Développer des approches collectives pour faire avancer la transition écologique des quartiers

publié le 09 juillet 2024

10 min

Parc de Belleville à Paris
Parc de Belleville à Paris © Studio Laure/Adobe stock

Dans une ville aussi dense que Paris, la transition écologique ne peut s’envisager sans ses voisins. Si en milieu rural ou périurbain, c’est toute la ville qui peut s’investir au sein d’une communauté, à Paris, c’est déjà à l’échelle du quartier, où la densité y rassemble toutes les fonctions urbaines, que la communauté émergera. C’est à ce titre que l'Agence Parisienne du Climat s'engage activement dans la transformation durable des quartiers, notamment au travers des projets européens GINNGER et DISCOVER dans lesquels elle est engagée depuis 2023.

Accompagner la transition écologique des quartiers avec les habitants à travers le projet GINNGER

S’appuyer sur les enseignements de l’expérimentation d’éco-gestionnaire de quartier

Forte de son expérience dans l’accompagnement de la transition écologique du bâtiment, l’Agence Parisienne du Climat a décidé en 2021 de s’ouvrir à l’échelle du quartier au travers de l’expérimentation du métier d’éco-gestionnaire de quartier, qui visait à mettre en place dans trois quartiers pilotes parisiens un facilitateur, en charge de créer du lien social à l’échelon local afin de faire émerger des solutions concrètes, portées par les habitants et les habitantes à l’échelle de l’îlot ou du quartier pour accélérer sa transition écologique.

Cela a été l’occasion d’explorer autant des logiques de partages de bonnes pratiques entre acteurs du quartier que de tester in situ des logiques plus ambitieuses de mutualisation de projets. Ainsi, cette expérimentation a permis la naissance d’une démarche inédite de rénovation énergétique mutualisée par plusieurs copropriétés, que l’Agence Parisienne du Climat accompagne encore aujourd’hui.

« L’éco-gestionnaire a ouvert un dialogue entre les différentes copropriétés, favorisant ainsi une acculturation des copropriétaires. Il a permis de mutualiser les dynamiques de rénovation en soignant les relations et en montrant l’intérêt d’un travail en commun. C’est un apport primordial pour la réussite des projets de rénovation. »

ÉRIC OFFREDO
1er Adjoint au Maire en charge des Finances, de l’Urbanisme et de l’Architecture Mairie du 13ᵉ arrondissement

Aujourd’hui, l’Agence Parisienne du Climat prolonge cette exploration grâce au projet GINNGER, financé par la Commission Européenne dans le cadre du programme Horizon Europe. Ce dernier propose une approche de la transition écologique des quartiers centrée sur la participation des citoyens et des citoyennes.

Les 6 sites pilotes européens du projet GINNGER

Des solutions pensées par les habitants au service de leur quartier

L’Agence Parisienne du Climat pourra profiter de l’expertise de laboratoires en sciences sociales pour développer des outils permettant de faire émerger des solutions décidées par et pour les habitants et habitantes des quartiers cibles. Grâce à ce processus de cocréation, pensé pour être inclusif de toutes et tous, ces solutions répondront donc directement aux besoins des citoyens. Chaque site pilote est doté d’un Green Neighbourhood Facilitator (GNF), qui accompagnera le déploiement du dispositif.

Son rôle sera de :

Le quartier du Bas-Belleville : le site pilote parisien

Dans le site du Bas-Belleville, dans le vingtième arrondissement, ce projet vise en particulier à faire émerger des solutions s’appuyant sur la notion de mutualisation. Celle-ci est notamment pertinente dans un territoire aussi dense que celui de Paris. En partageant des équipements, des bonnes pratiques, des infrastructures et des services, les quartiers peuvent réduire leurs coûts en optimisant l’utilisation des ressources, et donc réduire leur empreinte carbone. Par exemple, la mutualisation de projets de rénovation, d’achats groupés de volets, de locaux à vélo ou d’espaces de vie, de communs sont autant de solutions qui sont nécessaires pour assurer la transition écologique de Paris. Elle encourage également la coopération entre les habitants et les entreprises locales, renforçant ainsi la cohésion sociale et l’engagement communautaire.

Une enquête de diagnostic a été menée auprès de 31 habitants et habitantes du quartier, afin d’identifier les sujets prioritaires sur le quartier. Les résultats de cette enquête seront présentés lors du premier comité de suivi local du projet, organisé le 18 juillet dans le quartier. Ce comité, composé d’habitants représentants la diversité du quartier, de représentants de la mairie du 20ᵉ arrondissement et de parties prenantes du quartier (équipe de développement local, associations), sera l’occasion de définir le plus horizontalement possible un cadre de fonctionnement et des objectifs, et de préparer la mobilisation du quartier prévue pour l’automne.

La présence de l’Agence Parisienne du Climat sur le quartier a été accueillie avec enthousiasme par l’équipe de développement local de Belleville-Amandiers, afin notamment de monter en compétence sur les questions de transition écologique. 

