Adaptation au changement climatique

A Paris comme ailleurs, le changement climatique est déjà une réalité. Le nouveau Plan Climat ambitionne de faire de Paris une ville qui sait s’adapter et anticiper les conséquences du dérèglement climatique tout en garantissant un cadre de vie de qualité à ses habitants.

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Publié le 25 juin 2019
par Julie Caron

Adapter Paris aux conséquences du changement climatique

Pourquoi s’adapter ?

Le changement climatique est un phénomène global : la température moyenne à la surface de la planète va augmenter au cours du 21ème siècle. Mais ces changements sont aussi observables à l’échelle locale. Le climat que nous connaissons à Paris change, et va changer tout au long du 21ème siècle. S’il est nécessaire de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour atténuer le réchauffement climatique, il faut aussi adapter le territoire à ses effets locaux afin de le rendre plus agréable, attractif et résilient. 

Quels sont les effets concrets du dérèglement climatique sur Paris ?

D’ici 2050-2070 il faut s’attendre à différentes conséquences :

  • Des canicules plus fréquentes et des été plus chauds : La canicule de 2003 pourrait devenir un été normal d’ici 2050. Les températures moyennes pourraient encore grimper de +2°C à +4°C.
  • Des pluies plus violentes et des orages plus fréquents 
  • Plus de sècheresse et tension des ressources en eau.
  • Des crues pas plus fréquentes du fait du changement climatique, mais qui nécessiteront une attention et une prévention particulière du fait de notre ville connectée : les galeries de métro et les réseaux électriques sont particulièrement exposées aux inondations.

Canicule à Paris
Canicule à Paris

Face à ces risques, une politique d’adaptation consiste à mettre en place des mesures pour limiter les conséquences négatives de ces phénomènes liés au changement climatique. Le nouveau Plan Climat prévoit une adaptation de la ville aux canicules, la préservation des ressources en eau qui pourraient venir à manquer ou encore des manières d’impliquer les Parisiens.

Une ville résiliente par l’implication de ses citoyens

Pour la Ville de Paris, la mobilisation des citoyens est essentielle pour adapter Paris aux risques du changement climatique. Pour préserver l’eau, ou encore végétaliser la ville, … Chaque Parisien a son rôle à jouer. Pour encourager la mise en réseau de volontaires, la Ville prévoit la mise en place de leviers de solidarité :

  • Création d’un « réseau de citoyens solidaires » d’ici 2020 : à un niveau micro-local, l’objectif est de faciliter l’intervention des pouvoir publics et de créer un sentiment de solidarité entre les citoyens. Pour une réelle efficacité, ce réseau agira en coordination avec la réserve solidaire des agents retraités de la Ville de Paris et en partenariat avec des réserves partenaires comme la RATP, la Préfecture de Police, etc.
  • Créer des lieux de convivialité à l’échelle du voisinage : l’idée est de faciliter la mise en relation des citoyens afin de créer des réseaux d’entraide pour différents besoins (denrées alimentaires, cours de soutien, …). Une plateforme en ligne permettra de géolocaliser les différentes initiatives.

Adapter Paris aux risques de canicule

Paris, ville dense et minéralisée, est exposée au phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU) qui se traduit par un écart de température nocturne de 2°C à 3°C (en moyenne annuelle) par rapports aux zones rurales alentour. En période de canicule, la différence peut grimper jusqu’à 10°C ! La ville doit se préparer pour faire face aux fortes chaleurs. Le nouveau Plan Climat prévoit des mesures d’adaptation aux situations de canicules pour garantir le bien-être des Parisiens.

Un îlot ou parcours de fraîcheur à moins de 7 minutes de marche des Parisiens 

Musées, lieux de baignades, espaces végétalisés… une carte interactive en ligne permettra de communiquer aux Parisiens ces lieux à privilégier en cas de fortes chaleurs. 300 îlots ou parcours de fraîcheur viendront s’ajouter aux 700 existants d’ici 2030. Chaque parisien étant à moins de 200 mètres d’une école, les « cours d’école oasis » seront aussi expérimentées sur trois établissements scolaires d’ici 2020 – une mesure qui pourrait s’étendre à tous les quartiers par la suite.

Ilot de fraîcheur, Parc Monceau
Ilot de fraîcheur, Parc Monceau 

Vers 40% du territoire parisien végétalisé

La végétation est une alliée pour garantir la fraîcheur en milieu urbain, et donc lutter contre les épisodes de canicule. La Ville ambitionne donc d’ici 2020 de créer un poumon vert en plein Paris : 30 hectares d’espaces verts ouverts aux Parisiens, la plantation de 20 000 arbres ou encore 100 hectares de toits et murs végétalisés. La végétation permet aussi d’atteindre d’autres objectifs : elle ralentit les inondations en perméabilisant les sols, assainit et fait circuler l’air. Mais les végétaux sont aussi exposés aux risques d’incendies en cas de fortes chaleurs. L’arrosage par la récupération d’eau sur les sites et/ou l’utilisation d’eau non potable sera donc généralisé d’ici 2030. Récemment, L’APUR, l’Atelier Parisien d’urbanisme, a créé un atlas cartographique retraçant l’évolution de la nature à Paris depuis 1730. Il permet de comprendre les interactions entre les espaces plantés et les espaces bâtis dans Paris au cours des trois derniers siècles.

