Réforme du DPE : quelles conséquences pour les logements parisiens ?

publié le 07 mars 2024

7 min

Exemple de DPE ©Léna Constantin/Adobe Stock
Exemple de DPE ©Léna Constantin/Adobe Stock

Le 12 février 2024, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu a annoncé une nouvelle réforme du DPE pour les logements de moins de 40 m². Cette mesure, qui entrera en vigueur au 1ᵉʳ juillet 2024, s’inscrit dans un contexte de crise du marché locatif, notamment à Paris. Quelles conséquences attendre ?

Quelques rappels sur le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE)

Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est un document qui renseigne sur la performance énergétique et le niveau d’émissions de gaz à effet de serre intrinsèque d’un logement ou d’un bâtiment. Depuis le 1ᵉʳ juillet 2021, il est calculé par la méthode dite 3CL, et couvre 5 usages principaux de l’énergie dans le logement, à savoir : le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire, la climatisation, l’éclairage et les auxiliaires (comme la ventilation).

Il existe 2 sortes de DPE :

Le DPE évalue la performance d’un logement ou d’un bâtiment au regard de ses caractéristiques techniques, comme la nature des parois et leur niveau d’isolation, l’ancienneté de la chaudière, ou encore l’orientation du logement. Le DPE ne tient pas compte des consommations réelles du bien, qui peuvent varier de l’étiquette annoncée, car celles-ci dépendent de l’usage du logement (taux d’occupation, écogestes, …).

Créé en 2006, le DPE a connu plusieurs évolutions réglementaires tendant à le rendre plus complet, unique et obligatoire.

Exemple de résumé de notation dans le DPE
Exemple de résumé de notation dans le DPE Présentation du DPE

Le DPE à l’échelle du logement (individuel)

Le DPE individuel propose une description succincte de l’état du logement et de ses équipements, une estimation de sa consommation d’énergie annuelle théorique, avec inscription de sa classe énergétique. Il mentionne « consommation énergétique excessive » lorsque le logement est considéré comme une passoire énergétique, autrement dit s’il appartient aux classes F ou G.

En 2021, le DPE individuel a connu des évolutions réglementaires importantes :

Le DPE à l’échelle de l’immeuble (collectif)

Le DPE collectif rassemble les mêmes observations que le DPE à l’échelle individuelle, mais cette fois regarde un immeuble dans son ensemble. Il s’intéresse notamment aux systèmes communs de l’immeuble : chaufferie collective, production d’eau chaude, éclairages des parties communes. Il propose également des recommandations de travaux en vue d’améliorer la performance énergétique du bâtiment.

Le DPE collectif peut être réalisé en même temps que le Diagnostic Technique Global (DTG).

Obligations et échéances

Il existe en France une interdiction progressive de la mise en location1 des logements les plus énergivores. Cette interdiction s’applique avec les échéances suivantes :

En parallèle, la Loi « Climat et résilience » rend obligatoire la réalisation d’un DPE collectif pour les bâtiments collectifs d’habitation, en suivant les échéances suivantes :

Une nouvelle réforme en 2024 pour le DPE individuel : quelles conséquences ?

Le 12 février 2024, Christophe Béchu ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, annonce que le DPE sera à nouveau modifié courant 2024, pour les logements de moins de 40 m². L’objectif de cette révision est de moins pénaliser les petits logements, et d’en sortir une partie de leur statut de « passoire énergétique ». Selon le gouvernement, cette réforme permettrait de sortir environ 140 000 logements de ce statut (environ 11% des logements concernés) afin de les maintenir éligibles à la location à court terme.

Cette mesure entrera en vigueur au 1ᵉʳ juillet 2024.

L’eau chaude sanitaire, cause d’un mauvais DPE ?

La méthode de calcul en vigueur pour la réalisation d’un DPE tend à pénaliser les petites surfaces, notamment inférieures à 40m². Cette pénalité peut venir du poids de l’eau chaude sanitaire (ECS) qui est fonction de la surface du logement, indépendamment du nombre d’occupants. Autrement dit, un couple A vivant dans un appartement de 25 m² aura une consommation d’eau chaude sensiblement similaire à un couple B dans un logement de 50 m². Seulement, la consommation d’énergie pour chauffer l’eau sera divisée soit par 25 m², soit par 50 m². Artificiellement, au regard du DPE, le couple A consomme 2 fois plus sur la partie « eau chaude sanitaire » du DPE.

Ainsi, le DPE intègrera des nouveaux seuils pour déterminer les étiquettes énergie des logements de moins de 40 m², à partir d’un coefficient de pondération venant adoucir l’impact de l’eau chaude sanitaire sur la note. Rappelons que pour un logement moyen en France, 30 % de la chaleur produite sert à l’eau chaude sanitaire, contre 70 % pour le chauffage.

Plus la surface d’un logement est petite, plus la part de l’eau chaude sanitaire pèse sur son classement, sans lien réel avec le nombre d’occupants.

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

Un calculateur pour simuler son nouveau DPE individuel corrigé

Vous êtes propriétaire d’un logement de moins de 40 m² à Paris et avez déjà réalisé un DPE ? L’ADEME a mis en place un simulateur en ligne permettant de retrouver votre DPE, et de mettre à jour son étiquette. Il suffit de se rendre sur le site https://observatoire-dpe-audit.ademe.fr/accueil muni du numéro à 13 caractères du DPE.

Exemple pour un appartement de 15 m² en chauffage et eau chaude électrique, construit en 1948 :

Exemple de DPE
Exemple de DPE Synthèse du DPE avant la réforme
Synthèse du même DPE simulé à partir du 1ᵉʳ juillet 2024

Sur cet exemple, les niveaux de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre ne changent pas, mais l’étiquette associée évolue. Dans ce cas, l’appartement ne sera plus considéré comme une passoire thermique (étiquettes F et G).

Évolution du parc parisien au regard de la réforme

À partir de la nouvelle grille provisoire de correspondance des étiquettes2, l’Agence Parisienne du Climat a réalisé une analyse de l’impact de la réforme pour les logements parisiens.

Selon l’INSEE3 Paris compte 1 139 000 résidences principales, dont 444 000 sont des logements de moins de 40 m² concernés par la réforme. Parmi ces logements, on en compte aujourd’hui 53 % (236 000) qui sont en étiquette F ou G. On estime qu’ils ne seront plus que 44 % (193 000) après l’application de la réforme.

Source : Observatoire des DPE (Ademe), simulations Agence Parisienne du Climat

Au 1ᵉʳ juillet 2024, près de 43 000 logements parisiens de moins de 40 m² devraient automatiquement perdre leur statut de passoire thermique. De fait, ils ne seront pas impactés par l’interdiction de mise en location avant 2034. Néanmoins, près de 193 000 logements resteront en catégories F et G.

Si vous êtes concerné·e par ce cas de figure, il est important de garder à l’esprit que les gains de consommation d’énergie et l’amélioration du confort sont plus importants dans le cadre de travaux de rénovation à l’échelle de l’immeuble. Les aides financières sont également plus importantes pour ce type de projet.