[Série technique] – Episode 14 : L’occultation des fenêtres par des volets roulants

publié le 11 juin 2024

13 min

Dans un projet de rénovation énergétique, il est fréquent d'intervenir sur les fenêtres et leurs occultations. Cet article propose de faire un zoom sur l'installation de volets roulants en copropriété dans un projet de rénovation énergétique en abordant notamment la question du confort d'été.

Nous avons interrogé M. Rodolphe Beautru, Responsable Commercial Grands Comptes chez NORBA IDF, entreprise étant intervenue sur les menuiseries dans plusieurs projets de rénovation énergétique, notamment pour l’installation de volets roulants.

C’est par exemple le cas du 69 rue Marx Dormoy dans le 18e arrondissement.

Différents types d’occultation en copropriété

Il existe différents types d’occultations en copropriété. Leur rôle étant d’abord d’empêcher la lumière de rentrer dans le logement, et de plus en plus de temporiser l’arrivée de chaleur dans celui-ci en période estivale.

Les persiennes sont une solution efficace pour occulter les fenêtres et optimiser le confort d’été. Ici, il s’agit de persiennes qui se replient sur elles-mêmes © NORBA IDF

« Dans un projet de rénovation, la solution la plus demandée est celle du volet roulant, pas besoin d’ouvrir la fenêtre pour le descendre ou le remonter ! »

M. Rodolphe Beautru

Les volets roulants en copropriété : différents cas de figure

Cas 1 : le coffre est situé à l’intérieur du logement

Dans les immeubles des années 70, les menuiseries comportent déjà souvent des volets roulants. Les coffres se trouvent généralement à l’intérieur du logement : on les garde en cas de rénovation.

Cependant, ils sont mal isolés. En effet, l’air froid au niveau du passage du tablier roulant pénètre dans le logement et cela dégrade le confort d’hiver. Il faut donc les isoler afin de ne pas avoir de déperdition thermique.

D’ailleurs, la réflexion est la même pour le confort d’été, la chaleur peut également rentrer dans le logement par ce biais.

Quand il y a déjà des coffres intérieurs, les travaux ne sont généralement pas collectifs : chacun choisit si les volets roulants sont remplacés, ou non.

Au 69 rue Marx Dormoy (75018), les coffres de volets roulants en bois se situaient à l’intérieur des logements et pouvaient représenter une source de déperdition de chaleur. C’est pourquoi ils ont été isolés dans le cadre de la rénovation globale de la copropriété. © NORBA IDF

Cas 2 : le coffre est situé à l’extérieur du logement

Parfois le coffre du volet roulant est à l’extérieur : il est logé dans un faux plafond dans les balcons. Il n’y a donc pas de déperdition de froid dans les logements et il n’est pas nécessaire de les isoler.

Cas 3 : il n’y a pas de volet roulant à l’origine

Quand il n’y a pas de volet roulant existant, on ajoute un coffre à l’extérieur, au-dessus de la fenêtre.

Dans cette maison individuelle, le volet roulant a été posé a posteriori. A l’origine, l’occultation était réalisée par des volets battants qui ont été maintenus. Le coffre est situé à l’extérieur du logement. © Agence Parisienne du Climat

« Cela n’est pas toujours autorisé, notamment s’il y a de fortes contraintes architecturales et patrimoniales ».

M. Rodolphe Beautru

Mettre un coffre à l’intérieur impliquerait de changer la fenêtre car le coffre peut empiéter sur la hauteur de la fenêtre. Il est donc difficile en copropriété de demander à tout le monde de changer ses fenêtres.

Il existe des précadres isolés comportant le tableau de fenêtre ainsi que le volet roulant.

Il s’agit de la solution la plus efficace dans le cadre d’une rénovation globale mais elle implique que toutes les occultations soient remplacées.

« Cette solution n’est pas employée partout, on la trouve assez peu à Paris. En revanche on la retrouve beaucoup sur la grande couronne, dans des barres de bâtiments plus faciles à rénover techniquement. »

M. Rodolphe Beautru

Dans le cas des précadres isolés, c’est au niveau du tableau de fenêtre que se trouve l’isolant.

En effet, il est difficile autrement d’avoir une solution avec une isolation similaire. Si la façade est isolée par l’extérieur, on n’isole pas toujours les retours autour des fenêtres car cela engendre des contraintes techniques avec l’existant. Par exemple, cela peut nécessiter de supprimer toutes les persiennes, nous explique M. Beautru.

Travaux privatifs ou collectifs ?

Quand il n’y a pas d’occultations déjà présentes, l’installation de volets roulants peut faire l’objet de travaux collectifs : on se met d’accord pour une solution harmonieuse.

Cependant, quand il y a déjà des occultations :

« Dans environ 50 % des chantiers, on change toutes les occultations et ça passe en travaux collectifs. »

M. Rodolphe Beautru

Cependant, le changement d’occultation sur une copropriété peut être refusé en raison du respect du patrimoine.

« Techniquement, on peut mettre du volet roulant partout. Ce qui bloque, c’est plutôt l’aspect architectural. »

M. Rodolphe Beautru

Pour être accompagné dans votre projet, vous pouvez inscrire votre copropriété sur la plateforme CoachCopro. Un conseiller ou une conseillère de l’Agence Parisienne du Climat vous contactera afin de vous accompagner dans vos demandes.

Les volets roulants solaires : une solution économe en électricité

Les volets roulants dits « solaires » sont des volets roulants dont le moteur est alimenté en électricité par une cellule photovoltaïque. Il s’agit d’un petit carré noir d’environ 7cm x 30cm, positionné sur le coffre.

