Plus de quinze ans de jardinage et de convivialité rue de l’Élysée Ménilmontant dans le Bas-Belleville !

publié le 25 avril 2025

7 min

Dans un contexte de réchauffement climatique, la végétalisation des espaces urbains joue un rôle essentiel pour rafraîchir la ville, favoriser la biodiversité et améliorer le cadre de vie. Ces dynamiques passent souvent par des initiatives citoyennes, à l’échelle des quartiers.

Dans notre quête des espaces verts et citoyens du Bas-Belleville, nous sommes allées à la rencontre de Vincent, président de l’association la CLEM (Commune Libre de l’Elysée Ménilmontant) qui s’occupe la végétalisation de l’impasse. Vincent a déménagé dans l’impasse en 2021 et a repris la tête de l’association il y a un an.

« La végétalisation, c’est d’abord un truc de riverains, de convivialité » – Vincent

Un projet né d’une initiative citoyenne

Localisation de l’espace végétalisé Rue de l’Élysée Ménilmontant

Depuis 2010, la rue de l’Élysée Ménilmontant est végétalisée par les riverains réunis en association. Le projet est né à la suite de repas de quartier organisés dans la rue, qui ont progressivement structuré une dynamique collective. Aujourd’hui, l’entretien des jardinières fait partie intégrante de la mobilisation locale de ces voisins.

Comment est né le projet de végétaliser cet espace ?

En 2009, la mairie a rendu la voie semi-piétonne et à l’initiative d’un couple, l’association s’est créé et l’espace a été végétalisé. Aidé par les élèves de l’école de paysagisme de Versailles, les riverains ont mis en place des jardinières et fait des plantations qui existent toujours quinze ans plus tard. Le couple porteur du projet était déjà très investi dans la vie du quartier, ils organisent des repas de quartier. Il y avait aussi un jardinier de profession, « c’est principalement lui qui a choisi les essences plantées dans les jardinières ».

Quelques jardinières ont été ajoutées depuis, en 2016 par exemple, suite à l’obtention de nouveaux permis de végétaliser.

👉 Pour en savoir plus sur le cadre municipal et les modalités du permis de végétaliser, déroulez la suite de l’article.

Qu’est-ce qu’un permis de végétaliser ?

Depuis 2015, la Ville de Paris a créé ce dispositif afin de permettre aux parisiennes et parisiens de jardiner dans l’espace public. Ce dispositif donne la possibilité de végétaliser les pieds d’arbres, les fosses après retrait de bitume ou d’installer des jardinières le long des trottoirs. Plus de 1800 permis ont déjà été délivrés à Paris, majoritairement pour des pieds d’arbre.

Qui peut faire la demande ?

Pour obtenir ce permis, il est nécessaire de constituer un collectif : association, conseil de quartier, établissement scolaire, commerce ou groupe d’au moins cinq riverains. L’ancrage local est essentiel, tout comme l’implication des acteurs du quartier, afin d’assurer l’entretien des plantes et de faire vivre l’initiative dans le temps.

Quel accompagnement ?

Un pôle ressource de jardinage urbain, accompagne gratuitement les citoyens. Cet accompagnement peut être individuel ou collectif, et comprend des ateliers pratiques dans un jardin pédagogique, ainsi qu’une aide concrète pour le montage de projets ou le dépôt de permis.

Quelles sont les caractéristiques techniques nécessaires ?

Votre projet doit garantir l’accessibilité et la fluidité de tous les usagers, une distance minimum de 1,60m (1,80m pour les fosses de plantation) devra obligatoirement être conservée pour le cheminement piéton.
Les installations ne devront pas gêner les accès aux véhicules stationnés, aux abribus, aux bus, aux passages piétons, aux bancs et devront respecter les accès pompiers

Les installations ne devront pas gêner l’accès aux ouvrages techniques : trappes, tampons, grilles d’aération du bâti, boitiers électriques, panneaux signalétiques…

Il est demandé d’éviter de localiser son projet au droit du périmètre des sites sensibles au titre du plan Vigipirate (crèches, établissements scolaires, lieux de culte, ministères…).

Source : Ville de Paris

Plus d’informations sur le site de la Ville : Le permis de végétaliser – Ville de Paris

Quel est le fonctionnement de votre collectif ?

Au sein de l’association, il y a deux personnes au bureau et environ une quinzaine qui viennent aux Assemblées générales. Lorsque Vincent emménage en 2021, la dynamique n’est plus celle des débuts, lancée dix ans plus tôt : « pendant deux ans on était deux ou trois à arroser seulement […], ça s’essoufflait ».

En reprenant l’association, Vincent a souhaité redonner un souffle à cette aventure collective. Selon lui, la configuration de la rue – où les voisins se croisent facilement – a facilité la relance de la dynamique : il a suffi de quelques échanges pour inviter les habitants à participer à une assemblée générale. Au-delà de la mobilisation, un autre enjeu lui tenait à cœur : faire connaître cette initiative citoyenne à l’ensemble du voisinage, car « ce n’est pas forcément su que c’est une association de riverains qui s’occupe de ça ».

Comment est financé votre projet  ?

À l’origine, la végétalisation de l’espace – qui comprend l’achat de jardinières, des plantes et de quelques outils – est financée par les adhésions à l’association et un apport du Conseil de Quartier.

Le fonctionnement de cet espace ne demande pas particulièrement de dépenses importantes : quelques plantations, des bacs à renouveler parfois… Le tout est financé par l’association, « il y a assez peu de dépenses » souligne Vincent. L’association peur également bénéficier de matériel proposé par l’association Jardivingt.

Un entretien partagé entre voisins

Comment s’organise l’entretien de l’espace entre les riverains et riveraines ?

Pour Vincent, le principal enjeu est clair : l’arrosage. « On a mis en place un système bien rodé », explique-t-il. Des arrosoirs ont été installés dans chaque immeuble, et un groupe WhatsApp d’une quinzaine de personnes permet de coordonner les besoins. « C’est moi qui donne le signal quand il faut arroser, mais l’idée, c’est de laisser un maximum d’autonomie. On s’est réparti les jardinières : chacun en a deux ou trois. »

L’eau utilisée provient des cours d’immeuble ou des copropriétés, qui se montrent coopératives : « Parce que franchement, c’est joli, ça valorise le lieu. » Une preuve que la végétalisation, au-delà de l’esthétique, participe aussi à créer un attachement collectif à l’espace commun.

Un lieu ouvert sur le quartier et la dynamique collective

Avez-vous des projets pour la suite ?

La priorité pour Vincent aujourd’hui est de réussir à pérenniser la dynamique collective relancée autour des jardinières. Mais il nous confie aussi avoir pour projet d’organiser d’ici une ou deux ans un vide-grenier, une projection de film ou encore exposition sur les jardinières dans l’impasse.

À plus court terme, il y a le repas de quartier le 29 juin, l’impasse est décorée et chacun amène à manger, « le but, c’est aussi d’ouvrir sur le quartier », pas uniquement sur l’impasse. On retrouve également le festival Enviebrations organisé pas Envie le labo sur le thème de la Sobriété enchantée le 24 mai 2025.

Un conseil pour faire réussir un projet similaire ?

Selon Vincent, la clé réside dans l’esprit de collectif. « La bonne entente avec les commerçants du coin, ça aide beaucoup. Il faut avoir le sens du collectif. »
En été, l’arrosage ne prend qu’une trentaine de minutes par semaine, mais c’est du temps bien investi pour entretenir un lieu vivant, partagé et valorisant pour tout le quartier.