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Réaliser des économies d’énergie en chauffage collectif
Dans les copropriétés équipées d’un chauffage collectif, la facture de chauffage représente très souvent la première source de dépense. Pourtant, une palette d’actions existe pour permettre de réduire facilement la consommation d’énergie des chaufferies ou sous-stations collectives, quel que soit leur source d’énergie (gaz, fioul, réseau de chaleur urbain).
Si la réalisation de travaux de rénovation énergétique constitue le principal levier pour réaliser des économies d’énergie, certaines interventions sur les équipements de chauffage peuvent avoir un effet non négligeable sur la facture et sur le confort des habitant·es.
La régulation et la programmation du chauffage
En chaufferie, comme dans les appartements, il est possible d’intervenir pour assurer aux résidents un chauffage satisfaisant en ajustant la température, grâce à la régulation, et en paramétrant les instructions de chauffage, grâce à la programmation.
La régulation s’effectue :
- En chaufferie, elle consiste à ajuster la température de l’eau du circuit de chauffage en fonction de la température extérieure grâce à deux sondes, une extérieure, l’autre en chaufferie. Il est aussi possible d’affiner la régulation en fonction de l’exposition au vent et à l’ensoleillement des logements ou de l’occupation des lots commerciaux. Des innovations existent la matière : on parle de plus en plus de «régulation prédictive», intégrant les prévisions météorologiques aux relevés des sondes pour ajuster d’encore plus prêt la consommation d’énergie et mieux prendre en compte l’inertie thermique de l’immeuble.
- Dans les appartements, il s’agit d’adapter la chaleur fournie à l’usage et aux caractéristiques des pièces du logement. Elle repose sur l’utilisation de robinets thermostatiques, installés sur les radiateurs, qui permettent de fixer pièce par pièce des consignes de température. Ces robinets peuvent être installés par les copropriétaires sans demander l’autorisation de la copropriété en assemblée générale (AG).
La programmation complète la régulation centrale et celle effectuée dans les appartements. Elle gère l’intermittence du chauffage : par exemple, la température peut être abaissée de 2 à 3°C pendant la nuit.
L’installation de systèmes de régulation ou de programmation est éligible au dispositif des Certificats d’Economies d’Energie (CEE) :
- elle doit être réalisée par un·e professionnel·le ;
- en fonction du coût de ces installations, celles-ci pourront nécessiter un vote en AG.
Le rééquilibrage du réseau
Lorsque la chaleur n’est pas répartie de façon homogène dans les logements, cela peut se traduire par des situations d’inconfort thermique : certains logements vont être sous-chauffés et d’autres surchauffés. Ce déséquilibre peut être lié à un défaut d’isolation, à des émetteurs mal dimensionnés ou à un déséquilibrage hydraulique. Dans le dernier cas, le rééquilibrage du réseau permet d’y apporter une solution.
Celui-ci se traduit par le nettoyage des tuyauteries de l’ensemble de l’installation, appelé « désembouage » et par l’ajout d’organes d’équilibrage sur l’installation.
La répartition des frais de chauffage
D’après l’ADEME, l’individualisation des frais de chauffage génère en moyenne 15% d’économies d’énergie pour les habitants d’immeubles collectifs. Depuis octobre 2020, toutes les copropriétés dont la consommation en chauffage est supérieure à 80 kWh/m².an doivent obligatoirement mettre en place ce dispositif si cela est techniquement possible et que les coûts ne sont pas excessifs par rapport aux économies d’énergie susceptibles d’être réalisées.
Il existe deux types de systèmes de répartition individuelle des frais de chauffage :
- Soit des répartiteurs posés sur chaque radiateur, c’est le dispositif le plus fréquent ;
- Soit d’un compteur d’énergie thermique, placé à l’entrée du logement.
Avant la pose de ces appareils, les logements doivent être équipés d’organes de régulation de la température intérieure : il s’agit notamment d’ajouter sur les radiateurs des robinets thermostatiques. L’installation de ces appareils devra s’accompagner d’une adaptation des pratiques de chauffage par les habitants pour que l’effet bénéfique se fasse ressentir sur la facture.
➡️ Retrouvez plus de bonnes pratiques dans le guide gestion durable des immeubles.
L’avis d’un pro
Les conseils de Pascal Yerro, du bureau d’études AlterEne (Coopérative Alter-Bâtir) :
Pour améliorer le rendement d’émission de l’installation dans un logement :
- Eviter de mettre un obstacle (rideaux, etc.) devant les émetteurs lorsque ceux-ci sont en fonctionnement ;
- Eviter le coffrage des radiateurs ;
- Insérer un réflecteur de chaleur (ou un film en aluminium) derrière chaque radiateur adossé à un mur donnant sur l’extérieur ou une zone non chauffée du bâtiment.
Pour améliorer le rendement de distribution de l’installation
Des économies d’énergie significatives peuvent être obtenues en réduisant les pertes thermiques des réseaux :
- Calorifuger les canalisations de chauffage et d’eau chaude sanitaire non isolées (ou refaire le calorifuge de canalisations insuffisamment isolées ou équipées d’un isolant très dégradé) à l’aide d’un isolant de classe 4 minimum ;
- Calorifuger les « points singuliers » d’un réseau (vannes, filtres à tamis, etc.), relativement déperditifs, à l’aide de housses isolantes.
Note de l’Agence Parisienne du Climat : ces travaux peuvent aussi être intégrés à un projet de rénovation globale afin de maximiser le gain énergétique et le montant d’aides allouables.
* Guide de l’ADEME «Se chauffer mieux et moins cher», juin 2019.