Consommer des denrées de proximité

Réduire la dépendance alimentaire parisienne, soutenir l’emploi paysan local, encourager la sauvegarde et le développement de la biodiversité, réduire son empreinte carbone… Les raisons de consommer des denrées de proximité ne manquent pas, même si l’autosuffisance alimentaire de Paris est inatteignable. Aujourd’hui, avec les produits locaux labellisés, les circuits-courts, les AMAP et l’agriculture urbaine, les consommateur·rices parisien·nes ont les moyens de contribuer au développement d’une agriculture locale.

Publié le 27 janvier 2022
par Agence Parisienne du Climat

Notre capitale ne pourrait survivre que 2 à 3 jours sans approvisionnement extérieur de nourriture. L’agriculture francilienne, centrée sur les céréales, ne fournit que 10 % de la consommation parisienne de fruits et légumes, 1,5 % de la consommation de lait et 1 % de la consommation de viande. Un aliment consommé à Paris a parcouru 660 km en moyenne. Pourtant, même si l’autosuffisance est inatteignable, l’Île-de-France, couverte pour moitié de surface agricole (569 000 ha), ne manque pas de potentiel. L’augmentation de l’autonomie et de la résilience alimentaires parisiennes est au cœur de la stratégie d’alimentation durable de la Ville de Paris, qui vise notamment à porter la part de produits alimentaires consommés à Paris issus du Bassin Parisien à 50 % en 2030, contre 25 % actuellement.

A son échelle, il est possible de contribuer au développement d’une agriculture locale, et de réduire ainsi la dépendance alimentaire parisienne – et son empreinte carbone. Comment faire ?

Soutenez une agriculture locale

Circuits courts et produits locaux, deux notions distinctes

Les notions de circuits courts et de produits locaux (ou de proximité) sont parfois confondues alors qu’elles sont bien distinctes. Les circuits courts sont caractérisés par la présence d’un·e intermédiaire au maximum entre la·le producteur·rice et la·le consommateur·rice, mais ils ne proposent pas nécessairement de produits locaux. Ces derniers n’ont quant à eux pas de définition propre, ils peuvent aussi bien désigner une denrée cultivée dans le Grand Paris, dans le bassin parisien, en Île-de-France, dans une région limitrophe, à moins de 250 km… Comprendre ces notions est donc une première étape pour manger en accord avec ses valeurs.

Des moyens existent pour s’assurer qu’un produit est local. Par exemple, l’organisme Île-de-France Terre de saveurs met en place la démarche « Mangeons Local en Île-de-France », autour du label « Produit en Île de France » qui certifie l’origine de 1 800 produits alimentaires. Elle propose une carte des points de vente et des recettes avec des produits locaux. Mais des efforts sur la traçabilité des produits sont encore à faire pour la plupart des produits.

La marque régionale "PRODUIT EN Île-de-France"

La marque régionale PRODUIT EN Île-de-France

Les avantages des circuits-courts

Pour celui qui veut manger un aliment cultivé localement, les circuits-courts ont l’avantage de la transparence et de la traçabilité : rien de tel pour savoir d’où son produit vient que de connaître sa·son producteur·rice. Mais leur intérêt ne s’arrête pas là : il est aussi plus facile de savoir comment le produit a été cultivé et/ou transformé. La réduction du nombre d’intermédiaires peut réduire les transports, les emballages ainsi que le gâchis lié à la standardisation. Ils donnent enfin plus de contrôle à la·au consommateur·rice sur ce qu’elle·il mange, plus d’autonomie aux producteur·rices, suppriment du prix les marges des intermédiaires et construisent une relation nouvelle entre producteur·rices et consommateur·rices.

Les réseaux de circuits-courts sont en plein développement, d’après l’APUR on en trouvait en 2018 plus de 120 à Paris, alimentés par 186 producteur·rices francilien·nes. Ils proposent une diversité de produits qui témoignent de la richesse de l’agriculture en Île-de-France, encore très présente jusque dans les années 1950.