Certains coffres de volets roulants comportent une cellule photovoltaïque permettant de recharger la batterie du moteur et de ne pas raccorder ce dernier au réseau électrique. C’est le cas sur cette façade d’immeuble. © NORBA IDF

La cellule photovoltaïque n’a pas besoin de soleil, simplement de lumière. Cela permet de ne pas devoir raccorder les volets roulants au réseau électrique et de ne pas tirer de câbles jusqu’à ce dernier.

Cette solution est surtout envisagée en cas de pose de nouveaux volets roulants avec un coffre placé à l’extérieur du logement.

Dans les anciennes résidences avec un coffre existant à l’intérieur du logement, la cellule est déportée, c’est plus complexe que lorsque le coffre est à l’extérieur.

Une solution intéressante pour l’amélioration du confort thermique

Les occultations de manière générale sont utiles pour empêcher la lumière d’entrer dans les logements, mais également pour les protéger de la chaleur, notamment en été.

Un meilleur confort en été comme en hiver

Les volets roulants permettent d’améliorer le confort en hiver car où ils apportent une résistance thermique additionnelle à celle de la fenêtre.

Adopter de bonnes pratiques pour optimiser l’efficacité des volets roulants

En effet, selon la saison, on ne les utilisera pas de la même manière :

Toutefois, une fois fermés, les volets roulants ont pour particularité d’être très hermétiques. C’est particulièrement utile pour isoler – du chaud en journée l’été ou du froid la nuit l’hiver – mais il est aussi important de prendre cela en compte dans la ventilation du logement.

De plus, cela pose la question de la lumière dans le logement en été. Les volets roulants sont très obstruants. Ils permettent tout de même de laisser rentrer la lumière si on ne les ferme pas complètement : il y a quelques ajours qui permettent de garder un confort solaire. Ils restent cependant moins efficaces que certaines protections solaires telles que les brise-soleil ou les stores bannes, qui permettent un réel confort solaire. C’est pour cela qu’il est idéal de combiner ces deux solutions :

Cette combinaison est idéale tant en période caniculaire que dans d’autres situations climatiques : le volet renforce l’isolation du vitrage et le store extérieur évite tout rayonnement direct.

« A l’origine les volets roulants ont vraiment un rôle d’occultation : il n’y a pas de système qui laisse entrer la lumière du jour sans avoir pour autant le soleil qui tape directement dans la fenêtre. Il n’y a pas si longtemps que ça, l’occultation était pensée uniquement pour faire le noir dans une pièce, or aujourd’hui on ferme les occultations en journée l’été pour ne pas avoir trop chaud. »

M. Rodolphe Beautru
L’automatisation des volets roulants

Pour aller plus loin dans l’optimisation de l’utilisation des volets roulants, il est possible de les automatiser !

En effet, il existe désormais des systèmes domotiques qui fonctionnent grâce à l’installation de capteurs de température (dans le logement) et d’ensoleillement (sur la façade). Lorsque l’ensoleillement devient important et que la température du logement augmente rapidement, le volet roulant va automatiquement se fermer. A l’inverse, il peut s’ouvrir automatiquement en hiver si l’ensoleillement est important et que la température du logement est faible.

Cela permet un usage optimal et intelligent de ses occultations pour améliorer encore d’avantage le confort du logement, en hiver comme en été.

Le choix des matériaux

Aussi, le matériau joue sur le confort d’été. Globalement, les volets roulants sont soit en PVC, soit en aluminium. Ils sont d’ailleurs plus souvent en aluminium car on ne peut pas faire de grands volets avec du PVC.

L’aluminium est performant pour l‘isolation thermique en hiver, mais en été il se peut que l’aluminium chauffe et crée une paroi chaude à l’intérieur. C’est pourquoi il existe maintenant des traitements sur les lames, pour éviter la propagation de la chaleur. Cette solution est encore peu utilisée car la réflexion sur le confort d’été n’est pas assez poussée.

« Nous avons parfois des retours de copropriétaires qui ont remarqué que les lames chauffent en été, la question du confort d’été se pose de plus en plus. Cela dit, les volets roulants protègent tout de même de la chaleur bien plus que s’il n’y a pas d’occultation. »

M. Rodolphe Beautru

Les critères réglementaires en cours

Aussi, M. Beautru souligne l’importance aujourd’hui de prendre en compte la question du confort d’été dans les projets de rénovation énergétique globaux et regrette que ce ne soit pas un critère réglementaire, notamment dans l’attribution des aides financières.

« Le confort d’été est un sujet très peu abordé dans les cahiers des charges des architectes aujourd’hui, et ne rentre pas dans les critères réglementaires. »

M. Rodolphe Beautru

Il nous explique d’ailleurs que cette question du confort d’été est bien prise en compte dans les bâtiments tertiaires, où il y a des critères spécifiques. Etant donné qu’ils sont occupés la journée, il faut éviter que la fenêtre ne prenne trop la chaleur. C’est pourquoi le coefficient solaire Sw des fenêtres doit être faible dans le tertiaire : il est inversé par rapport aux bâtiments de logements.

Dans les logements, qui sont en principe plutôt occupés la nuit, le coefficient solaire de la fenêtre doit être élevé afin de capter un maximum de chaleur dans la journée.

C’est pourquoi il est important d’avoir des occultations efficaces pour limiter cet apport de chaleur en été ! La réflexion doit être menée de manière globale en envisageant des solutions qui soient adaptées à la fois pour les conforts d’hiver et d’été.

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