Le plan de sobriété en eau de Paris : faire de la capitale un territoire durable

« L’eau est un bien commun qu’il faut protéger » (Jean Jouzel, climatologue) est la maxime de la Ville de Paris pour ce plan de sobriété en eau adopté par le Conseil de Paris en octobre 2024. Avec le changement climatique, la question de la pression sur les ressources et notamment sur l’eau, se pose et est à l’origine de la rédaction de ce plan qui s’articule avec le Plan Climat de Paris 2024-2030. L’objectif : économiser l’eau et rendre Paris résiliente.

Guillaume Bontemps/Ville de Paris

Impacts sur la disponibilité, la qualité, l’approvisionnement… Le Plan de Sobriété en eau de Paris, adopté en octobre 2024, vise à réduire les pressions sur les ressources en eau au travers d’objectifs de réduction des consommations. Pour intégrer la sobriété dans ses actions, la Ville a organisé ce plan autour de 4 axes et de 28 actions favorisant un développement durable.

Une sobriété… en eau ?

Si la région francilienne n’apparaît pas forcément comme l’une des plus vulnérables aux risques autour de l’eau, elle sera de plus en plus vulnérable aux sécheresses avec l’intensification des changements climatiques et la poursuite de son développement économique et démographique. La Ville de Paris prévoit :

Cette ressource est d’autant plus précieuse qu’elle est essentielle pour rafraîchir le territoire pendant les canicules ou renforcer la biodiversité, à travers la végétalisation notamment.

Il est donc primordial de mettre en place des actions de préservation de la ressource afin de construire un avenir durable. D’autant que ces épisodes de sécheresse sévère pourraient avoir des dégâts économiques estimés par l’OCDE a plus de 2,5 milliards d’euros en Ile-de-France, sans compter leurs impacts majeurs sur les écosystèmes et les ressources en eau.

Le plan pour devenir sobre

Le plan de sobriété hydrique de Paris se décline en 4 axes présentant 28 actions :

Ce plan, qui s’articule avec les objectifs du Plan Climat sur la préservation des ressources naturelles, a pour objectif principal la réduction de 15% des prélèvements en eau d’ici 2030, dont :

Cela suit également la stratégie de l’Agence de l’Eau Seine Normandie qui vise à réduire les prélèvements en eau potable de 1,36 milliard de m3 (2019) à 1,17 milliard en 2030.

Le saviez-vous ?

L’eau potable de Paris est prélevée dans les eaux souterraines de Seine-et-Marne, de l’Yonne et de l’Eure et dans des eaux de surface de la Seine et de la Marne dans le Val-de-Marne. Cette diversité de ressources permet la résilience du réseau.
L’eau non traitée, dite non potable, est une eau destinée à des usages autres que la consommation humaine, tels que l’arrosage ou le nettoyage des rues. Elle est issue des fleuves traversant le Bassin parisien.

La Ville de Paris a pour ambition de relever les défis écologiques actuels et futurs en favorisant un développement durable du territoire. De ce fait, elle a établi une stratégie de réduction des prélèvements en eau pour les années à venir.

Une sobriété en 4 axes

Repenser et optimiser les usages en eau

Face aux risques de pénuries d’eau d’ici 2050 engendrés par le changement climatique (augmentation et intensification des périodes de sécheresses, baisse de la recharge des nappes phréatiques…), les usages concernant la consommation d’eau doivent être repensés et envisagés sous le prisme de la sobriété.

Pour ce faire, plusieurs leviers d’actions ont été identifiés par la Ville tels que :

Entretenir et rénover les réseaux d’eau potable et non potable

L’une des actions clés du Plan de Sobriété Hydrique de Paris est d’économiser l’eau par la réduction des pertes causées par des fuites dans les réseaux.

La Ville prévoit ainsi de mettre en place des actions d’entretien, de suivi et de modernisation du patrimoine existant. Elle souhaite notamment réduire le taux de fuite du réseau d’eau non potable qui est très vétuste grâce à une stratégie élaborée dans le Schéma Directeur du Réseau d’Eau Non Potable 2022-2034.

Le réseau d’eau non potable de Paris

Hérité des grands travaux du baron Haussmann, le réseau d’eau non potable parisien est unique en son genre. Implantés en majorité dans les égouts parisiens, il est alimenté par le canal de l’Ourcq, la Seine et la Marne. Il compte près de 1 700 km de canalisations qui distribuent en moyenne plus de 214 000 m³ d’eau par jour. Celle-ci est utilisée en grande partie par les services municipaux pour :

Le réseau d’eau non potable peut également être relié à des utilisateurs publics et privés pour l’arrosage et le lavage de leurs espaces extérieurs, pour des activités industrielles ou encore pour alimenter des chauffages et climatisation.

Par son usage, l’eau brute n’a pas besoin d’être traitée et représente, pour certains usages, une alternative à l’utilisation d’eau potable.  

La municipalité prévoit également de moderniser le parc de sanisettes pour les rendre plus sobres en eau, grâce à un système de lavage plus efficace. L’installation d’instruments de mesure des consommations et de détection des fuites dans les équipements municipaux et le renforcement des objectifs d’économie d’eau dans les nouveaux équipements participeront à atteindre les objectifs de la Ville en termes de sobriété hydrique.

Diversifier les sources d’eau

Afin de limiter les prélèvements d’eau dans le milieu naturel, la Ville de Paris souhaite mettre en place des solutions alternatives à l’usage d’eau potable et non potable.

Elle envisage ainsi de valoriser d’autres sources d’eau, dont :

L’objectif est ainsi de favoriser un mix hydrique pour substituer, dès que cela est possible, l’utilisation d’eau potable et rendre la ville plus résiliente. Ces solutions sont complémentaires avec des actions de réduction globale de la consommation d’eau telles que des aménagements urbains favorisant l’infiltration des eaux de pluie en pleine terre et une végétation adaptée au changement climatique, moins demandeuse en eau.

Mieux comprendre les usages et sensibiliser aux enjeux

La Cour des Comptes a émis plusieurs recommandations dans son rapport publié en juillet 2023 sur la gestion quantitative de l’eau en période de changement climatique. Parmi elles, mieux comprendre les usages et améliorer la connaissance sur les ressources et les prélèvements. Pour répondre à ces enjeux, la Ville de Paris ambitionne de mener une étude les consommations d’eaux sur le territoire et de mener un travail de sensibilisation et de formation des acteurs du territoire, des agents de la Ville et des citoyennes et citoyens. Elle souhaite aussi renforcer sa communication sur le sujet, notamment en cas de période de sécheresse.

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