Les réseaux de circuits courts à Paris

Plusieurs organismes proposent de commander des produits ou des paniers en lignes en circuits courts :

  • Au bout du champ propose dans ses 11 points de vente parisiens des fruits et légumes locaux, issus de l’agriculture paysanne, labellisée Bio ou raisonnée, récoltés le matin-même. L’entreprise permet aussi de commander en ligne et de récupérer son panier dans un point de retrait.
  • Alancienne : commandez en ligne pommes et poires, légumes, produits laitiers, viandes fermières, pains, produits d’épicerie… issu·es d’Île-de-France et de l’agroécologie. Les produits seront livrés chez vous le lendemain.
  • Kelbongoo : des légumes, fromages, fruits, volailles… en direct des fermes de Picardie. Passez la commande en ligne et venez récupérer votre panier le mercredi et le samedi dans un des quatre lieux de collecte, ou faites le livrer à domicile.
  • La Ruche qui dit oui ! : commandez en ligne fruits, légumes, pains, fromages, viandes, bières, plats… produits dans un rayon de 250 km, et récupérez votre commande une fois par semaine dans une des 50 “ruches” à Paris.
  • Marché sur l’eau : abonnez-vous à un panier hebdomadaire de fruits et légumes pour être livrés dans un point de collecte près de chez vous, ou adhérez à l’association pour acheter en vrac (y compris des produits d’épicerie, des œufs ou des laitages). Tous les produits sont cultivés à moins de 100 km de Paris.

Il existe également des épiceries en circuits-courts, en cherchant vous en trouverez probablement près de chez-vous !

Les associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP)

Vous pouvez soutenir l’agriculture locale en rejoignant une « association pour le maintien de l’agriculture paysanne », ou « AMAP », forme particulière de circuits courts, plus engagée et économique. Il s’agit d’un collectif de consommateur·rices, réuni·es autour d’un·e paysan·ne (ou artisan·ne transformateur·rice), qui s’engage à acheter chaque semaine un panier de produits alimentaires, pour une durée de 6 mois ou un an. Un contrat passé entre les consommateur·rices et la·le producteur·rice fixe le prix et la quantité (généralement en kilos), mais le contenu du panier peut varier selon les récoltes. On y trouve différents types de produits : certaines AMAP proposent des paniers de fruits et légumes, d’autres de la viande, du pain, des œufs…

Apparues en 2001 en France, les AMAP ont pour objectifs :

  • de maintenir et développer une agriculture locale, viable, équitable et soutenable, respectueuse de l’environnement ;
  • de promouvoir un rapport responsable à l’alimentation ;
  • de faire vivre une économie sociale et solidaire de proximité ;
  • et de contribuer à une souveraineté alimentaire dans un esprit de solidarité paysanne.

Le prix du panier est fixé de manière équitable, pour couvrir les coûts de la·du paysan·ne et lui assurer un revenu décent, tout en restant accessible. Il est maintenu à un niveau raisonnable grâce à l’absence de gâchis (tout ce qui est produit est consommé) et d’intermédiaires, et à un emballage minimum voire absent.

Une AMAP défend une pratique agro-écologique : concrètement, les productions sont variées, adaptées au territoire, les paysan·nes n’utilisent ni OGN ni engrais ou pesticides chimiques de synthèse, et l’activité s’engage à favoriser la biodiversité. Les paysan·nes en AMAP ont aussi un engagement de transparence et de qualité. Elles·Ils sensibilisent en outre les consommateur·rices à travers une présence sur le lieu de livraison, des visites de fermes et des ateliers pédagogiques, les AMAP créent donc du lien social.

Les AMAP se développent partout en France. En Île-de-France, où la première est née en 2003, on en comptait plus de 315, soit plus de 15 000 familles en partenariats avec 200 fermes.

