Plan Biodiversité 2025-2030
Pour les cinq prochaines années, la Ville de Paris adopte un nouveau Plan biodiversité. Dans la continuité des plans de 2011 et 2018, cette troisième édition renforce l’ambition écologique de la capitale en misant sur une démarche plus transversale et un ancrage local, avec des actions concrètes qui font pousser la nature en ville.

Contraction de « diversité biologique », la biodiversité désigne l’ensemble du monde vivant (animaux, végétaux, champignons, lichens, micro-organismes), sa diversité génétique et les écosystèmes qui le composent (forêts, montagnes, fleuves, prairies, mers…). Ce concept dynamique s’est imposé dans le langage courant depuis le Sommet de la Terre de 1992.
La planète connait sa sixième grande extinction de masse : un quart des mammifères, un huitième des oiseaux et un tiers des amphibiens et des arbres sont menacés de disparition. Ce déclin, largement imputable aux activités humaines telles que l’urbanisation, la pollution, l’exploitation des ressources naturelles et le changement climatique, constitue un enjeu majeur. Or, le vivant est essentiel à notre bien-être quotidien, en fournissant des ressources, en régulant notre environnement et en assurant nos besoins fondamentaux. En ville, où les espaces naturels sont rares et fragmentés, sa préservation est un levier crucial pour améliorer la qualité de vie, la santé publique et la résilience aux crises climatiques.
Devant cette menace croissante, la mobilisation mondiale s’est intensifiée, marquée par des étapes décisives comme la Convention sur la diversité biologique (1992) et le Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal (2022), qui a fixé l’objectif de protéger 30 % des terres et des eaux d’ici à 2030. Cet engagement a trouvé un écho en France à travers un ensemble de mesures, telles que la Stratégie biodiversité 2030, le Plan Nature en Ville ou encore la loi Climat et Résilience, qui prévoit notamment l’objectif de Zéro Artificialisation Nette à l’horizon 2050. Dans les territoires, des stratégies régionales encadrent aussi les actions, comme le Schéma régional de cohérence écologique d’Île-de-France. À Paris, cette dynamique a été renforcée par le dernier plan biodiversité et le « mandat de la végétalisation », qui ont transformé l’espace public par des plantations massives, l’ouverture de nouveaux espaces verts et la création de forêts urbaines. Cette étape a toutefois mis en lumière la nécessité d’une approche plus transversale, plus partenariale et mieux ancrée dans les réalités locales.
C’est précisement cette ambition qui guide le nouveau plan biodiversité 2025-2030. Ses 20 objectifs, enrichis d’enjeux transversaux portant sur des espaces clés comme les bois, la Seine ou les haies, se structurent autour de trois grands axes :
- Expertiser et préserver la biodiversité du territoire parisien
- Faire de la biodiversité un atout pour la résilience du territoire
- Sensibiliser, impliquer et coopérer en faveur de la biodiversité
De la réflexion à la mise en œuvre, en passant par l’implication des acteurs, cette feuille de route dessine une nouvelle façon de faire ville avec le vivant.
Le défi de la coordination transversale pour un enjeu écologique systémique
Décloisonner les enjeux et les politiques publiques
Les problématiques de biodiversité, au même titre que d’autres questions écologiques, ont vocation à irriguer toutes les politiques publiques de la capitale. Santé, climat, agriculture, tourisme, urbanisme, gestion de l’eau ou encore finances : les 85 actions du plan s’inscrivent dans une logique de complémentarité, pour relever des défis cruciaux à travers une action publique environnementale cohérente et coordonnée.
Ainsi, cette feuille de route s’articule avec les autres stratégies de la Ville — Plan Climat, Plan arbre, Plan Parispluie, Stratégie de résilience, PLU bioclimatique, Programme Local de prévention des déchets ménagers et assimilés, Plan alimentation durable, Plan Parisien Santé Environnement — qui partagent une vision commune : adapter la ville, réduire les pressions sur la biodiversité, et renforcer sa résilience grâce à des écosystèmes vivants, connectés et fonctionnels.
L’exemple le plus marquant de cette approche est sans doute la convergence des enjeux liés au changement climatique et à la biodiversité dans l’aménagement du territoire. La Ville de Paris s’est fixé l’objectif de végétaliser 40 hectares supplémentaires de surfaces bâties, publiques et privées, d’ici à 2030. Cette ambition se traduit par une série d’actions concrètes : végétalisation des rues, désimperméabilisation des sols, mobilisation du bâti pour accueillir le vivant, prise en compte des disparités territoriales dans l’accès aux espaces naturels, mais aussi développement du BiodivScore, un outil d’auto-évaluation destiné aux concepteurs et aménageurs pour renforcer la qualité écologique des projets urbains. Autant de leviers structurants pour préserver les ressources, améliorer le confort des habitants et agir pour la santé publique.

