Entretien avec Juana, chargée de visite du Slime parisien

À l’origine, je suis architecte du patrimoine. Après avoir travaillé dans la restauration des monuments historiques, je me suis intéressée aux centres urbains anciens, puis aux écoquartiers et constructions durables, au mal logement. J’ai finalisé ma formation dans la rénovation énergétique. Ces casquettes me sont particulièrement utiles pour aborder le sujet de la précarité énergétique. Aujourd’hui, je suis chargée de visite pour le volet technique du Slime depuis le début du dispositif, il y a deux ans et demi.

Pendant la visite, j’évalue l’état du bâti (les pathologies visibles, les dégradations, la configuration des lieux pouvant favoriser ces désordres) et, en général, tout ce qui peut être signalé par le ménage comme source d’inconfort ou d’inquiétude.

Concernant les équipements, je note l’état de fonctionnement, la vétusté, l’adéquation à la taille du logement ou aux besoins du ménage, leur efficacité par rapport à la consommation d’énergie ainsi que les habitudes pouvant affecter le bon fonctionnement des appareils.

Il y a plusieurs indicateurs : des zones du logement ressenties par le ménage comme particulièrement froides, des tâches, des moisissures, des revêtements dégradés, des courants d’air même légers. Je me sers aussi, d’une caméra thermique (lorsque les conditions le permettent) pour confirmer ou infirmer ce premier diagnostic visuel.

Lorsqu’un comportement ou une habitude du ménage a une incidence sur la consommation d’énergie ou sur la performance des équipements, je prends le temps d’expliquer pourquoi et comment optimiser le fonctionnement des appareils par des gestes simples : un bon réglage, l’entretien, des appareillages peu onéreux. Ceci étant, la précarité énergétique ne découle quasiment jamais d’un mauvais usage des équipements, mais bien de difficultés financières chez le ménage, de tarifs de l’énergie en hausse et/ou d’une mauvaise isolation thermique.

En plus de l’application des écogestes, de nombreux mécanismes existent pour venir en aide aux ménages en difficulté : des aides spécifiques des mairies, des chantiers d’auto réhabilitation, des aides à la rénovation pour les propriétaires. Notre mission est justement d’informer et d’orienter les ménages pour qu’ils puissent agir ensuite de façon éclairée.

Malheureusement, du fait d’un marché locatif particulièrement tendu et des prix élevés, on trouve les mêmes problèmes de façons récurrentes : des petites surfaces, souvent avec surpopulation, des ménages isolés ou en rupture numérique, des conflits avec les propriétaires, et ensuite tout ce qui est inhérent à un bâti ancien comme celui de Paris : l’absence d’isolation, des menuiseries anciennes, des équipements vétustes etc.

Le contact avec les ménages, sans doute.  Les faire se sentir écoutés et pris en compte.  Les informer et les aider à se sentir bien chez eux est très satisfaisant.