Devenez un·e agriculteur·rice urbain·e !

L’agriculture urbaine se développe

Un autre moyen de contribuer à la production d’une alimentation locale et de participation à l’agriculture urbaine, qui connait un succès croissant depuis plusieurs années. Si un Paris autosuffisant en nourriture est en pratique impossible (d’après l’APUR, il faudrait 5 000 hectares, soit 1,5 fois la superficie de la ville pour s’auto alimenter), l’agriculture urbaine peut répondre à une partie de la demande des besoins en fruits et légumes frais.

Paris compte aujourd’hui près de 30 hectares d’agriculture en pleine terre et en toiture. Cette agriculture urbaine prend différentes formes :

  • La Ferme de Paris dans le bois de Vincennes, une exploitation de 5 hectares et un lieu de sensibilisation et d’innovation, notamment autour de la permaculture (une démarche éthique et scientifique qui vise à concevoir et organiser des systèmes agricoles efficaces, soutenables et résilients)
  • La Ferme mobile « hors les murs » qui se déplace d’arrondissement en arrondissement pour initier à l’agriculture urbaine et faire découvrir les animaux aux enfants
  • Les fermes urbaines pédagogiques, aménagées dans des parcs, pour sensibiliser le public à l’agriculture urbaine
  • Des ruchers pour faire de Paris un refuge pour les abeilles
  • Des vergers dans les écoles
  • La dizaine de vignes parisiennes
  • Les jardins partagés, espaces verts cultivés et animés par les habitants
  • Les cultures sur les murs et les toitures, qui s’inscrivent dans une démarche globale de végétalisation du bâti.

Cultiver Paris soi-même

Cultiver des courgettes sur son balcon, échanger des graines, végétaliser sa toiture… les citadin·es se tournent de plus en plus vers des occupations vertes. Jardiner est un premier pas vers une réappropriation de sa consommation tout en étant vecteur de liens sociaux !

À Paris, des solutions existent :

  • Rejoindre un jardin partagé (plus d’une centaine d’adresses à Paris)
  • Cultiver dans la cour de son immeuble, sur son balcon ou sur le rebord de sa fenêtre
  • Faire pousser ses plantes aromatiques en appartement, même sans balcon

Vous contribuerez ainsi au verdissement de la ville, essentiel pour la biodiversité et le captage du CO2, et prendrez plaisir à être au contact de la nature !

© Sophie Robichon, Mairie de Paris

©Sophie Robichon, Mairie de Paris

Que cultiver en ville ? Privilégier les variétés locales, rustiques et anciennes

Installez des jardinières de plantes et optez pour des graines de variétés régionales, rustiques et anciennes (mieux reproductibles) : elles sont mieux adaptées au climat urbain parisien et demandent moins d’arrosage et d’intrants.

Parmi les légumes, certaines variétés sont simples à produire (tomate, salade, haricot, courge) et peuvent être cultivées verticalement, pour un gain d’espace !

Thym, romarin, coriandre, persil, rose, bourrache… les aromates et plantes sauvages sont également de très bons choix. Ils assaisonnent vos plats et favorisent l’activité des insectes pollinisateurs, qui se nourrissent du pollen et nectar des fleurs. 

S’approvisionner en graines

Grainothèques : échange de graines dans des lieux publics parisiens

Trocs main verte : évènements réguliers à la Maison du jardinage pour s’échanger des semis et graines

Vous pouvez également vous approvisionner auprès de magasins de jardinage ou sur des plateformes en ligne comme Semencebio et Kokopelli ou encore lors de bourses aux semences organisées ponctuellement (ex : Les 48h de l’agriculture urbaine). 

Rejoindre ou créer un jardin partagé

Les jardins partagés : informations et liste des jardins partagés à Paris

Apprendre sur le jardinage

Maison du jardinage : pôle ressource jardinage urbain

Jardiniers amateurs : conseils et tutoriels en ligne pour jardiner

Actualités