de serre
Les climatiseurs sont des appareils énergivores. Il est difficile d’en évaluer la consommation exacte à un niveau individuel puisque celle-ci dépend de l’appareil, du choix de la température de consigne, du bâtiment dans lequel il se trouve (est-il isolé ?) et… de la météo ! L’ADEME évaluait en 2016 la consommation moyenne d’un système de climatisation domestique dans le sud de la France métropolitaine à 366kWh/log/an, une consommation comparable à celle d’un réfri-congélateur standard.
À l’échelle de la France, l’impact de l’utilisation des climatiseurs est plus visible encore : en France, le Réseau Transport d‘Electricité constate qu’en période de canicule, chaque degré supplémentaire entraîne des consommations d’électricité supplémentaires de 500 MW, soit l’équivalent de la consommation en électricité de la Ville de Bordeaux par le seul usage de ventilateurs et de climatiseurs !
Au niveau mondial, les climatiseurs représentent déjà 12 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment. Ce chiffre ne va faire qu’augmenter au vu du potentiel d’expansion de ces équipements en Europe et dans les pays en développement aux températures estivales élevées comme l’Inde.
Ces importantes consommations d’énergie sont vectrices d’émissions de gaz à effet de serre :
- La production d’électricité en centrales thermiques à combustibles fossiles (charbon, fioul et gaz) reste la première source de production d’électricité dans le monde et la troisième en France (après le nucléaire et les énergies renouvelables) ;
- Les activités d’extraction, d’acheminement et de transformation des combustibles (uranium et énergies fossiles) génèrent elles-mêmes des gaz à effet de serre.
Les climatiseurs mobiles (ou «individuels») sont particulièrement néfastes. Peu onéreux et disponibles en grandes surfaces, leur consommation coûte pourtant quatre fois plus cher que les climatiseurs muraux. Ils nécessitent par ailleurs de faire passer un tuyau par une fenêtre qui reste alors ouverte et permet l’entrée continue d’air chaud venant de l’extérieur au sein du logement. Cet air chaud maintient la température intérieure à un niveau élevé ce qui justifie alors de laisser le climatiseur en fonctionnement quasi-permanent !
Par ailleurs, les climatiseurs utilisent des liquides frigorigènes dont le potentiel de réchauffement climatique est très élevé lorsqu’ils sont rejetés dans l’atmosphère.
- Ces liquides sont contenus au sein du système de climatisation mais peuvent ponctuellement s’en échapper lors de la fabrication, de pannes ou d’opérations de maintenance.
- Certains de ces composés ont un impact sur le réchauffement climatique jusqu’à plusieurs milliers de fois plus puissant que le CO2.
Multiplier ces appareils, c’est aussi multiplier les occasions pour ces liquides frigorigènes d’être dispersés.
Climatiseurs en ville
En ville, la climatisation aggrave la chaleur nocturne en période de canicule
En plus de participer aux émissions de gaz à effet de serre, les climatiseurs contribuent aussi au phénomène des îlots de chaleur urbains. De nuit et en période de canicule, l’écart de température séparant Paris des zones alentours peut atteindre 10 degrés ! Ce phénomène se voit aggravé par le rejet de chaleur des appareils de climatisation.
La multiplication des climatiseurs domestiques pourrait donc rafraîchir nos intérieurs mais rendre l’extérieur plus étouffant et plus bruyant encore. Il vaut donc mieux leur préférer l’utilisation de ventilateurs. Heureusement, d’autres gestes plus durables peuvent nous permettre de passer notre été dans de bonnes conditions !
Les bonnes pratiques pour rafraîchir nos intérieurs sans la clim’
Garder la chaleur hors du logement
Se préserver des chaudes températures d’été commence simplement par… limiter l’exposition directe au soleil de votre logement et empêcher la chaleur d’y pénétrer ! À ce titre, les travaux de rénovation énergétique ne permettent pas seulement de faire des économies d’énergie mais aussi d’amélioration le confort dans le logement.
- Isoler les murs et la toiture d’une maison ou d’une copropriété de la bonne façon peut permettre d’améliorer sensiblement le confort d’été ! Soyez particulièrement attentif·ve à l’étanchéité à l’air car des fuites d’air peuvent rapidement faire augmenter la température intérieure.
- Ces travaux sont à combiner avec un choix réfléchi des fenêtres et avec l’installation de brises-soleil afin d’éviter toute exposition directe au soleil tout en préservant la luminosité de votre logement.
- La végétalisation des bâtiments et des cours intérieures est aussi un moyen efficace de rafraîchir ces espaces grâce à l’évapotranspiration des plantes.
Rapprochez-vous d’une conseiller·ère FAIRE pour vous renseigner au sujet de ces travaux ! Les conseiller·ères FAIRE pourront vous faire bénéficier de leur conseil neutre et gratuit sur votre projet de rénovation.
Copropriété végétalisée à Paris
Le piège des apports de chaleur intérieurs
Concernant la chaleur d’été, le ver se trouve aussi dans le fruit : les apports de chaleur viennent aussi de l’intérieur du logement ! Utilisation de plaques de cuisson, de l’eau chaude sanitaire, apports humains… et surtout de l’électricité spécifique ! Plus encore que pendant le reste de l’année, il est essentiel :
- de limiter notre utilisation des appareils électriques ;
- d’éteindre les appareils plutôt que de les laisser en mode veille ;
- vous pouvez aussi remplacer vos anciennes ampoules halogènes par des ampoules LED qui consomment moins d’énergie et qui dégagent beaucoup moins de chaleur.
La moitié des apports de chaleur internes au logement proviennent de nos appareils électriques (électroménager, multimédia…).
Les appareils électroménagers produisent de la chaleur à l’intérieur des logements.
Limiter l’inconfort, rafraîchir le logement
Enfin, plusieurs conseils vous permettront de limiter l’inconfort dû à la chaleur et de rafraîchir votre logement :
- Surventilez votre logement une fois la nuit tombée ou tôt le matin si la température extérieure est de plusieurs degrés plus basse que celle de votre logement. Préférez une ventilation avec de l’air traversant le temps de 10 minutes, en ouvrant plusieurs fenêtres ne se trouvant pas sur le même mur ou en ouvrant une fenêtre et votre porte d’entrée.
- Vous pouvez également utiliser l’évaporation de l’eau pour rafraîchir votre logement :
- Si votre copropriété dispose d’une cour intérieure, arroser le sol à grandes eaux en matinée peut permettre de rafraîchir cet espace.
- À l’intérieur de votre logement, vous pouvez suspendre un drap humide devant une fenêtre ouverte ou mieux : devant un ventilateur. Pour éviter de devoir le ré-humidifier lorsque le drap a séché, vous pouvez laisser tremper une partie de celui-ci dans une bassine d’eau. Cette technique peut permettre de gagner quelques degrés au sein de votre logement !
Le changement climatique n’épargnera pas la ville de Paris où les pics de chaleur et canicules sont appelés à se multiplier dans les prochaines décennies. Il est donc important d’apprendre dès maintenant à nous en préserver !
Pour aller plus loin
- Brochure de l’ADEME - Chaud dehors, frais dedans
- Brochure de l’Agence Parisienne du Climat - Le changement climatique à Paris
- Brochure de l’Agence Parisienne du Climat - L’îlot de chaleur urbain
- Rapport de l’Agence Internationale de l’Energie - The Future of Cooling
- La campagne du CLER - Réseau pour la Transition Energétique : »Stoppons la course aux climatiseurs individuels»