Bulletin climatique : un été 2023 sans canicule à Paris, mais qui reste le quatrième plus chaud enregistré depuis 1900

publié le 11 septembre 2023

8 min

© François Roux/Adobe Stock

Comme chaque été, l'Agence Parisienne du Climat vous propose en partenariat avec Météo-France un bulletin climatique pour mettre en perspective les données relevées ces derniers mois à Paris avec celles relevées dans le passé.  

L’été 2023 semble marquer un tournant dans le monde, un « point de rupture dans le climat » selon le secrétaire général de l’ONU António Guterres. Il est le plus chaud jamais enregistré, avec des records de températures atteints dans plusieurs endroits du globe (50,4 °C au Maroc, 52,2 °C en Chine) ainsi qu’à la surface des mers. Une série d’évènements climatiques extrêmes a fait rage sur les différents continents : incendies, canicules, sécheresses, inondations… En France, l’été 2023 a été le quatrième plus chaud enregistré depuis 1900. Plusieurs vagues de chaleur ont marqué le pays et des centaines de records de températures ont été battus. 

À Paris, vous l’avez sûrement constaté, le temps a été mitigé et il n’y a pas eu de canicule à proprement parlé pendant les mois de juin, juillet et août, qui correspondent aux mois de “l’été météorologique”. En revanche, Paris a connu une vague de chaleur tardive très intense début septembre, qui appartient pourtant à la période de « l’automne météorologique » avec les mois de d’octobre et novembre.

Focus sur la vague de chaleur exceptionnelle de septembre 

Nous venons de vivre entre le 2 et le 11 septembre une vague de chaleur remarquable qui a placé Paris en vigilance orange canicule. On a relevé sur la capitale : 

Un été sans canicule à Paris, c’est possible ?  

Météo-France ne parle de « canicule » en région parisienne qu’à partir de 3 jours et nuits consécutifs où la température maximale est au-dessus de 31 °C et où les températures minimales sont supérieures à 21 °C.  

Extrait de notre infographie « Lexique canicule : comprendre pour mieux s’adapter »

Alors qu’en France, trois alertes canicules ont été déclenchées cet été, dont la plus importante a nécessité le passage en vigilance rouge sur 19 départements à partir du 22 août, Paris a heureusement échappé à ce phénomène sur les mois de juin, juillet et août.

Néanmoins, cela ne signifie pas que les Parisien·nes aient été épargné·es par la chaleur. 

L’été 2023 est le sixième été le plus chaud à Paris depuis les premières mesures de la station météorologique du parc Montsouris, en 1872. Il a donc été moins chaud que l’été 2022, deuxième été le plus chaud mesuré par la station mais reste parmi les étés les plus chauds jamais enregistrés depuis 151 ans, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous.

Le mois de juin a été particulièrement chaud avec 27 jours où la température a dépassé 25 °C, contre 10 en temps normal.

Les 15 étés les plus chauds depuis 1872 à Paris, Météo-France

On a relevé à Paris en juin, juillet et août 7 nuits tropicales (où la température ne passe pas sous la barre des 20 °C). Ces nuits chaudes, surtout lorsqu’elles se succèdent, ne permettent pas à la ville de se rafraîchir la nuit et contribuent à ce qu’on appelle l’effet d’îlot de chaleur urbain. Les Parisien.nes n’ont pas eu à les subir plus de deux nuits consécutives pendant cette période, mais avec le changement climatique, elles pourraient se multiplier : l’étude « Paris face aux changements climatiques » (Ville de Paris, 2021) en prévoit 17,8 en 2030, 20,5 en 2050 et 34,8 en 2085.

Un triste anniversaire 

Le mois d’août marquait aussi les 20 ans de la canicule de 2003, qui avait duré 10 jours et qui reste encore à ce jour l’épisode caniculaire le plus sévère et le plus meurtrier ayant touché Paris et la France depuis le début des mesures mises en place.

Un été marqué par des températures irrégulières 

Comme au printemps dernier, les températures ont été irrégulières selon les jours avec une perpétuelle oscillation autour de la valeur moyenne quotidienne. C’est ce que l’on peut observer sur ce graphique.

Graphique de suivi des températures à Paris en juin, juillet, août 2023  – Météo France

Sur ce graphique, les courbes continues représentent les normales quotidiennes entre 1991 et 2020 ; moyennes en violet, minimales en bleu et maximales en rouge. La courbe violette oscillant sur le graphique représente les températures moyennes quotidiennes de cet été 2023. Les températures maximales et minimales sont également indiquées pour chaque jour en degré Celsius.  

Un été qui met fin à la sécheresse ?  

Rappelez-vous : cet hiver, une sécheresse hivernale spectaculaire a eu lieu et la pluie était très attendue. Heureusement des pluies irrégulières mais malgré tout en quantité supérieure à la normale ont eu lieu à Paris. C’est surtout au mois de juillet que l’on a pu observer un cumul supérieur à la normale (contrairement au mois de juin où il était inférieur). 

Précipitations de septembre 2021 à août 2023 à Paris – Météo-France

Comme on le voit sur le graphique ci-dessus, sur les trois mois de l’été, le cumul est excédentaire de 25 % à 40 % par rapport à la moyenne. Cela est davantage lié à l’intensité des épisodes de pluie qu’à leur fréquence, puisqu’il y a eu 25 jours de pluie significative (au-dessus de 1 mm) à Montsouris, soit seulement 1 jour de plus que la normale.  

Les précipitations élevées de l’été ont donc permis de compenser en partie la sécheresse hivernale. Comme l’indique la courbe rose sur le graphique, le déficit s’est réduit et atteint désormais 44 mm de moins que la moyenne, ce qui a permis de retrouver une humidité des sols importante.  

Le niveau de la Seine reste cependant bas, les réserves profondes n’ayant pas retrouvé leur niveau normal.

Des orages parfois violents  

Si vous étiez à Paris cet été, vous avez sûrement été surpris par des orages impressionnants. Le dimanche 18 juin en fin d’après-midi, un orage a éclaté, accompagné de forts vents, faisant baisser la température de 10 °C en seulement 1h à Montsouris. Une rafale à 99 km/h a été enregistrée, un record pour un mois de juin. Ces vents ont fait chuter quelques branches et arbres malades, et la soudaineté du déluge a surpris les promeneur·euses. 

On peut aussi mentionner l’important orage du 28 juillet, qui comme on peut le voir sur ces images, a causé des inondations dans certaines rues.

C’est ce qu’on appelle les inondations « par ruissellement » : la capitale est en effet une ville très urbanisée et très perméable, ce qui empêche l’infiltration des eaux de pluie. Des inondations par ruissellement peuvent alors avoir lieu : les réseaux d’assainissement ne sont pas dimensionnés pour accueillir autant de pluie d’un coup, et l’eau s’engouffre là où elle le peut. C’est pourquoi il est important de débitumer et végétaliser autant que possible, pour que l’eau de pluie s’infiltre là où elle tombe et soulage les réseaux d’assainissement qui, lorsqu’ils sont saturés, polluent les cours d’eau.

L’été 2023 a donc vu une irrégularité dans les températures ainsi que dans les précipitations qui ont touché Paris. La vague de chaleur de début septembre confirme les projections climatiques des expert·es, qui indiquent qu’elles pourront survenir beaucoup plus tôt ou tard dans l’année. Cela nous pousse à anticiper les conséquences au maximum et à agir sur l’adaptation de la Ville et de nos logements.  

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