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Vers un Paris « 100 % cyclable » avec le nouveau plan vélo de la Ville
Lors du Conseil de Paris de novembre dernier, un nouveau Plan Vélo a été adopté pour la période 2021-2026, avec une ambition affichée : faire de Paris une ville 100 % cyclable.
Accompagner et accélérer le développement des usages
La pratique du vélo a explosé à Paris ces deux dernières années : la fréquentation des pistes cyclables a augmenté de 47 % entre 2019 et 2020, et encore de 22 % entre 2020 et 2021. Les grèves et la crise sanitaire ont fait de nouveaux·elles adeptes, aux profils plus variés, qui se sont notamment retrouvé·es sur les nouvelles « coronapistes ». Des pics à 25 000 cyclistes par jour ont été observés rue de Rivoli.
Pour accompagner et accélérer le développement du vélo, après la Métropole l’été dernier, la Ville de Paris a adopté en novembre son nouveau Plan Vélo 2021-2026. Il prévoit un investissement de 250 millions d’euros, soit 100 millions de plus que le premier plan qui a expiré en 2020, pour rendre Paris 100 % cyclable.
Premier levier : établir de nouvelles pistes cyclables sécurisées – 180 km au total, dont 52 km de coronapistes pérennisées – pour parvenir à un maillage complet. Celui-ci sera assuré par
- un « réseau Vélopolitain parisien », en synergie avec les axes du RER vélo et le réseau Vélopolitain de la Métropole du Grand Paris,
- et un « réseau secondaire » particulièrement utile pour les déplacements inter-arrondissements.
Ce maillage sera accompagné d’une généralisation des doubles-sens, avec l’objectif d’atteindre 390 km d’ici 2026.
Schéma directeur du Plan Vélo 2021-2026 © Ville de Paris
Renforcer la sécurité et le confort des cyclistes
Alors que la peur du vol est la première raison avancée par les personnes renonçant à utiliser un vélo, le nouveau plan prévoit plus de 100 000 nouvelles places de stationnement sécurisées : dans le parc privé (50 000), à proximité des gares (40 000) sur le modèle des vélostations, sur l’espace public ou en parking (10 000). S’y ajouteront 30 000 nouvelles places en arceaux sur l’espace public.
Plusieurs mesures sont annoncées pour renforcer la sécurité des cyclistes. Cela passera d’abord par l’aménagement de lieux clés, comme les carrefours et les portes, avec l’installation par exemple de carrefours à la hollandaises (voir ci-dessous), d’îlots protecteurs, et le marquage de nouveaux sas vélos (la zone avancée devant un feu réservée aux cyclistes). Des « points noirs », particulièrement dangereux, feront l’objet d’un traitement spécifique. Un nouveau jalonnement (ou signalisation directionnelle) sera introduit pour aider les cyclistes à se positionner et à s’orienter. Les règles et leur application évolueront également, avec
- la réalisation d’un « Code de la rue » ;
- un réglage des feux tricolores qui donne la priorité aux bus, aux tramways et aux vélos ;
- un renforcement des contrôles ;
- et des actions de sensibilisation et de communication.
Un carrefour à la hollandaise à Pantin (Seine-Saint-Denis). Très populaire aux Pays-Bas, cette intersection consiste en deux anneaux : l’un à l’intérieur pour les voitures, un autre (en vert) à l’extérieur pour les vélos, qui sont prioritaires.
Développer la culture vélo
Ce plan vise en outre à développer une « culture vélo » à Paris, et ce dès le plus jeune âge, avec la création d’un « Passeport vélo » dans les écoles élémentaires pour que les jeunes écolier·ères sachent faire du vélo en entrant au collège. Des « vélos-écoles » seront également destinées à faciliter l’apprentissage des adultes. La promotion du vélo se fera aussi par des subventions aux nombreuses associations qui participent à son développement (organisation de sorties à vélo, de cours, de bourses aux vélos, d’ateliers de réparation…), ainsi que par des aides financières à l’écomobilité, qui seront réformées. Concernant les services de vélos partagés, en plus du Vélib’, un appel d’offres sera lancé pour sélectionner l’offre de freefloating (vélos en libre-service).
Au-delà de la mobilité, le plan souhaite promouvoir le cyclotourisme et la pratique sportive du vélo, avec pour horizon les Jeux Olympiques et Paralympiques, dont 15 % des déplacements engendrés devront se faire à vélo. La culture vélo doit imprégner les réflexions autour de l’élaboration d’une « Stratégie Logistique Urbaine », par exemple en adaptant les pistes cyclables et les stationnements aux vélos triporteurs, en améliorer les conditions de travail et le statut des auto-entrepreneur·euses de la livraison à vélo, et en créant un maillage de petits hubs du dernier kilomètre.
Ce plan aura pour mission d’exploiter le potentiel important du territoire parisien, ce qui est encore loin d’être le cas. D’après l’ADEME, la part modale du vélo à Paris, qui était de 5,6 % en moyenne sur la décennie écoulée, s’approcherait des 20 % en 2030 en poursuivant les tendances, et pourrait atteindre 28,5 % dans un scenario « volontariste ». Plus de 200 ans après la présentation de la draisienne au parc du Luxembourg, le vélo s’apprêterait à vivre son âge d’or à Paris, tout en détrônant la voiture. La Ville souhaite s’y préparer.