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Vague de chaleur à Paris

Météo-France et l’Agence Parisienne du Climat : comprendre pour mieux agir contre le changement climatique

Climat
Particulier
Publié le 10 mars 2022
par Agence Parisienne du Climat

Avec des étés plus chauds et des hivers plus doux, les effets du changement climatique se font d’ores et déjà ressentir sur le territoire parisien, et ses effets vont s’accentuer tout au long du XXIe siècle. Comment comprendre le climat ? Dans quelle mesure peut-on anticiper le climat futur pour s’y préparer ? L’Agence Parisienne du Climat et Météo-France vous aident à décrypter ce phénomène ainsi que ses conséquences.

Saviez-vous que le parc Montsouris héberge l’une des plus anciennes stations météorologiques de la métropole ? Véritable témoin du climat, Météo-France y relève des données dans l’agglomération parisienne depuis 150 ans, ce qui fait de leur série de mesures l’une des plus longues en France métropolitaine.

Différents paramètres météorologiques sont étudiés, à savoir:

  • la température,
  • les précipitations,
  • l’humidité,
  • la pression atmosphérique,
  • le vent,
  • le rayonnement,
  • la durée d’ensoleillement. 
Par ce travail, les équipes de Météo-France déterminent des moyennes annuelles de référence sur une période de 30 ans, ce qui permet de dégager des “normales” auxquelles l’on peut se référer pour comparer des évènements climatiques extrêmes (et ponctuels) ainsi que des tendances plus générales dans l’évolution du climat.

Par exemple, sur la période 1961-1990 (période de référence utilisée par l’Organisation météorologique mondiale), la température annuelle était en moyenne de 11,9°C à Paris.

Plus concrètement, ces mesures de référence sont précieuses pour décrypter les conséquences du changement climatique et pouvoir agir. C’est pourquoi l’Agence Parisienne du Climat et Météo-France travaillent conjointement depuis 10 ans avec l’objectif de transmettre cette connaissance aux Parisiennes et Parisiens pour sensibiliser à ces enjeux.

Lorsque l’on parle d’évolution du climat, il est nécessaire de prendre en compte deux phénomènes distincts :

  • Le premier concerne la modification du climat sur le long terme et, en l’occurrence, l’augmentation des températures moyennes au fil du temps. 
  • Le second est relatif aux évènements climatiques extrêmes tels que les canicules ou les fortes pluies, dont résultent les inondations. 

Récemment, Météo-France a conçu pour l’Agence Parisienne du Climat une infographie animée présentant l’évolution de la température à Paris qui illustre ce double phénomène.

Températures : des tendances à la hausse

Lorsque l’on examine l’évolution des températures moyennes à Paris depuis l’ère préindustrielle, c’est-à-dire par rapport à 1900, on constate une augmentation des températures globales. Il est important de rappeler que l’on ne parle pas ici d’épisodes de forte chaleur anormalement élevés qui seraient plus fréquents ou intenses (même si ces phénomènes sont liés), car ils résultent d’une étude météorologique à un instant et un lieu donnés. 

La hausse globale des températures, observable sur le long terme à Paris est particulièrement visible à partir de la fin des années 1990 et on estime qu’elle est de l’ordre de +1,3°C à +2°C sur la période 1901-2012. Pour rappel, la moyenne annuelle normale mesurée sur la période 1961-1990 est de 11,9°C. Ainsi, la température moyenne annuelle sur la période 1901-1911 était de 11,3°C, là où elle était de 13,3°C en 2010-2020.

 

 

En conséquence de cela, sont observées des températures anormalement élevées, en été comme en hiver. Ces températures plus élevées sont observables aujourd’hui, mais elles vont s’accentuer dans le futur. En effet, ce sont des étés plus chauds qui sont à attendre avec une augmentation du nombre de « journées estivales » (température maximale supérieure à 25°C) : 49 jours par an actuellement, nous pourrions en gagner entre 10 et 50 d’ici à la fin du siècle.

