Paris face aux inondations : comprendre les risques avec l’EPTB Seine Grands Lacs

À l'occasion du déploiement de sa stratégie de résilience, la Ville de Paris organise des animations pour informer et préparer les habitants et habitantes face au risque d’inondation. L'Agence Parisienne du Climat s'associe à cette initiative pour rappeler aux Parisiennes et aux Parisiens les gestes à adopter et les informations clés à retenir en cas de crue. À nos côtés, Élise Alévêque, chargée d’EPISEINE — un dispositif créé par l’EPTB Seine Grands Lacs — apporte son expertise sur la sensibilisation aux risques de crues en Île-de-France.
La devise de Paris, « Fluctuat nec mergitur » (« Battu par les flots mais ne sombre pas ») incarne depuis des siècles la capacité de la capitale à surmonter les épreuves. Elle prend un relief particulier à l’heure où la menace des inondations se fait plus pressante. Dans un contexte de dérèglement climatique, et de concentration des enjeux — sociaux, technologiques, culturels, économiques — il est essentiel de mieux comprendre ce risque pour s’y préparer collectivement.
Comprendre les inondations parisiennes
Qu’est-ce qu’une inondation ?
Les inondations peuvent être causées par de fortes pluies, une remontée de nappe phréatique ou un débordement de cours d’eau.
Dans cet article, nous nous focaliserons spécifiquement sur les crues de la Seine. Toutefois, lors d’un débordement du fleuve, les nappes phréatiques peuvent également être affectées : alors qu’habituellement la nappe absorbe l’eau du fleuve par infiltration, en période de crue, elle est saturée et l’eau finit par remonter à la surface, touchant murs, caves et autres infrastructures. Ainsi, habiter loin du fleuve ne signifie pas être à l’abri du risque d’inondation. Pour en savoir plus, consultez la vidéo explicative d’EPISEINE.
Pourquoi Paris est-elle vulnérable face aux risques d’inondations ?
Alors que la mémoire des inondations tend à se dissiper, la prise de conscience d’un risque majeur semble reculer chez les Franciliennes et Franciliens, selon un récent sondage de l’IPSOS.
« La métropole parisienne, comme de nombreuses grandes villes, s’est structurée géographiquement à proximité de l’eau » — rappelle Élise Alévêque. La Seine, traversant la région sur environ 13 km au cœur de Paris, ainsi que ses affluents, ont façonné le développement urbain, notamment avec les 37 ponts qui enjambent le fleuve. C’est pourquoi l’histoire témoigne de crues importantes, comme celles de 1648, 1910, ou encore 1982 qui ont submergé de vastes portions de la ville et de la région pendant plusieurs semaines, et jusqu’à deux mois.
« La dynamique des crues de la Seine et de la Marne est généralement lente, avec un pic de crue pouvant être atteint en plusieurs jours. En 1910, il a fallu 10 jours pour que la Seine atteigne son niveau maximal ! » souligne Élise Alévêque.
Cela s’explique par la forme du bassin de la Seine, très grand et plat. Ce phénomène permet en général de prévoir la montée des eaux 1 à 3 jours à l’avance, ce qui offre un délai crucial pour alerter les habitants et limiter les risques humains. Cependant, la décrue est également très lente.
Les crues peuvent causer de lourds dégâts, notamment en raison de la forte densité urbaine de Paris : la capitale abrite d’importantes infrastructures et de nombreux réseaux vitaux — électricité, gaz, eau potable, chauffage urbain, transports, télécommunications — souvent enfouis en sous-sol, les rendant particulièrement vulnérables. « Dès que l’on atteint une cote de 5,5m la Seine peut menacer directement le réseau. En cas de crue exceptionnelle, toutes les lignes de métro seraient impactées dans leur fonctionnement, à l’exception de la ligne 2 » précise Élise Alévêque.
En outre, les effets du dérèglement climatique pourraient intensifier ce risque. Si certaines incertitudes persistent, les prévisions actuelles du GIEC1 et de Météo-France annoncent une probable intensification des fortes précipitations estivales et une augmentation du cumul de pluies hivernales, favorisant ainsi le ruissellement et les débordements de la Seine.
Adopter les bons gestes
Comment se préparer concrètement face aux inondations ?
« Il est essentiel de s’informer, de connaître sa situation, d’anticiper un plan d’évacuation, de relayer les bons messages et surtout de respecter les consignes. » – Elise Alévêque, chargée de mission pour le dispositif EPISEINE, partage les cinq réflexes essentiels à adopter.
Avant la crue
Se tenir informé·e
Téléchargez l’application Vigicrues et activez les notifications. Suivez les consignes diffusées dans les médias et sur les comptes officiels des autorités (préfecture, mairie, EPISEINE…) pour surveiller l’évolution de la situation.
Connaître sa situation personnelle
Vérifiez votre niveau d’exposition grâce à l’outil Cartoviz de l’Institut Paris Région, en y saisissant votre adresse. En cas d’alerte, consultez les informations locales (mairie, site Vigicrues) pour connaître l’impact potentiel sur votre quartier.