Évaluer et dessiner une vision globale pour piloter l’action biodiversité
Pour lier les politiques sectorielles et évaluer l’état du vivant à Paris, le Plan mise sur une série de dispositifs de suivi. Ces derniers doivent permettre d’ancrer les décisions dans les conditions réelles du terrain, d’améliorer la connaissance et d’adapter les actions au fil du temps :
- Mesurer l’empreinte biodiversité de la ville. Paris ambitionne de devenir la première capitale à calculer son empreinte biodiversité, c’est-à-dire l’impact de ses activités et de son patrimoine sur la nature, y compris au-delà de son territoire. Cette démarche permettra une auto-évaluation des actions menées, et in fine, une prise de décision plus éclairée.
- Création d’un baromètre de la biodiversité. Reposant sur des inventaires réguliers, cet outil suit l’évolution de la qualité des habitats prioritaires et des espèces « indicatrices » de l’état de la biodiversité. Ces dernières seront définies en lien avec le Comité Parisien de la Nature et de la Biodiversité.
- Suivi de la faune et de la flore protégées et menacées à l’échelle parisienne, comme le hérisson d’Europe.
- Cartographie des habitats prioritaires et des trames, permettant une gestion plus ciblée des espaces à préserver.
- Suivi de l’évolution de la perméabilité des sols, avec un objectif de 30 % du territoire perméable et végétalisé d’ici à 2030.
- Soutien et développement d’études et observatoires dédiés pour affiner la connaissance des biotopes et de la biocénose.
La continuité des milieux écologiques au service d’écosystèmes diversifiés et ancrés localement
Faire place au vivant et tisser des continuités écologiques, de la rue aux Bois
La fragmentation des milieux est à la fois l’un des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité et un défi de taille en ville dense. Pour y répondre, Paris s’engage à créer et à améliorer ses réservoirs de biodiversité et ses corridors écologiques — c’est-à-dire les liaisons entre ces espaces riches en espèces et en habitats. Cela s’incarne par le renforcement des trames verte et bleue. Consignées dans le document de référence Chemins de la nature, elles représentent les réseaux d’habitats terrestres et aquatiques. Par ailleurs, la Ville travaille à cartographier les continuités entre ces écosystèmes, afin de permettre aux espèces de mener à bien leurs cycles biologiques — reproduction, déplacements, alimentation — en prenant en compte des critères comme le calme acoustique (trame blanche), l’obscurité (trame noire) et la qualité écologique des sols (trame brune).
Ces ambitions prennent corps dans des aménagements concrets, comme la préservation d’espaces essentiels tels que la Seine, les Bois de Boulogne et de Vincennes, ou encore les haies parisiennes :
Favoriser les habitats naturels
Création de 40 nouveaux refuges de biodiversité et aménagement d’au moins 100 quartiers favorables à la faune sauvage sur le modèles des Quartiers Moineaux, déclinés pour d’autres espèces comme le hérisson d’Europe ou les chauves-souris.
Plantation de haies continues, allant de 500 mètres à plusieurs kilomètres par arrondissement.
Améliorer la qualité environnementale
Aménagement de 500 rues végétalisées et piétonnisées.
Extinction de l’éclairage public dans 100 % des espaces verts fermés, y compris ceux gérés par des opérateurs privés dans le cadre d’un contrat de concession.
Renaturer les milieux aquatiques
Création d’au moins 20 mares ou bassins végétalisés.
Ajout de 4 000 m² de nouveaux plans d’eau dans le bois de Vincennes.

Prendre soin des espaces de biodiversité
Au-delà de ces aménagements, l’ambition est de transformer les pratiques de gestion des espaces verts. La Ville vise un entretien écologique et différencié de l’ensemble de ses espaces végétalisés.
C’est l’application de pratiques d’entretien respectueuses de l’environnement et du vivant. Elle vise à faire de la commune un milieu favorable à la biodiversité, tout en répondant aux attentes et besoins des usagers. Elle repose sur une gestion adaptée des espaces verts, selon leur type et leurs fonctions — qu’elles soient culturelles, sociales ou écologiques.
Concrètement, cela se traduit par l’intensification de la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, la poursuite de la politique zéro-phyto, mais aussi, comme le décrit le Plan Biodiversité 2025-2030 “le désherbage manuel, la réutilisation des déchets verts, la réduction de la consommation en eau pour les arrosages, la protection de la qualité des sols via le paillage, l’installation de refuges faunistiques, le choix des plantes les plus adaptées à l’écosystème (plantes régionales et diversifiées) et la recherche de diversification des habitats (tas de bois mort, roncier, prairie à fauche tardive…)” .