La mutualisation trouve aussi sa place dans des projets de développement d’énergie renouvelable. C’est l’objet en particulier du projet Européen DISCOVER, dont l’Agence Parisienne du Climat est un des partenaires et qui vise à encourager les initiatives citoyennes de production d’énergie photovoltaïque en ville.

Encourager le développement des initiatives photovoltaïques avec le projet DISCOVER

Comme le projet GINNGER, ce projet financé par l’Union européenne permet à l’Agence Parisienne du Climat de se développer dans un domaine nouveau : l’accompagnement des communautés d’énergie locales et photovoltaïques.

L’objectif du projet DISCOVER

Son objectif est de favoriser l’émergence d’initiatives citoyennes à Paris, encore peu nombreuses, et d’accompagner les collectifs qui se créent à travers toutes les étapes de ce type de projet complexe.

S’appuyer sur les communautés locales pour améliorer la résilience des territoires

Les communautés d’énergie locales sont une des clés de réussite de la transition. Appuyée sur un réseau interconnecté et des centrales de production à l’échelle nationale, elles œuvrent à la production décentralisée et renouvelable de nos énergies.

De surcroit, elles améliorent la résilience des territoires en relocalisant une partie de la production à proximité des lieux de consommation (sécurisant des fluctuations du marché mondial) et elles permettent aux citoyens et citoyennes que nous sommes de se réapproprier le sujet de l’énergie en favorisant la participation à la gouvernance, et le lien social entre la collectivité et les acteurs locaux, commerces, entreprises et associations.

Panneaux solaires en toiture à Paris
Panneaux solaires en toiture à Paris ©Atlantis_AdobeStock

La mutualisation de l’énergie photovoltaïque : un modèle économique prometteur

DISCOVER s’intéresse au cas particulier de l’électricité et du photovoltaïque. On sait que les panneaux photovoltaïques génèrent de l’électricité en journée et pas la nuit, et davantage l’été que l’hiver. C’est l’intermittence, qui rend plus difficile de piloter le système au global, c’est-à-dire de faire en sorte que chaque consommateur ait accès à de l’électricité selon ses besoins.

La communauté locale est une partie de la réponse au problème de l’intermittence. C’est aussi la garantie d’un meilleur modèle économique lorsqu’on choisit d’investir.

Pourquoi ? Car au-delà du fait que de savoir d’où provient son électricité peut favoriser un changement de son comportement et de son besoin (vers la sobriété !), le fait de multiplier les producteurs et les consommateurs au sein d’une communauté locale va augmenter les chances d’autoconsommer l’électricité générée. C’est le principe du foisonnement. Le producteur qui ne consomme pas soi-même l’électricité produite sur son toit, par exemple une copropriété à 16h00 presque vide d’occupants, va pouvoir revendre à un voisin de la communauté, par exemple des bureaux pleins à 16h00, à un prix vraisemblablement plus avantageux pour les deux parties que si elle revendait sur le réseau global.

Des objectifs de production d’énergie photovoltaïque ambitieux pour Paris

Le Plan climat de la Ville de Paris vise pour 2030 la production intra-muros de 500 GWh/an d’énergie renouvelable, qui devront représenter 10% de l’ensemble des énergies renouvelables consommées à Paris. Parmi ces 500 GWh/an, ce sont 100 GWh/an d’électricité photovoltaïque qui sont visées. C’est ambitieux, mais un fort potentiel reste à exploiter.

Les équipements publics et le parc de logement social font l’objet d’investissement de la part de la municipalité depuis plusieurs années avec le dispositif EnergieCulteur. EnerCit’IF, première coopérative citoyenne de l’énergie à Paris, exploite 16 des centrales en toiture.

DISCOVER permet à l’Agence Parisienne du Climat de se mobiliser pleinement sur le parc résidentiel de la copropriété.

Le projet vise le déploiement de 4 communautés d’énergie générant 0,7 GWh/an d’ici 2026.

Mobiliser et guider les acteurs afin de favoriser l’émergence de communautés d’énergie

Pour le moment, c’est la phase de diagnostic et de mobilisation des acteurs :

La prochaine étape pour DISCOVER sera la rédaction d’un guide pratique, à même de faciliter le travail des acteurs clés auprès notamment des copropriétés. Il est prévu pour le printemps 2025.

Le travail de l’Agence Parisienne du Climat dans le cadre des projets européens GINNGER et DISCOVER s’inscrit dans une volonté de favoriser les approches collectives et citoyennes afin de faire avancer la transition écologique des quartiers.

Dans les deux cas, les citoyennes et citoyens sont directement impliqués dans la démarche de transformation de leur quartier afin de trouver les solutions les plus pertinentes en fonction du contexte local et de leurs attentes, et de garantir la pérennité des actions qui seront mises en place.