Nouvelle stratégie de résilience : comment Paris se prépare au pire

Le 10 décembre 2024, la Ville de Paris a présenté la refonte de sa stratégie de résilience pour anticiper et faire face collectivement aux crises et défis, présents et à venir. Cette stratégie constitue une feuille de route définissant des actions concrètes pour préparer la ville à faire face à des chocs, qu’ils prennent la forme de crise aigües (par exemple un attentat), de stress chronique (comme la pollution de l’air) ou de changements irréversibles (tel le changement climatique).

Cellule de crise de la Ville de Paris
Cellule de crise de la Ville de Paris ©Josephine Brueder/Ville de Paris

Contexte

Naissance de la stratégie de résilience de Paris

Attentats, changement climatique, risques pour la qualité de vie en ville, autant de raisons qui ont poussé Paris à développer une stratégie de résilience en 2017. Cette dernière a été lancée avec l’ambition de renforcer les solidarités entre les Parisiennes et Parisiens, adapter les infrastructures, développer l’intelligence collective et mobiliser les territoires qui entourent Paris pour faire face aux crises prévisibles comme imprévisibles.

Le bilan de la stratégie 2017-2022

De cette stratégie, 35 actions concrètes ont été impulsées de 2017 à 2022. Parmi les actions emblématiques de la stratégie, on peut noter la formation de 12 000 à 15 000 Parisiens par an aux gestes de premiers secours ou encore le développement du programme Cours Oasis qui permet de rafraîchir et débitumer les cours d’écoles afin d’améliorer le quotidien des usagers des groupes scolaires parisiens. Un réseau, les «  Volontaire de Paris », a également été mis en place pour former et outiller des citoyens Parisiens à la gestion de crise. Ce programme rassemble aujourd’hui 75 000 Parisiens et Parisiennes.

Formation premiers secours par la Sécurité Civile à Paris ©Jean Baptiste Gurliat/Ville de Paris

Une refonte co-élaborée 

Depuis deux ans, Pénélope Komitès, adjointe à la mairie de Paris chargée de l’innovation, de l’attractivité, de la prospective Paris 2030 et de la résilience, a travaillé sur la refonte de la stratégie de résilience de Paris en partenariat avec de nombreux acteurs :

Ces différentes parties prenantes se sont réunies lors de groupe de travail, d’ateliers de prospective encadrés par le CAUE 75 ou encore de réunions publiques pour s’acculturer aux principes de la résilience urbaine mais également pour formuler des propositions.

De ces rencontres résultent 50 actions concrètes à mettre en œuvre pour renforcer la résilience de Paris. Celles-ci sont déclinées autour de 4 orientations :

La nouvelle stratégie de résilience vient compléter les autres plans de la Ville qui cherche à transformer Paris sur le temps long comme le plan local d’urbanisme bioclimatique, le Plan climat, le Plan biodiversité, le Plan d’alimentation durable, ou le Plan Parisien Santé Environnement.

Les actions phares de la nouvelle stratégie de résilience

Le 10 décembre 2024 à l’Hôtel de Ville de Paris, 4 tables rondes autour des 4 axes de la stratégie de résilience ont éclairé ses fondements et les actions clés qu’elles proposent de mettre en œuvre.

L’acculturation aux risques, le fer de lance de la stratégie parisienne

La culture du risque désigne la conscience partagée par l’ensemble des acteurs des risques auxquels leur territoire de vie est exposé. La Ville de Paris a engagé plusieurs actions pour sensibiliser les Parisiens et Parisiennes aux comportements à adopter en cas de crise. Parmi celles-ci, on trouve la volonté d’organiser tous les ans un exercice de crise comme « Paris à 50 °C » ou encore de diffuser à la population une méthode pour constituer un « kit d’urgence » . La ville souhaite également renforcer le programme « Paris qui sauve » pour former les Parisiens aux gestes de premiers secours.

En plus de la journée du 13 octobre consacrée à la thématique, la Ville de Paris souhaite accompagner la création d’un Campus de la résilience qui serait un centre de ressources et d’évènements pour acculturer les habitants aux risques encourus par la capitale. Un cycle d’évènements sur l’histoire et la mémoire des crises à Paris sera également organisé. Il est déjà possible de faire une visite sur Paris et ses crises au musée Carnavalet. La stratégie est claire, Paris veut animer la culture de la résilience !

Les solidarités et le lien social pour faire face aux crises

Alors que la majorité des morts lors de la canicule de 2003 étaient des personnes isolées, la Ville de Paris souhaite resserrer les liens de proximité en multipliant les lieux de convivialité dans les quartiers, mais aussi soutenir des initiatives comme le programme « Attentifs aux autres » de l’association Astrée dans les collèges ou encore en établissant une cartographie collaborative des initiatives sociales inspirée du programme Vivre ensemble.

Une des actions envisagées est de mettre en œuvre un plan « Grand chaud » pour protéger les personnes à la rue en cas de canicule, en résonance au plan « Grand froid », déclenché au bout de 72 heures de températures extrêmes.

La Ville de Paris veut également amplifier le recensement des personnes âgées, isolées, ou en situation de handicap, vulnérables pendant les crises grâce au fichier REFLEX. Les questions de l’anticipation des migrations environnementales ou encore de la sensibilisation à la santé mentale face aux crises ont été mentionnées dans la stratégie.

Transformer Paris pour se préparer aux défis et risques émergents

La nouvelle stratégie de résilience souhaite élaborer un atlas des vulnérabilités et des robustesses de Paris et identifier les îlots de fraicheur publics et privés mobilisables en cas de canicule. Des nouveaux usages pour les sous-sols seront expérimentés, comme lieux de refuge ou de stockage.

Un travail devrait être mené en partenariat avec les architectes des Bâtiments de France sur l’adaptation des toits de Paris au climat futur notamment ceux en zinc qui représentent 2/3 des toitures parisiennes.

Un volet évoque également l’anticipation du risque inondation, via la sensibilisation de la population, des exercices de crises et des aménagements expérimentaux, quant un autre traite de la raréfaction de la ressource en eau et de pénuries alimentaires. Sur ce dernier point, l’Apur estime entre 5 et 7 jours l’autonomie alimentaire de Paris.

Agir sur la résilience à toutes les échelles par la coopération

La stratégie s’intéresse à la résilience de l’administration parisienne en proposant une série de mesures pour adapter et anticiper les modalités du travail en temps de crise notamment lors des canicules. Elle souhaite adapter son système assurantiel municipal face à la multiplication des crises tout en analysant la réactivité du budget face aux crises afin de garantir la résilience financière de la Ville sur le long terme.

Elle cherche également à continuer à se préparer et accompagner la population face aux cybermenaces. Des actions de prévention et de sensibilisation déjà mises en place seront renforcées pour assurer la sécurité des systèmes informatiques, et la culture du risque numérique doit être transmise au grand public. La Ville de Paris souhaite soutenir et s’appuyer sur les acteurs économiques, de la recherche et de l’innovation pour la résilience de Paris tout en favorisant les coopérations interterritoriales et internationales.