Comment vit-on la transition écologique dans le quartier du Bas-Belleville ? La parole aux habitant·es !
Des habitantes et habitants du quartier ont été interrogés au printemps dernier afin de partager leurs ressentis sur les enjeux environnementaux et la transition écologique dans le Bas-Belleville. Ces entretiens ont été réalisés dans le cadre de la mise en œuvre du projet européen GINNGER, porté à Paris par l’Agence Parisienne du Climat.
Derrière ce nom piquant, il s’agit d’un projet visant à accompagner localement la transition écologique des quartiers européens en favorisant la participation citoyenne et l’inclusion. Six sites pilotes ont été sélectionnés au sein de l’Union Européenne, dont le quartier du Bas-Belleville à Paris.
Écouter pour faire participer
Accueillie chaleureusement avec un café et des petits gâteaux, ou parfois dans l’un des nombreux cafés du quartier, Mathilde Chantepie Pujol, Chargée de mission à l’Agence Parisienne du Climat, est allée à la rencontre des habitantes et habitants du Bas-Belleville pour comprendre leurs ressentis face aux défis de la transition écologique.
31 entretiens d’une heure ont permis de rassembler des témoignages authentiques tout en laissant émerger les préoccupations et solutions proposées par chacun face au changement climatique. La méthodologie employée est celle d’entretiens semi-directifs, permettant aux habitantes et habitants de Belleville d’exprimer librement leurs ressentis tout en étant guidés par des questions ouvertes.
À travers cet exercice, l’objectif était d’engager directement les citoyennes et citoyens dans le processus, et ainsi découvrir les dynamiques locales et les pratiques quotidiennes qui influencent leurs comportements et leur capacité à participer activement aux initiatives environnementales.
J’adore répondre à des entretiens, j’ai l’impression de participer à quelque chose.
Habitante
Les informations obtenues lors de ces entretiens servent non seulement à affiner notre approche théorique, mais aussi à adapter les solutions aux contextes spécifiques de chaque quartier de ce projet.
Bas-Belleville, portrait d’un quartier en évolution
En sollicitant les habitants et habitantes sur leurs ressentis vis-à-vis du quartier, tous et toutes ont exprimé, à la quasi-unanimité, un fort attachement à Belleville. Le quartier est fortement apprécié pour sa mixité et diversité, son dynamisme, mais aussi la solidarité entretenue par sa forte vie associative. En effet, de nombreuses associations œuvrent aujourd’hui pour renforcer la cohésion sociale et apporter des solutions concrètes aux défis du quartier. Elles interviennent dans divers domaines tels que l’accompagnement aux droits, les initiatives culturelles, sportives, écologiques, ainsi que l’entraide, notamment en soutenant la jeunesse et les personnes âgées.
Je vois beaucoup de solidarité aussi et beaucoup de vie associative. Par exemple, j’ai beaucoup été soutenue dans mon quartier et c’est grâce à ça que j’ai pu réaliser mes projets.
Habitante du quartier
Bien que de nombreux habitants et habitantes du quartier expriment une satisfaction quant à leur qualité de vie, certains sujets reviennent fréquemment lors des discussions. La saleté est l’un de ces problèmes récurrents, alimentant un sentiment de négligence à l’égard du quartier. Les répondants expriment également des inquiétudes quant à l’évolution vers une plus grande gentrification ainsi qu’à la privatisation croissante des espaces communs, souvent justifiée au nom de la sécurité.
Construire la transition ensemble
Face à ces défis, une conscience environnementale se développe parmi les répondants, avec une volonté d’adopter des comportements plus durables au quotidien, que ce soit dans leur consommation énergétique, la gestion des déchets, ou leurs choix alimentaires. Cependant, ils révèlent aussi les différentes limites et obstacles qui peuvent freiner leurs démarches, tels que le manque d’espace pour porter des projets de végétalisation par exemple, ou l’enjeu financier pour soutenir certains comportements plus vertueux comme consommer bio ou prendre le train. Participer à la transition écologique implique aussi selon eux de répondre à des défis structurels plus larges et vastes : comment agir de manière durable lorsque la société incite généralement à faire l’inverse ? Ces freins compliquent parfois la mise en place de changements à l’échelle individuelle et collective.
Toutefois, la volonté de s’engager ensemble dans des actions écologiques a émergé à plusieurs reprises lors des échanges.
C’est par la création de liens que cela [la transition écologique] peut se faire, l’action collective à l’échelle locale. […] C’est ça qui pourrait être sympa, par exemple avoir un jardin partagé entre voisins. Ce serait un lieu de mélange social avec des réunions et rencontres à l’échelle du quartier.
Habitante du quartier
Face au désemparement et l’impuissance qui peuvent être ressentis face à des défis globaux, plusieurs répondants ont exprimé leur volonté d’agir sur le local. Ils proposent de faire davantage de sensibilisation, de donner des outils et des ressources aux habitantes et habitants, et de mettre en valeur les petites actions écologiques de chacun pour encourager des dynamiques vertueuses.
Il faudrait faire de la sensibilisation au plus proche des gens : dans la rue, lors des événements, des fêtes de quartier, dans les écoles, les logements et même au travail.
Il faut raviver notre fierté à agir pour l’environnement et pour notre quartier, être fier de l’entretenir et donner envie de s’en occuper. Propager cette valeur pour encourager un comportement durable.
Habitants
Il est encourageant de constater qu’il existe de nombreuses dynamiques collectives dans le quartier, témoignant d’une volonté d’agir, ainsi que déjà de nombreuses idées pour son avenir. La création d’espaces de dialogue et de cohésion, notamment, pourraient amener à développer des solutions concrètes et inclusives en permettant de promouvoir des changements positifs dans le quartier.
C’est ce type de démarche que souhaite encourager le projet GINNGER. Il s’inscrit dans une logique de construction entre habitantes et habitants, associations locales et acteurs institutionnels, tout en cherchant à renforcer ces initiatives en apportant des outils, des ressources et un cadre favorisant la participation de toutes et tous.
Dans la continuité de ces riches échanges sur la transition écologique dans le quartier du Bas-Belleville, l’Agence Parisienne du Climat vous invite à participer au festival de Belleville Durable et Solidaire, qui se tiendra le 12 octobre 2024. Cet évènement sera l’occasion de se rassembler et d’explorer ensemble des initiatives pour la transition écologique dans le quartier. Nous organiserons également en novembre une réunion avec les habitantes et les habitants, notamment des copropriétés du Bas-Belleville, pour discuter des projets de rénovation durable et recueillir vos idées afin de rendre nos immeubles plus écologiques et respectueux de l’environnement.