Anticiper un plan d’évacuation
Identifiez à l’avance une solution de relogement pour plusieurs jours, voire semaines, chez des amis ou de la famille. « Il ne faut pas forcément attendre un ordre formel d’évacuation : si vous habitez en zone à risque, il vaut mieux anticiper votre départ et réfléchir dès maintenant à une solution d’hébergement temporaire » conseille Élise Alévêque. Préparez un sac de secours, incluez les besoins de vos animaux, et discutez avec votre employeur des consignes en cas de crue majeure. Si vous n’avez pas de solution d’hébergement, des centres d’accueil sont prévus par la mairie ou la préfecture.
Pendant la crue
Informer et mobiliser son entourage
Partagez les consignes autour de vous, notamment au sujet de l’évacuation. L’effet d’entraînement est important : voir d’autres personnes évacuer incite à faire de même.
Respecter les consignes d’évacuation
Évacuez sans attendre si les autorités en font la demande. Ne restez pas sur place, car vous risquez l’isolement sans eau, électricité ou autres ressources essentielles. Ne tentez pas d’entrer dans une zone inondée, que ce soit à pied ou en voiture. « En restant, vous pourriez également devenir une charge pour les secours » alerte Élise Alévêque.
Retrouvez tous les conseils à suivre en cas d’inondations, validés par la préfecture de police.
Comment protéger ses proches et les personnes vulnérables ?
Encouragez les personnes âgées, isolées ou en situation de handicap à s’inscrire sur le registre des personnes vulnérables en amont. Et rassurez-les : la préfecture, les services de secours, les opérateurs réseaux et la mairie sont à l’œuvre.
Comment évacuer en toute sécurité lors d’une inondation ?
À Paris, une crue de la Seine représente rarement un danger vital, mais une mauvaise préparation peut sérieusement compliquer le quotidien. Pour aider les habitantes et habitants à faire face à cette situation, le dispositif EPISEINE propose des conseils pratiques pour évacuer sereinement, limiter les dégâts et mieux gérer les jours qui suivent.
- Je coupe l’eau, le gaz et l’électricité, si possible avant que l’eau n’atteigne mon logement. Je vérifie que mon gardien ou syndic s’en charge si j’habite en immeuble.
- Je surélève les objets sensibles, précieux ou polluants : appareils électriques, papiers importants, produits ménagers…
- Je vide ma cave et mon garage si besoin, et je déplace ma voiture avant que l’eau n’arrive.
- Je prévois une solution pour mes animaux de compagnie : en cas d’évacuation vers un centre d’accueil, les animaux ne sont pas toujours acceptés. Il est donc important d’anticiper une solution, comme un hébergement chez des proches ou le recours à des structures spécialisées.
- Je prépare un sac d’urgence avec l’essentiel pour plusieurs jours à plusieurs semaines.
Que prendre dans mon sac d’urgence ?
- Pour rester en bonne santé : médicaments, ordonnances, trousses de premiers secours et de toilette, bouteille d’eau et nourriture, couverture de survie
- Pour rester organisé·e : vêtements, argent liquide, clés de maison et de voiture, lampe à dynamo, papiers administratifs (papiers et numériques), couteau multifonction
- Pour rester serein·ne : téléphone avec chargeur, radio à dynamo, jeux de cartes et de société, objets à valeur sentimentale
Quelles idées reçues sur les inondations à Paris faut-il déconstruire ?
Certaines idées reçues persistent concernant les risques d’inondation à Paris. Pour y voir plus clair, en voici cinq parmi les plus courantes :
- En cas de crue de la Seine, je dois monter dans les étages en attendant que l’eau descende. FAUX ! Contrairement aux inondations soudaines du sud de la France, les crues à Paris évoluent lentement : il n’est pas nécessaire de se réfugier en hauteur, il faut surtout anticiper une inondation longue et s’organiser en conséquence.
- Je n’ai pas à m’en faire, j’habite à l’étage ou dans les hauteurs. FAUX ! Même sans avoir les pieds dans l’eau, une inondation peut vous impacter fortement : coupures d’électricité, transports paralysés, difficultés d’approvisionnement… Il est essentiel de s’y préparer, quel que soit l’endroit où l’on vit.
- Pour éviter les crues en Île-de-France, il suffit de construire suffisamment d’ouvrages adaptés. FAUX ! Les digues et lacs réservoirs limitent les dégâts, mais ne peuvent pas empêcher une inondation majeure. Il est donc indispensable de se préparer individuellement, même avec des protections en place.
Retrouvez les principales idées reçues sur les crues en Ile-de-France, ici.
Pour aller plus loin
- EPISEINE, la sensibilisation des populations aux inondations de la Seine et de la Marne en Île-de-France.
- Notre guide « Comprendre les risques d’inondations à Paris »
- Nos bandes dessinées « Face aux pluies torrentielles, Paris doit-elle se transformer en « Ville éponge » ? » et « Doit-on craindre la grande crue de la Seine ? » . Nous mettons également à disposition des expositions humoristiques sur ces deux sujets. Contact : communication-presse@apc-paris.com