Utiliser les sols et les sous-sols pour rafraichir la ville

La perméabilité des sols, c’est-à-dire leur capacité à absorber l’eau, permet de lutter contre l’effet d’îlot de chaleur urbain lors des canicules. Si l’évaporation de l’eau des sols rafraichit l’air ambiant, en ville les surfaces goudronnées et asphaltées empêchent l’eau de s’évaporer et le rafraîchissement de l’air. Un programme de désimperméabilisation des sols sera donc mené par la Ville à travers la végétalisation, l’utilisation de matériaux absorbant et le développement de l’eau en ville. Enfin la fraicheur des sous-sols parisiens pourrait être valorisée par l’installation de puits climatiques d’ici 2030. Le principe du puits climatique est de faire circuler l’air extérieur dans des tubes enterrés à une profondeur où la température du sol est plus fraiche en été et plus chaude en hiver. Cet air permet ensuite de refroidir ou de réchauffer les intérieurs.

Limiter la chaleur produite par les véhicules

Les revêtements des routes ont tendance à retenir la chaleur produite par les véhicules dans la journée et à la rejeter dans l’air ambiant la nuit. Cela aggrave l’îlot de chaleur urbain lors de fortes chaleurs. Limiter la circulation de certains véhicules dans Paris en cas de canicule sera donc envisagé en lien avec la Préfecture de Police, pour une mise en œuvre en 2030.

Adapter les bâtiments et les toits de Paris

Le bien être des Parisiens lors de fortes chaleurs implique de garantir un confort au sein des bâtiments. Dans cet objectif, un référentiel de constructions adaptées aux évolutions climatiques, qui inclura le confort en été (végétalisation du bâti, protection solaire, matériaux clairs, …), sera soutenu par la Ville. Les rénovations thermiques des bâtiments mené par la Ville intègreront aussi ce volet. Le raccordement progressif des bâtiments au réseau de froid urbain permettra de diminuer la climatisation individuelle.

Les toits ont aussi un rôle à jouer pour réduire l’îlot de chaleur urbain, à la fois par la végétation, et via le revêtement par une peinture réfléchissante. Adapter les toits en zinc au réchauffement climatique sera aussi envisagé tout en préservant l’identité patrimonial de Paris. La Ville lancera des démarches expérimentales dès 2020.

Garantir les ressources en eau en ville

Les climatologues de Météo-France alertent sur le risque accru de sécheresse au cours du 21ème siècle. Celles-ci risqueraient de provoquer une baisse des ressources en eau du bassin de la Seine alors même que les besoins augmenteront : croissance de la population, besoins de rafraîchissement. Ici l’adaptation passe par la garantie d’accès à l’eau quelle qu’en soit l’utilisation faite, et de gérer durablement cette ressource.

Rendre l’eau accessible à tous 

L’eau est un bien commun que la Ville de Paris compte défendre face à la menace du changement climatique. Pour cela elle mettra en place 40 nouvelles fontaines d’eau potable en accès gratuit dès 2018, dont certaines accessibles toute l’année.

nouvelles fontaines d’eau potable à accès gratuit Paris
40 nouvelles fontaines d’eau potable à accès gratuit dès 2018

Faire face aux vagues de chaleur implique aussi l’installation de systèmes de rafraîchissement économes en eau et de nouveaux espaces de baignade. Par exemple de nouvelles piscines, de nouveaux sites de baignade en eau libre, et des espaces de baignade naturels comme le Lac Daumesnil en 2019 et la Seine d’ici 2024 dans le contexte des JO 2024.

Créer des zones humides dans Paris pourrait concilier protection de la biodiversité, gestions alternatives des eaux pluviales et îlots de fraicheur pour les fortes chaleurs. Dans cet objectif, la Ville créera de nouveaux étangs, mares et jardins de pluie afin d’aménager 40 zones humides d’ici 2020 et 50 d’ici 2030. Certains bassins d’ornement pourraient aussi devenir temporairement des pataugeoires en cas de fortes chaleurs.

Ilots de fraicheur au Bois de Vincennes
Zone humide au Bois de Vincennes 

Pour le traitement des eaux, un projet de stockage et traitement pour la gestion des eaux de pluies est en cours dans le Bois de Boulogne. Une expérimentation de bassin de phyto-épuration est aussi mené au réservoir de Charonne, elle évaluera la qualité de l’eau obtenue grâce au traitement par les plantes.

Gérer les ressources en eau durablement

La société Eau de Paris a développé des stratégies de protection et de surveillance de la ressource en eau. Voici quelques mesures ayant pour objectif de garantir un accès à l’eau à l’avenir, bien qui se raréfie :

  • Protéger les ressources : cette mesure implique un accompagnement du secteur agricole vers des pratiques durables en utilisant moins de pesticides. L’objectif est d’augmenter de 67% les surfaces agricoles biologiques d’ici 2020 afin de protéger la qualité de l’eau allant dans les sous-sols.
  • Diversifier les ressources : favoriser l’utilisation de substitut, eau de pluie ou encore l’eau brute, pour certaines activités.
  • Garantir l’approvisionnement : en cas de situation climatique exceptionnelle, un accès à l’eau potable est sécurisé, par exemple par des conventions avec d’autres opérateurs d’eau franciliens.
  • Se munir face aux crises : des exercices de gestion de crises, comme une simulation de crue de Seine ou de sécheresse intense, seront mis en place tous les 2 ans dès 2020. Le Plan Pluie de Paris met également en place des mesures contre le débordement du réseau d’eau lors d’inondations pluviales.

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