Autrement dit, sans action climatique, nous pourrions vivre presque un tiers de l’année à plus de 25°C.

En 2100, les étés se rapprocheraient de celui de 2003 qui culminait à 22,7°C en moyenne pour une normale de saison à 18,9°C. L’été 2003 était le plus chaud jamais observé.

 

 

A l’image de l’hiver 2022, la tendance montre un adoucissement de cette période de l’année en s’éloignant de la moyenne de référence se situant à 4,8°C : la température moyenne en hiver sur la période 2011-2021 est de 6,2°C. Un autre indicateur utilisé par Météo-France est celui du nombre de jours de gel en hiver. On compte aujourd’hui 25 jours par an, nous pourrions en perdre 9 à 20 d’ici à 2100. Plus de précipitations sont également à attendre pour les hivers futurs (+ 8 à 46%), sans pour autant que l’on note une augmentation significative du nombre de jours de pluie. C’est ici l’intensité des phénomènes climatiques qui est amenée à varier.

 

 

Des évènements climatiques extrêmes plus fréquents et plus intenses

Au-delà de l’augmentation des températures moyennes, le changement climatique a également un impact sur divers phénomènes climatiques plus ponctuels, les faisant varier en fréquence et en intensité.

  • Par rapport à la situation parisienne, ce sont les vagues de chaleur qui seront le plus notablement en hausse. Ces dernières sont identifiées comme des périodes d’au moins cinq jours consécutifs avec une température maximale quotidienne dépassant de plus de 5°C la normale climatique, c’est-à-dire 18,9°C pour la Ville Lumière. Sur toute la période 1947-2020, la station Montsouris a comptabilisé 43 épisodes de vague de chaleur, certains pouvant durer jusqu’à plusieurs jours. À l’horizon 2100 on pourrait en relever 15 à 63 jours par an (pour 7 en moyenne aujourd’hui).
  • À l’inverse, en hiver, ce sont les épisodes de précipitation qui pourraient être plus violents, ce qui impliquerait des crues de la Seine plus fréquentes et des risques d’inondations.

 

Projections, adaptation et incertitudes

Tous ces aléas climatiques représentent un danger pour les populations, c’est pourquoi le travail d’étude des différents phénomènes climatiques opéré par Météo-France est essentiel.

En effet, la mesure des données climatiques sur une longue période nous permet d’établir différents scénarios sur lesquels se baser pour anticiper le climat futur et être capable d’agir. Aux vues des projections, il semble nécessaire de préparer dès maintenant des moyens pour s’adapter aux divers effets du changement climatique. Ces projections sont également celles du Groupe International d’Experts sur le Climat (GIEC) à l’échelle globale. Pour Paris, l’enjeu majeur est celui de la hausse des températures et tout ce qu’elle implique (impacts sanitaires, sécheresse, confort de vie, etc).

Il est tout même important de noter que toutes ces projections sont issus de modèles simulant l’évolution du climat en faisant varier divers paramètres, et qu’ils comportent leur lot d’incertitudes.

Le scénario final dépendra avant tout de notre capacité à limiter nos émissions de gaz à effet de serre. La seule certitude étant que chaque dixième de degré a son importance dans la lutte contre le changement climatique.

Lundi 28 février était publié le second volet du sixième rapport du GIEC (Impacts, adaptation et vulnérabilité), et les scientifiques sont clairs : l’adaptation a ses limites et elles apparaissent dès 1,5°C de réchauffement.

  • Très concrètement, ne pas être adapté au changement climatique se traduit par des pertes économiques et agricoles, l’accroissement des inégalités, des conflits autour des ressources (comme l’eau), etc. En d’autres termes, c’est de pertes humaines dont il est question.
  • Or, nous sommes déjà à 1,1°C de réchauffement global et il semble que les politiques climatiques actuelles nous placent sur une trajectoire significativement supérieure à un réchauffement de 1,5°C en 2100 par rapport à 1900.

Retrouvez notre synthèse à ce sujet :

 

Sources

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