Le nouveau rapport du GIEC : il est encore temps d’agir

Lundi 8 octobre 2018, le GIEC a rendu public le résumé de son rapport spécial qui porte sur les conséquences d’une hausse des températures de 1,5 °C. Décryptage sur les résultats de ce rapport et sur les mesures à prendre.

Jardin des Tuileries
Jardin des Tuileries / © Jean-Baptiste Gurliat

Pourquoi un rapport sur 1,5 degré ?

L’accord de Paris, obtenu lors de la COP21 en 2015, prévoit de contenir la hausse des températures « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels ». Mais les pays les plus vulnérables au changement climatique avaient souligné la nécessité de « poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C ».

La COP21 avait alors missionné le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour produire un rapport qui permette de comprendre la différence entre un monde à +1,5 °C et +2 °C, par rapport à la période préindustrielle.

En effet, à l’époque, les négociateurs s’étaient aperçus qu’ils manquaient de connaissances suffisamment solides sur les conséquences de ces deux scénarios. Ce rapport compare donc à la fois les impacts à attendre en cas d’un réchauffement global de 1,5 °C ou 2 °C, mais étudie également les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre (GES) correspondantes.

Un résumé, approuvé par 195 États, a été publié le 8 octobre 2018. Il servira de base scientifique aux négociations de la COP24 qui se dérouleront en Pologne en décembre 2018. Ce travail établit un consensus sur la base de 6 000 articles scientifiques, la plupart d’entre eux résultant de projets de recherche menés spécifiquement pour répondre aux besoins de ce rapport.

0,5 °C de différence, est-ce vraiment important ?

La différence entre un réchauffement global de 1,5 °C et 2 °C pourrait sembler anecdotique. Et pourtant, la différence en termes d’impacts est significative. Par exemple :  

Il est encore temps  

Un des éléments les plus importants du rapport du GIEC est d’établir qu’il est encore temps pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Certes, les températures moyennes ont d’ores et déjà augmenté de 1 °C en raison des activités humaines depuis le début du siècle. Cependant, les émissions passées ne conduisent pas à un réchauffement au-delà des 1,5 °C, mais si nous continuons à émettre des gaz à effet de serre au rythme actuel, nous devrions passer la barre des 1,5 °C entre 2030 et 2052. C’est donc maintenant qu’il faut agir et chaque année compte !

Tout l’enjeu de la COP24 est de revoir à la hausse les engagements des États, car si l’on cumule les promesses des pays signataires dans le cadre de l’Accord de Paris, le réchauffement climatique global devrait plutôt atteindre 3 °C d’ici 2100.

Les émissions passées ne conduisent pas à un réchauffement au-delà des 1,5°C, c’est donc maintenant qu’il faut agir !

Quels efforts seront nécessaires ?

Selon le rapport du GIEC, les émissions mondiales de GES devraient commencer à décroître bien avant 2030. À cette date, il faudrait qu’elles aient baissé de 45 % par rapport à leur niveau de 2010. En 2050, nous ne devrions pas émettre plus de CO2 que ce que nous sommes capables de stocker (soit zéro émission nette).

Cet objectif n’est pas impossible à réaliser. Cependant, le rapport indique que l’on ne connait pas dans l’histoire de changements de cette ampleur. Cela demande d’agir de manière urgente, sans précédent et collectivement dans tous les domaines de la société. Les secteurs de l’énergie, de l’usage des sols, du transport, du bâtiment et les systèmes industriels devront se réinventer.

L’objectif n’est pas impossible à réaliser. Cependant, le rapport indique que l’on ne connait pas dans l’histoire de changements de cette ampleur et à cette échelle. Cela demande d’agir de manière urgente, sans précédent et collectivement dans tous les domaines de la société.

Si nous nous centrons sur le secteur de l’énergie, certains changements radicaux seront nécessaires : les énergies renouvelables devraient passer de 20 % aujourd’hui à 70 % de la production électrique au milieu du siècle, la part du charbon disparaitrait pratiquement, et la demande d’énergie devrait baisser. Selon le rapport, 2 400 milliards de dollars d’investissements annuels seront nécessaires entre 2016 et 2035 pour la transformation des systèmes énergétiques.

L’ensemble de la société doit se mobiliser

Il est indispensable que tous les acteurs de la société mettent en place des actions à leur échelle pour nous diriger vers un scénario +1,5 °C. Tout le monde a son rôle à jouer.

La Ville de Paris s’engage

Les villes ont évidemment un rôle primordial à jouer pour lutter contre le changement climatique. Certaines villes, comme Paris, ont pris l’ambitieuse décision d’aligner leur stratégie sur une trajectoire visant un réchauffement global de +1,5 °C, conformément à l’Accord de la COP21. Le nouveau Plan Climat voté par le Conseil de Paris en mars 2018 reprend cet objectif et prévoit pour cela plus de 500 mesures dans de nombreux domaines d’actions (bâtiment, transports, énergie, alimentation, déchets, cadre de vie, mobilisation, finance…). Ces mesures visent à réduire de 50 % les émissions de GES, de 35 % les consommations et d’atteindre 45 % d’énergies renouvelables d’ici 2030. Ces objectifs de moyen terme permettront de se placer dans la bonne voie pour pouvoir atteindre l’objectif de neutralité carbone et 100 % énergies renouvelables en 2050.

Agir en tant que citoyenne et citoyen

L’Agence Parisienne du Climat vous propose des actions et des solutions à mettre en place au quotidien : 

Consulter notre rubrique « Particulier » pour découvrir toutes les solutions dans ces domaines d’action. 

Le rapport du GIEC insiste sur la nécessité de réduire, outre le dioxyde de carbone, les émissions des autres gaz à effet de serre. Le protoxyde d’azote et le méthane sont deux gaz très nocifs pour le climat qui sont liés à la fertilisation des sols et aux rots des ruminants.

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