Mener des projets au plus près des parisiennes et parisiens
En complément des actions déployées à l’échelle de tout Paris, 84 projets locaux définis par les Mairies d’arrondissement visent à rapprocher les citoyens de la nature et à encourager leur implication :
- Végétalisation de rues, places, toitures, cours et murs
- Création de nouveaux jardins partagés, de vergers urbains, mares, prairies fleuries, radeaux végétalisés…
- Diverses sensibilisations et expérimentations, comme l’adaptation des éclairages à la faune nocturne ou bien le projet de « Forest School », c’est-à-dire l’aménagement d’un lieu pour accueillir des classes dans la nature.
- Multiplication des refuges et des habitats pour la faune et la flore (espaces labellisés Refuge LPO®, nichoirs, abris, plantations nourricières…)
Retrouvez ci-dessous la carte des projets d’arrondissement, qui seront réalisés à horizon 2030.

Une attention particulière est portée aux quartiers dits « prioritaires et populaires », souvent confrontés à des fragilités multiples — sociales, économiques, environnementales — et à un accès limité aux espaces verts. Chaque année, un appel à projets spécifique permet de soutenir les associations engagées pour la biodiversité et le jardinage urbain dans ces territoires.
La mobilisation collective pour une stratégie biodiversité partagée
Bien que les services de la Ville soient à la manœuvre, ils ne sont pas seuls : la stratégie repose sur une démarche de coconstruction et le pari de la coopération avec les acteurs locaux.
Coconstruire la stratégie biodiversité parisienne
Citoyens, associations, scientifiques, institutions publiques, entreprises et collectifs citoyens ont été associés à travers des instances de concertation telles que les conseils de quartier, le Comité Parisien de la Nature et de la Biodiversité, ou encore l’Assemblée citoyenne de Paris. La Ville de Paris a fortement mis l’accent sur la participation citoyenne, avec une consultation publique de cinq mois. Elle a été suivie d’un vote en mars 2025 qui a recueilli 66 % de voix favorables à la végétalisation et à la piétonisation de 500 rues.
Cette mobilisation collective donne ainsi corps à une stratégie de biodiversité partagée, où chaque acteur devra prendre toute sa part pour répondre à la crise en cours.
Impliquer toutes les parties prenantes
Ainsi, le nouveau Plan Biodiversité 2025-2030 de Paris mise sur l’implication de l’ensemble des parties prenantes pour la sauvegarde du vivant à l’échelle de la capitale. Cette mobilisation se décline en plusieurs axes :
Intégrer les enjeux biodiversité aux métiers existants et à venir
La Ville entend former ses agents, élus et acheteurs publics, tout en promouvant les métiers de la biodiversité dès l’enseignement primaire jusqu’au supérieur.
Sensibiliser le grand public
Paris met en place des activités nature à tous les âges, de la crèche à l’université, avec l’ambition que chaque école bénéficie d’un espace naturel à proximité. De plus, la capitale prévoit de proposer des animations gratuites et de renforcer l’offre d’événements pour le grand public. En outre, l’engagement citoyen est encouragé via des dispositifs comme la Convention citoyenne sur la Seine, qui permet aux habitants de participer à la définition de nouvelles protections pour le fleuve et ses usages, ou encore l’attribution de permis de végétaliser, donnant aux Parisiennes et Parisiens la possibilité d’agir directement sur l’espace public.
Mobiliser des financements
Pour concrétiser ses ambitions, Paris souhaite déployer tous les leviers financiers possibles à l’échelle nationale, européenne et locale. Cela inclut particulièrement l’allocation des budgets de la Ville au financement de projets favorables à la biodiversité, ainsi que la transformation de la commande publique en sanctuarisant des crédits dédiés à la biodiversité.
Sceller des partenariats
Paris prévoit de développer des partenariats avec les agriculteurs urbains et ruraux, les réseaux internationaux, d’autres villes, ainsi qu’avec les acteurs associatifs et scientifiques parisiens.
Accompagner le secteur privé
La Ville s’engage à soutenir les entreprises, en particulier les PME, start-up et structures d’insertion engagées dans la biodiversité, ainsi que les associations œuvrant pour le vivant. Elle poursuit également l’accompagnement technique et financier de la végétalisation des copropriétés via le dispositif CoprOasis. De plus, elle propose des outils pour les professionnels de l’adaptation du territoire, notamment à travers la plateforme AdaptaVille.